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Lidy Olsen
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Sam 20 Avr - 9:12

Le Parrain [1]


Le soleil offrait ses chaleureux rayons sur la peau d’albâtre de la jeune femme qui s’était installée sur une chaise à bascule sur sa terrasse en bois. Le mouvement de son fauteuil la berçait paisiblement tandis qu’elle tenait dans sa main l’un des derniers ouvrages de Margareth Lawless, une célèbre écrivaine qui s’était faite connaître pour Coup d’ennui, un ouvrage palpitant sur le handicap. La Olsen avait dévoré ses livres les uns après les autres, durant les derniers mois. Ils étaient son échappatoire, sa raison de se lever de son lit et d’aller profiter du temps clément sur la terrasse.

Quand elle eut atteint la fin de son chapitre, la jeune femme posa son livre à côté d’une clochette en bronze, sur la table qui se trouvait à côté d’elle. Elle se leva difficilement, tandis que son ventre rond l’empêchait de faire quelques mouvements brusques. Lentement, ses jambes reprirent leurs droits tandis que son dos souffrait légèrement. Son regard se posa devant elle, sur la vaste vallée d’herbe verte sur laquelle soufflait un vent agréable. Un sourire parut sur ses lèvres tandis qu’elle caressait doucement son ventre. Qui aurait cru qu’elle serait enceinte, elle ?

Depuis des mois, la question se posait de savoir si elle allait les garder ou non, de savoir si elle allait réussir à fuir de son frère. Les premiers essais avaient été houleux, mais son dernier semblait être couronné de succès. Finalement, Nicolas était un lointain fantôme qui ne viendrait plus l’embêter. Elle sourit à cette idée, mais ses mouvements étaient encore contraints, ainsi elle mit du temps avant de se rendre dans la maison. Au niveau de la table de cuisine en bois de hêtre, une femme à la peau plus blanche que celle de la maman en devenir semblait réfléchir sur leurs différentes options financières. Elle semblait inquiète, mais son visage se teinta de mécontentement quand elle aperçut la Olsen à l’intérieur.

- Tu as une cloche, c’est pour que je puisse t’aider, Lidy. Mais comment veux-tu…
- Je ne suis pas handicapée, laisse-moi faire,
rétorqua la bleutée en soupirant et en continuant à s’avancer.

La vampire se leva pour se diriger vers les placards de la cuisine. Elle en sortit quelques mets qui semblaient délicieux, au premier abord. Du pain, du fromage, un peu de viande sèche… Tout pour une collation un peu frugale : elle gardait malgré cela les légumes et les ingrédients plus élaborés pour le repas du soir même.

Lidy s’approcha et s’assit. Elle avait l’impression d’être coupée du monde. Coupée d’un monde trop difficile à gérer. Pour éviter d’être retrouvés, ils avaient employé un jeune pirate, Lorn, qui s’était occupé de la future maman pendant plusieurs semaines. Il s’était finalement volatilisé du jour au lendemain. Heureusement, les journées s’étaient succédé calmement depuis cet événement. Sirotant un peu d’eau aromatisée naturellement au citron, l’ancienne « Rêveuse » regarda la vampire aux yeux rouges.

- Tu penses à quelque chose ? Demanda la femme de la nuit en souriant
- Quelqu’un.


Elle pensait à « quelqu’un » et il n’y avait pas besoin d’en dire plus. Les sentiments de la Olsen n’avaient pas décrus, tandis qu’elle s’interrogeait sur l’ampleur des dégâts qu’elle avait causés chez son amant. Il s’était peut-être remis à vivre une vie tranquille rapidement, mais elle en doutait. A chaque fois qu’elle envisageait son état, c’était toute sa détresse qu’elle voyait, et elle ne pouvait s’empêcher de ressentir de la culpabilité à son égard. C’était sa faute à elle si les choses avaient tourné comme cela : elle n’aurait jamais dû se laisser piéger par son frère, rentrer plus vite encore que l’avance qu’elle avait déjà prise, ou lui demander de la rejoindre…

Se levant tranquillement, elle abandonna la fin de son verre, et dirigea son regard sur l’extérieur. Elle fronça les sourcils tandis que les rideaux bloquaient une partie de sa vue : d’un geste de la main, elle les dégagea simplement. Alors, la stupeur s’inscrivit sur ses traits tandis qu’une petite horde de pirates s’élançaient en direction de leur maisonnette. Son cœur se serra. Son souffle se coupa légèrement.

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Lidy Olsen
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Tadake Kyoshiro
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Le Parrain
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Revenons en arrière, pour cette histoire, à une époque où le jeune homme n'était connu de personne  à l'exception de ses parents et de son frère d'armes de toujours, Drake. Revenons à une époque teintée d'insouciante où un jeune homme, n'ayant pas encore pris conscience de sa propre malédiction, se contentait de voguer d'île en île à la recherche d'une bonne action à accomplir, à la recherche d'un édifice ayant désespérément besoin de la pierre qu'il pouvait y apporter. Si à l'époque le gardien qui logeait dans son crâne travailler activement à nettoyer sa mémoire de tous les souvenirs négatifs pouvant entâcher son expérience, le jeune homme avait suffisamment voyagé pour prendre conscience du fait que la vie n'était pas égale pour tous. Il y avaient des pauvres et des riches, des forts et des faibles, des couards et des courageux mais,malheureusement, ces différentes factions ne semblaient pas à même de coopérer pacifiquement ensemble. C'était là que les gens comme Kyoshiro intervenaient, se drapant de la cape de redresseur de torts afin d'apporter un peu d'équilibrer dans ce monde, à leur petit niveau, tout en gardant en tête la modestie de ne pas croire qu'ils pouvaient révolutionner le monde à eux-seuls. En ce temps-là le jeune samouraï était bien trop modeste et gentil pour prendre conscience de l'état global de ce monde dont il ne connaissait rien mais, d'une certaine façon, il avait déjà commencé à réaliser que plusieurs choses clochaient.
Après tout dans un monde parfait des gens comme lui ne seraient pas nécessaires, il n'y aurait pas besoin d'hommes en uniforme bleu et blanc, lui-même n'auraient pas besoin de ces deux lames pendant à sa ceinture. Alors pourquoi ? Parce que la perfection n'était pas de ce monde et, si parfois la nature humaine venait entacher le table, ce monde était suffisamment beau et merveilleux pour qu'on veuille se battre afin qu'il le reste. C'était cela la volonté du jeune homme : apporter la lumière là où elle était nécessaire et préserver la beauté de ce monde.

Ce jour-là il était arrivé sur une île dont il ne connaissait rien, comme d'habitude, dans sa très modeste barque au confort plus que sommaire, avec la même intention que d'habitude : arpenter la ville afin de trouver quelqu'un ayant besoin de lui. Qu'il s'agisse d'une mamie ayant besoin d'aide pour ses courses ou quelque chose de plus sérieux, cela importait peu pour le jeune homme  pour peu qu'il aide quelqu'un, qu'il se sente utile l'espace d'un instant. Cela lui suffisait et, pendant longtemps, ce serait la seule chose qui lui apporterait un semblant de satisfaction. Pour le moment il n'avait pas trouvé grand chose à faire, il s'était contenté de récupérer un chat coincé dans un arbre et n'avait donc pas l'impression d'avoir accompli grand chose mais il ne perdait pas espoir, la journée ne faisait que commencer et il avait encore largement le temps d'ajouter une bonne action à son actif.

Vêtu d'un simple pantalon gris et d'une chemise blanche aux manches retroussées, les mains réfugiées dans ses poches, le jeune homme laissa ses pieds le guider à travers les rues les plus éloignées de la ville, afin de profiter des quelques beautés qui pouvaient y être cachées. Il devait prendre son mal en patience, pour le moment il n'avait rien à faire mais cela pourrait peut-être changer d'ici quelques heures. Du moins c'était ce qu'il essayait de se convaincre. Au bout de quelques minutes ses oreilles captèrent quelques bruits étranges non loin de là et, laissant ses pas le guider jusqu'aux bruits en question, il posa ses yeux de braise sur une petite maisonnette charmante dans laquelle il faisait certaine bon vivre.
Du moins cela aurait été le cas sans la douzaine d'énergumènes  louches qui avançaient jusqu'à sa porte et, si le jeune samouraï ne put rater les pistolets et sabres que certains de ces individus portaient, il laissa sa curiosité prendre le pas sur son instinct de survie. S'avançant, les mains toujours dans les poches, il se râcla la gorge pour se présenter avant de lancer sur un ton simple et calme :



 « Excusez-moi, je peux vous aider ? »

Peut-être cherchaient-ils leur chemin ? Peut-être allaient-ils demander du sel à la voisine ? Non, c'était bien idiot comme idée mais c'était toujours préférable à la réalité. Si toutes les racailles se figèrent en un instant, le plus grand et plus massif d'entre eux, pourvu d'un sourire édenté et d'une barbe qui n'avait pas été entretenue depuis des lustres, cracha sèchement à l'intention de l'intrus.


 « Dégage, minus ! N'te mêle pas de ça ! »

Vraiment ? Pensaient-ils que quelques paroles acerbes étaient suffisantes pour éconduire le chevalier servant ? C'était bien mal le connaître et, guidé par son instinct que quelque chose de louche se tramait ici, le concerné se rapprocha de quelques pas de plus avant d'essayer de désamorcer la situation.


 « Eh bien...si, en fait. Je ne sais pas ce que vous voulez aux gens qui habitent ici, mais ce serait gentil que vous les laissiez tranquilles. Non ? Si vous étiez tranquillement chez vous, je doute que vous aimeriez qu'on vienne vous déranger. Surtout armés, comme vous êtes. »

Le supposé chef de groupe soupira lourdement avant de balayer l'air de son bras libre comme pour chasser un moucheron trop insistant.


 « Oh, génial. Un bon samaritain. C'est bien ma veine. Allez, va jouer ailleurs ou on t'amoche. »

Si l'homme édenté se tourna de nouveau vers le pas de la porte, il se s'attendit sans doute pas à une nouvelle réponse de l'épéiste. Et pourtant ce dernier, main autour du menton en une posture pensive, pesa le pour et le contre avant de formuler sa réponse qui était, pour lui, évidente.


 « Hum. Je prends le risque. »

Il n'aimait pas se battre, clairement pas, mais parfois un peu de bluff suffisait à avoir raison de la détermination de plus racailles. S'il espérait qu'il en soit ainsi aujourd'hui, qu'il n'ait pas à poser sa main sur ses sabres, il sut immédiatement que cela ne se passerait pas ainsi.


 « Mais quel...allez les gars, faites ça vite. »

Allons-bon, il n'avait pas prévu de se battre pour qui que ce soit aujourd'hui mais cela faisait partie des imprévus de la vie. Pour qui se battait-il d'ailleurs ? Ces hommes pourraient être là pour cambrioler une maison vide et il allait s'en mêler ? Oui, toujours car aussi candide qu'il soit il n'était pas du genre à détourner le regard. Bientôt, bien malgré lui, le samouraï observa calmement la dizaine de fauves courir dans sa direction et, alors qu'il posait la main sur le premier de ses deux sabres, Kyoshiro accueillit les deux premier d'un coup de pied fouetté – pour le premier – et d'un puissant coup de coude dans le plexus solaire pour le second. Qui avait dit que les samouraïs ne savaient que se battre avec leurs sabres ? Pas le candide en tout cas.
Étrangement, en cueillant ces deux hommes au vol, le bretteur ressentit ce qui s'approchait le plus de sa déception car, s'il était trop modeste pour se vanter de ses capacités, il venait de réaliser une choses : ces hommes-là étaient incroyablement lents. Faibles. Attrapant son arme par son fourreau et l'écartant de l'emprise de sa ceinture, le samouraï prit appui sur ses puissantes jambes avant de fondre dans la mêlée à une vitesse tout bonnement époustouflante pour un homme qu'on ne pouvait prendre au sérieux du premier regard. Puissant, agile et presque gracieux, il évolua entre les hommes avec des mouvements nés de l'expérience, fracassant son fourreau sur le visage du premier malheureux avant de cueillir le second d'un uppercut sous le menton. Rapide et direct, désireux d'en finir rapidement, l'homme usa de toute l'agilité dont il était pourvu et évolua dans la mêlée sans crainte, brisant la volonté et le corps de ces hommes les uns après les autres sans qu'aucun d'eux ne parvienne à le frôler et, finalement, le premier contact se fit face au dernier homme encore debout : l'édenté.
Si ce dernier écrasa son sabre courbé sur le fourreau du bretteur, forçant ce dernier à lever son arme au-dessus de sa tête pour éviter de perdre cette dernière, l'assaut fut terminé avant d'avoir réellement commencé. Kyoshiro pivota sur le côté, tourna son arme sur la gauche pour déporter l'attaque de son opposant et, pivotant comme une toupie, fracassa avec violence le fourreau sur la tempe gauche du pirate. Trop lent et trop stupide, l'homme fut projeté sur le côté et, lorsqu'il reprit conscience de la situation, il posa les yeux sur le candide juste au-dessus de qui, un pied fermement posé sur sa poitrine pour le maintenir au sol. Les yeux brillant d'un calme olympien malgré la situation, sentant l'adrénaline couler dans ses veines, le maudit posa la pointe de son fourreau juste devant le visage du chef de groupe avant de prendre le ton le plus froid possible compte tenu de son tempérament.


 « Cette maison est sous ma protection. Déguerpissez ou, la prochaine fois, ma lame ne restera pas dans son fourreau. »

Laissant aux hommes à peine conscients le temps d'écouter et de comprendre l'information, Kyoshiro enleva son pied du torse de l'individu avant de se rapprocher de la maison, se positionnant juste devant l'entrée de la terrasse, se drapant de cette cape de gardien qu'il avait décidé de prendre aujourd'hui. Fort heureusement les racailles semblèrent avoir découvert le bon sens avec cette trempe et, s'aidant les uns les autres pour se relever, tous prirent leurs jambes à leurs cous avec l'édenté en tête de file. Lorsque tous furent hors de portée, l'homme au sabre coinça de nouveau l'arme dans sa ceinture et s'autorisa un petit soupir avant de vocaliser à voix haute la première pensée qui lui vint en tête.


 « Quelle journée... »

Il aller rester là pendant quelques minutes, dos à l'entrée de cette maisonnette, observant les alentours au cas où ces hommes aient dans l'idée de revenir à la charge. Et ensuite ? Ensuite il repartirait d'où il venait, sans désirer déranger les potentiels résidents de l'habitation derrière lui.

Décidément...

   
   
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Lidy Olsen
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Le Parrain [2]


La porte claqua sèchement dans le dos du sauveur de la maisonnée, très excentrée du village, qui s’inscrivait dans un paysage très peu semblable aux lieux enneigés qu’on trouvait majoritairement sur North Blue. Les vallées étaient vertes, les arbres grandissants, et le climat relativement tempéré. Les hivers étaient cependant glacials, et la température dépassait rarement les vingt degrés. C’était un lieu froid, reculé et surtout un lieu où l’on ne pourrait trouver la Olsen qui ne partageait pas l’envie de son frère de porter atteinte à la vie de ses enfants. Pourtant, ce ne fut pas elle qui sortit mais Hypnos.

Elle avait un regard furieux, loin de ce qu’on pouvait attendre de la reconnaissance habituelle pour ce type d’acte. Ses pas étaient vifs, et on lui dessinait clairement des talents d’agilité remarquables. Son teint blafard et ses yeux rouges en faisaient quelqu’un d’incroyablement séduisante, et si ce n’était son sourire étrangement sec, on aurait pu lui donner le bon dieu sans confession. Sa main vola pour se poser sur l’épaule du sabreur : s’il tentait de la dégager, il sentirait une force divisée par le soleil, et qui ne lui opposerait pas grande résistance.

- Tu aurais dû les tuer. Ils reviendront, et… Ah, merde.

Son langage était à la limite de la vulgarité, si elle n’en avait pas franchi les lignes tout du moins. La présence de Lidy en arrière-plan ne l’aidait pas à se calmer, ni celle des enfants qu’elle considérait un peu comme les siens. Au moment où elle y pensa, elle se mordit les lèvres, et entendit le son de la porte qui s’ouvrait paisiblement sur la silhouette arrondie de la jeune femme aux cheveux bleus. Ses pas étaient lents, et elle marchait péniblement, mais elle descendit les quelques marches qui permettaient de monter sur la terrasse en bois de son logis.

- Calme-toi, je t’entends de l’intérieur… Et remercie plutôt ce jeune homme.

Elle s’approcha de lui avec un air apaisé. Sa présence les avait sûrement sauvées : sous le soleil, Hypnos n’était pas une excellente garde du corps. Elle excellait dans le combat, pourtant, mais à savoir si elle aurait été capable d’empêcher une dizaine d’ennemis d’arriver jusqu’à elle en même temps… C’était peu probable. La personne qui faisait face à Lidy était sûrement un épéiste assez confirmé. Il semblait inoffensif, et elle avait lu en lui une forme de pureté. Elle en savait suffisamment grâce à son pouvoir pour savoir que c’était quelqu’un de confiance. S’approchant un peu plus, elle lui tendit une main qu’elle espérait qu’il serrerait.

- Je suis Lidy, enchantée. Voici Hypnos. Ne fais pas attention, elle est un peu bougon parce qu’elle aurait aimé être mon chevalier en armure.

Elle laissa échapper un petit rire honnête tandis que la vampire ne put que sourire devant la moquerie de son amie, levant les yeux au ciel, détendue. C’était vrai qu’elle était prévisible, au moins pour celle qui possédait une incroyable capacité à deviner des choses : à croire qu’elle lisait dans les pensées. Si elle avait eu un doute sur cet homme, elle ne serait sûrement pas sortie. L’invitant tacitement à donner son prénom, la Olsen se tournerait finalement et commencerait à s’avancer vers la petite maison. A mi-chemin, jusqu’alors silencieuse, elle se retournerait.

- J’aimerais vous inviter à prendre une collation, pour vous remercier.

Ainsi, sans se poser de question, elle lui ferait un petit signe de venir dans cet endroit. Il lui faudrait sûrement une explication sur les raisons qui poussaient les brigands à attaquer ce baraquement en particulier. Elles étaient légion pourtant, sur cette île, les maisons moins excentrées à prendre d’assaut. Les habitants n’étaient pas particulièrement fendus au combat, et il y avait des gains plus intéressants. Somme toute, il pourrait observer un mobilier modeste à l’intérieur de cet endroit.

Sortant le thé et les gâteaux, elle proposerait plusieurs boissons à son invité si ce dernier s’était déplacé. Hypnos pourrait s’asseoir silencieusement à table tandis que l’homme n’aurait de sa part que des réponses monosyllabiques à toutes questions. Après quelques minutes à préparer la table, sans prendre réellement la parole que sur des remarques admirant quelques mouvements du sabreur qui avaient été réalisés durant son affrontement contre les bandits, elle prendrait place à table et dirait sur un ton serein :

-  Voyez-vous, certaines personnes en veulent à mes enfants. Ces pirates étaient peut-être là par hasard, mais peut-être en voulaient-ils à mes bébés.

Ses yeux seraient rivés dans ceux de l’épéiste, et une pensée chaleureuse pour Heziel viendrait alors traverser son esprit tandis qu'elle espérait intimement revoir son amant un jour. Elle finirait avec le sourire, un sourire apaisant, en disant :

- Je ne peux m’empêcher de vous demander ce service : serait-il possible que vous m’aidiez à protéger mes enfants ?

Hypnos haussa un sourcil : c’était sorti d'un coup. Peut-être que la Olsen avait vraiment lu dans ses pensées… Non, c’était stupide. Pour l’épéiste, ce serait sûrement aller un peu vite en besogne, et il refuserait cette première demande qui serait itérée dans les jours à venir. Ou alors était-il aussi crédule qu’elle était confiante.

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Le jeune homme avait grandi sur un îlot avec très peu de ressources, trop peu de ressources pour qu'une population puisse croître jusqu'à une population suffisante pour former une vraie ville à part entière et, très tôt, il avait appris à se serrer la ceinture par nécessité. Il avait appris à grandir dans un environnement au climat assez froid et, en ressentant la fraîcheur qui pouvait régner par endroits sur cette île, il ne fut pas plus déstabilisé que cela. Pourquoi ne serait-il ? Il était une vraie bouillotte en puissance et avait rapidement appris à se balader en t-shirt malgré le temps très frais, beaucoup trop frais pour un garçon de son âge. Ce n'était pas North Blue non pas, pas vraiment glacial, mais assez pour lui faire apprécier le temps qui régnait sur cette île dont il ne connaissait rien.
Bien malgré lui, comme à chaque fois, il s'était donc posé en chevalier servant face à une situation dont il ne comprenait pas tout mais qui, pourtant, lui semblait injuste. Il n'avait aucune idée sur cette maison était habitée ou non et, qu'elle le soit ou non, cela ne changeait strictement rien pour lui car il ne pouvait tolérer que quelqu'un saccage une maison et en dérobe le content. Être dans la misère la plus profonde pouvait être compréhensible, elle pouvait amener à faire des choses stupides, mais au vu de l'attirail que portaient ces quelques hommes ils ne semblaient pas être en manque de quoi que ce soit. Peut-être était-ce uniquement la cupidité qui les animait mais, une fois encore, ce n'était absolument pas une excuse. Il s'était donc présenté devant eux et, pour sa plus grande déception, avait été contraint de sortir les armes une fois encore.

Ne pouvaient-ils simplement pas baisser les armes et s'en aller ? Comprenaient-ils que cette situation les faisait souffrir tout autant que lui ? Apparemment non, ils ne pouvaient ou ne voulaient pas voir plus loin que leurs nez. Triste, vraiment triste.
Se positionnant devant la maison comme un gardien silencieux, le main sur le manche de son sabre toujours rangé, l'homme était prêt à atteindre ici une, deux ou bien dix heures que les propriétaires de cette maison reviennent mais il semblerait qu'ils soient déjà présent. En effet une personne s'extirpa de l'habitation et, posa sa main sur son épaule, lui fit par de son mécontentement face aux méthodes utilisées. Surpris ? Pas vraiment, on lui avait plusieurs fois répété qu'il était bien trop doux et gentil pour ce monde mais, malheureusement, quelle que puisse en être la raison, il n'était pas prêt à arracher une âme de ce monde. Il y avait toujours une solution, il devait y avoir une : il y croyait dur comme fer.
Se tournant vers la personne qui s'était approchée de lui, pas plus désireux que cela de repousser sa main, le jeune samouraï rendit à cette inconnue son regard de braise tout en l'accueillant d'un sourire discrt.


 « Je pense qu'ils ont compris la leçon. S'ils reviennent ils me trouveront ici, de toute façon. »

Il n'était pas homme à rester bras croisés face à une injustice, quelle qu'elle puisse être et, aujourd'hui, ce n'était pas simplement une maison vide qu'il défendait. Raison de plus pour rester en faction devant cette dernière, jusqu'à ce que le danger soit passé : il était un homme très patient ! L'homme tourna sa tête lorsqu'une seconde voix parvint à ses oreilles, posant ses yeux brillant d'une lueur chaleureuse sur ce petit bout de femme aux cheveux bleutés. Elle était d'une rare beauté, pas extravagante, pas à l’œil mais belle dans sa discrétion et la douceur qui transparaissait de ce visage : il ne pouvait le nier.

Le remercier ?  Lui ?  Pour quelle raison ? Après tout il n'avait rien de fait qu'un autre citoyen concerné n'aurait fait ou du moins était-ce ce dont il se persuadait. Il était homme à vouloir voler au secours des gens mais qui le faisait sans arrière pensée, sans un quelconque désir de reconnaissance ou de remerciement. Aussi, lorsque le remerciement du jour lui parvint, il se fendit d'un sourire plus gêné, hochant la tête de droite à gauche comme pour refuser poliment le geste.


 « Ce n'est vraiment pas nécessaire. »

Acceptant délicatement la poignée de la main de la demoiselle, le jeune homme tendit sa chaude et puissante main avant de répondre aux règles éléméntaires de politesse, à son tour.


 « Kyoshiro, enchanté également. Désolé pour le boucan, je ne voulais pas vous déranger. »

Il aurait pu être plus rapide et plus discret, il avait pleinement conscience de brider sa propre force pour ne pas faire couler le sang lorsque cela n'était pas nécessaire, mais il ne l'avait pas fait et avait sans doute rajouter un stress inutile à ce brin de femme qui attendait, de toute évidence, un heureux événement. Le futur père n'était-il pas là pour défendre sa dulcinée ? Cette question ne franchirait jamais les lèvres du jeune épéiste car cela relevait d'un domaine qui  ne le regardait absolument pas. Au lieu de cela, surpris par charmante attention de la dénommée Lidy, il hocha légèrement la tête en guise d'acceptation avant de suivre le duo à l'intérieur de la maison.


 « Je...bien sûr. Merci, c'est très gentil de votre part.  »

Après un coup d'oeil rapide à l'intérieur des locaux, le jeune homme demanda s'il était possible d'avoir un thé vert avant de s'asseoir discrètement là où il le pouvait. D'un geste, il extirpa ses sabres de l'emprise de sa ceinture et les posa vericalement contre la table, la garde des deux sabres servant à retenir les armes de glisser ou chuter. Un samouraï ne se séparait jamais de ses sabres comme il ne pourrait jamais se séparer de ses propres bras, un fait qu'il avait depuis longtemps accepté mais, pour aujourd'hui, il accepterait par politesse de les éloigner un peu. Porter un sabre à table faisait mauvais genre, non ?
Kyoshiro était beaucoup trop discret pour être doué dans l'art subtil de meubler une conversation, il n'avait pas assez de culture pour briller en société et ses connaissances expertes s'arrêtaient à la voie du bushido, aussi ne se sentit-il pas très à l'aise à l'idée de converser avec des gens dont...eh bien...il ne savait rien. Ils avaient sans doute des histoires très intéressantes à raconter, sans nul doute, mais par où commencer ? Commencer briser ce silence en évitant de rentrer les pies dans le plat ? Ce fut avec cette idée en tête que le jeune prit sa première gorgée de ce doux et chaud liquide, avant qu'une proposition ne lui coupe le souffle et ne le fasse avaler de travers.

Frappant sur son torse comme pour retrouver son souffle, l'homme partit dans une quinte de tous pendant quinze bonnes secondes avant de, finalement, retrouver un semblant de contrôle sur ses fonctions respiratoires. Que...avait-il bien entendu ? Défendre une maison était une chose, défendre une femme sanas défense était la raison pour laquelle il avait empoigné ses sabres la première fois mais...des nouveaux-nés ? Il...pendant une bonne minute il resta sans voie, ne parvenant à finalement trouver ses mots après une intense concentration.


 « Je...vous êtes sûre ? J'en serai honoré, bien sûr, mais vous me connaissez à peine. Vous voulez vraiment mettre l'avenir de vos enfants entre les mains d'un inconnu ? »

Certes il exagérait peut-être un peu en parlant d'avenir, mais ne s'agissait-il tout de même pas de la survie de ces bambins à naître ? Combien d'ailleurs ? Deux ? Trois ? Plus ? Question inutile, une fois encore.
N'y avait-il pas plus pur et innocent être qu'une nouvelle âme à peine arrivée dans ce monde ? Conscient de cette énorme responsabilité qui tombait silencieusement sur ses puissantes épaules, le jeune homme laissa quelques secondes de silence s'installer avant de laisser un morceau de sa curiosité filtrer à travers ses dents.


 « Si ce n'est pas indiscret, pour quand est prévu l'accouchement ?  »
   
   
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Mer 1 Mai - 17:31

Le Parrain [3]


Pendant que l’homme en face d’elle – Kyoshiro – parlait, elle massait légèrement son ventre arrondi et souriait avec un air intéressé. Il n’était pas factice : ce type de personnages la fascinait. Il n’y avait pas une once, ou du moins elle ne la voyait pas, de ténèbres. Il ne parlait que peu, il n’était pas versé dans l’art de meubler les conversations. Elle comprit à ses pensées qu’il était un fin observateur et une personne réservée, mais elle aurait pu le savoir sans. Ainsi, si elle continuait pour la sécurité de ses enfants à voir des choses qu’elle ne devait pas voir, elle s’abstint d’influencer son comportement avec cela. Il se mit à tousser lorsqu’il but une gorgée de thé, et cela laissa, une fois la quinte passée, un petit rire cristallin raisonner dans l’air. La demoiselle aux cheveux bleus s’était assise, mais elle attendit que l’homme lui réponde pour apprécier tout l’étendue de ses pensées.

Ainsi, le visage de la demoiselle ne se départit pas de ce fameux sourire mystérieux qui avait su briser les défenses du Coffe quelques mois plus tôt, mais qu’elle adaptait à la personne en face d’elle sans lui donner toute la sensualité qu’elle aurait pu avoir.

- J’ai un excellent instinct sur les personnes en qui je peux avoir confiance.

Hypnos opina simplement de là où elle se trouvait. Lidy avait toujours été capable de dire à qui il fallait faire confiance et qui était suspicieux. C’était un don du ciel qu’elle n’avait jamais mis en lumière : cette capacité relevait sûrement du Haki de l’Observation mais cela, elle n’en savait rien. Elle se contenta de continuer ses affaires tandis que la réponse simple laissa place à une autre question de l’épéiste. Ce dernier se demandait pour quand l’accouchement aurait lieu.

- D’ici un mois et demi environ, peut-être deux, fit Hypnos avec un air absent. Les médecins disent que ça peut prendre plus ou moins de temps.
- Et ils seraient trois, dit-elle avec un air absent, répondant comme une évidence à la question mentale de l’épéiste.

Elle n’épilogua pas dessus et une fois le thé et les gâteaux terminés, elle se leva en allant prendre un livre qu’elle avait déposé sur le meuble à droite de l’entrée. Ses mains parcoururent la couverture, et elle soupira avant de se retourner vers l’épéiste.

- Vous avez sûrement besoin de sommeil, Kyoshiro. Nous avons une chambre d’amis, elle est vôtre.

C’était un endroit paisible, meublé même s’il manquait d’un peu d’espace. Heureusement, le matelat était réellement douillet, pas comme les tapis de paille sur lesquels on pouvait avoir l’habitude de dormir en voyage. Ses pas lourds portèrent la jeune femme vers la chambre qu’elle ouvrit pour l’aérer un peu, tandis que l’odeur de renfermé lui soulevait un haut-le-cœur. Son masque de joie s’entachait parfois de pensées un peu sombres : « Cela devrait être Heziel. » mais elle repensait à cet homme et à la gentillesse des hommes de Notebouque. Il était impensable qu’elle les mêle à tout cela, et il fallait qu’elle évacue ses désirs les plus profonds pour affronter la réalité.

Pendant ce temps, Hypnos s’était levée pour aller regarder dans les réserves ce qu’il manquait pour préparer son ragoût. Elle n’y avait plus pensé avec l’arrivée de Kyoshiro : et c’était là une petite erreur, puisqu’il allait lui falloir tout l’après-midi pour faire mijoter la nourriture. Si elle ne commençait pas maintenant, les saveurs ne seraient pas assez décuplées. « Maudit ragoût. » se dit-elle en tentant de penser à une manière d’adapter sa recette avant d’abandonner.

- Maintenant que nous habitons ensemble, il me manque un ingrédient pour le ragoût, fit la vampire en se frottant la nuque. Pourriez-vous…
- Oh, je vais y aller aussi.
- C’est dangereux de sortir…
- Pas accompagnée,
lâcha Lidy en soupirant.

Elle était certes enceinte mais elle n’était pas handicapée, et en plus elle pouvait très bien… Ah, ces petits coups de pieds. Se frottant la tête, cette fois-ci Hypnos décida de céder : ce n’était pas une vie de rester enfermée à l’intérieur. D’un air paisible, elle alla chercher le fauteuil roulant qui se trouvait dans un coin de la baraque, qu’elle utilisait pour aller chez le médecin quand ils avaient besoin.

- Si cela ne vous dérange pas de l’aider, j’aurai juste besoin de cela.

Elle donna la liste, et laissa le jeune homme décider s’il acceptait la mission, ou s’il voulait y aller seul. Lidy avait l’espoir de sortir, et certes avec le fauteuil ça améliorait sa mobilité, mais quelques rues pavées seraient difficiles d’accès.

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Lidy Olsen
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Tadake Kyoshiro
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Mer 1 Mai - 22:18
Le Parrain
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Il était dans la nature du jeune homme de donner sa confiance à qui voulait bien comprendre, il était naïf et généreux à ce point mais il avait assez voyagé pour se savoir une exception dans ce monde, pour savoir que tout le monde ne partageait pas sa vision et, si cela l'avait attristé au départ, il en était venu à accepter ce constat tout comme sa propre différence. Il était ainsi et ne pourrait jamais être autrement mais aujourd'hui, face à une femme qui était prête à remettre le bien-être de ses progénitures entre ses mains, il ne put s'empêcher de poser la plus simple des questions : pourquoi ? Pourquoi lui, d'ailleurs ? Les mercenaires et gardes du corps n'étaient pas rares dans ce monde et, si peut-être que ces hommes d'armes avaient déserté l'île, était-ce parce qu'il était le dernier choix que l'homme avait reçu cette proposition ? Il l'avait pensé au départ, peut-être même espéré à demi-mot mais la réponse qu'il reçut, aussi simple fut-elle, ne manqua pas de le laisser sans voix. Comment pouvait-elle dire qu'elle pouvait lui faire confiance alors que tout ce qu'elle avait de lui était un nom et une maîtrise des sabres à sa ceinture ? Possédait-elle la même naïveté que lui ? Non, elle ne pouvait pas se permettre de l'être alors qu'il y avait tellement de choses en jeu aujourd'hui.

Il ne trouverait pas de réponse et devrait simplement accepter celle qui lui avait été donnée, telle fut la réponse qui raisonna dans sa tête alors qu'il venir s'enquérir de la date butoir. Kyoshiro n'y connaissait pas grand chose à l'anatomie féminine, n'ayant à l'époque pas encore goûté à l'acte par lequel un enfant voyait le jour, aussi écouta t-il silencieusement la réponse qui lui fut donnée. Un mois et demi ou deux mois. D'ordinaire il ne restait pas plus de quelques jours sur une île, assez pour se familiariser avec les lieux mais pas assez pour s'installer et, en écoutant la date, il réalisa qu'il allait devoir bouleverser ses habitudes. Inquiet ? Pas plus que cela car un peu de changement n'était jamais une mauvaise chose, surtout quand cela valait la peine comme c'était le cas ici. Discrètement, posément, il hocha la tête avant de donner sa réponse.


 « Je vois. Toutes mes félicitations, en tout cas, pour cet heureux événement. »

Le père ? S'il n'était pas mentionné alors il ne devait pas être là, triste constat qui n'allait pas perturber le samouraï plus que cela. L'attrister, oui, mais pas l'empêcher de faire son travail. Mais...ce petit bout de femme allait mettre au monde trois bébés ? Une femme si frêle ? Il ne pouvait qu'avoir du respect pour elle en apprenant la nouvelle, la difficulté de la tâche à venir renforçant encore davantage sa détermination. Il fut ensuite mené jusqu'à la chambre d'ami et, s'il se fit discret, il eut du mal à croire qu'une inconnue pourrait le laisser dormir dans ce genre de chambre. Depuis son plus jeune âge il avait été habitué à dormir avec un confort plus que spartiate, dormant à même le sol à longueur d'année et, clairement, cette chambre lui donnait un tout nouveau sens au mot confort. Il savait qu'il n'avait pas besoin de beaucoup de sommeil, conscient qu'il passerait ses nuits sur la terrasse à faire office de gardien jusqu'à ce que la dénommée Hypnos prenne le relais pendant quelques heures mais, pour l'heure, il décida de ne pas le mentionner. Au lieu de cela il sourit tout en restant aussi poli qu'à son habitude.


 « J'apprécie votre hospitalité, vraiment. Je ferai de mon mieux pour ne pas vous déranger.  »

Première étape de la journée et première étape pour Kyoshiro : faire les courses. Tâche simple en soi s'il n'était pas mis face à un choix, y aller seul ou permettre à la future heureuse maman de prendre un peu l'air. En d'autres circonstances il aurait fait le choix de la sécurité mais, de ce qu'il en voyait, la belle devait en avoir marre de rester enfermée entre quatre murs. Le bretteur attrapa donc la liste d'ingrédients avant de se diriger vers le fauteuil roulant.


 « Bien sûr, je m'en occupe. »

Amenant l'appareil jusqu'à Lidy pour l'aider à s'y installer, le candide ouvrit la porte de la maison et, l'instant d'après, la fraîche briser et les rayons du soleil purent caresser le virage radieux de la future maman. Lentement, délicatement, le chauffeur dirigea le fauteuil en direction du cœur de la ville avant de briser le silence comme il le pouvait.


 « Vous ne devez pas sortir beaucoup, j'imagine ? J'espère que cette petite ballade vous plaira en tout cas. »

Il n'était pas doué pour la conversation ou peut-être n'avait-il jamais pris le temps de l'être mais, quoi qu'il puisse en être, puisqu’il était amené à rester ici un bon moment , autant commencer par se faire apprécier de ses hôtes. Il avait un bon fond, un trop bon fond pour un monde qui ne méritait pas toujours sa gentillesse mais si ici il y avait bien quelqu'un qui méritait son soutien c'était bien elle. Elle plus qu'aucune autre.

Homme de parole, homme d'honneur, il ne briserait pas sa promesse.
   
   
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Ven 3 Mai - 23:14

Le Parrain [4]


L’homme était d’une simplicité déconcertante pour la vampire qui n’avait pas l’habitude de faire face à des personnes de cet acabit. Laissant donc simplement les choses se faire, elle observa ses deux colocataires partir. Il fallait de toutes les manières qu’elle se concentre sur son ragoût, sans quoi elle louperait des étapes importantes. Autant faire les choses biens.

La Olsen, de son côté, sentit son corps lourd se faire transporter comme si c’était la plus simple des tâches au monde. Elle était reconnaissante, même si les traits sur son visage semblaient juste fatigués. D’ici quelques semaines, elle ne pouvait que rester alitée. Là, elle avait encore une légère marge pour se déplacer mais c’était clairement la fin : avoir autant de bébés dans le ventre, ça empêchait de bien se déplacer. Son rire était de temps à autre là pour indiquer qu’elle venait de voir deux animaux qui jouaient ensemble, ou qu’elle observait un vieillard qui embêtait sa vieille femme, lui rappelant tristement qu’elle n’aurait sûrement jamais l’occasion de faire cela.

Quand l’épéiste brisa le silence, elle ne tourna pas la tête pour lire dans ses pensées contrairement à ce qu’elle aurait pu faire d’habitude. Ses doutes n’existaient pas quant à l’honnêteté de cette personne, et elle n’avait pas besoin de les vérifier à tout instant. Ainsi, elle se contenta de répondre avec simplicité tandis que les pavés devenaient embêtants à traverser et qu’elle intima d’un geste un détour qui lui semblait – et qu’elle savait – plus empruntable.

- Je vous remercie, Kyoshiro. J’ai peu d’occasions de sortir depuis déjà un mois, Hypnos est protectrice et méfiante, elle craint le pire.

Elle aussi pouvait voir le pire, mais elle ne pouvait pas s’arrêter de vivre. Ses enfants passaient en premier, mais c’était pour cela que l’homme qui l’accompagnait était là. Ses yeux se fermèrent tandis qu’elle inspira un coup : un petit coup de pied venait de lui toucher l’intérieur de la poche où les bébés étaient encore en train de grandir. Selon ce qu’elle savait, à ce moment-là ils étaient en âge de naître, ayant fini leur développement, mais ils restaient encore jusqu’au terme pour être sûrs de survivre au dur monde extérieur. Cela valait mieux comme cela… Si Nicolas venait à découvrir leur présence sur cette île, elle ne savait pas comment elle ferait pour s’échapper.

Alors qu’elle observait les étals de loin, une femme interrompit la course des deux jeunes gens. Elle tenait dans sa main un bouquet de fleur, et avant même qu’elle n’ait pu dire quoique ce soit, la Olsen modifia ses traits, émue par l’intention qui était celle de cette habitante de l’île. Sur Notebouque, elle imaginait que les habitants auraient eu le même type d’attentions.

- Oh, vous êtes une bien jolie maman, et c’est…
- Un ami. Le papa n’est pas là,
ferait-elle en souriant tristement.
- Je suis désolée, si je peux être indiscrète, que lui est-il arrivé ?

Ah, elle l’avait mal joué. Elle n’aurait pas dû évoquer Heziel à mi-mots. Il fallait qu’elle trouve une échappatoire rapide. Inspirant, elle sentirait l’odeur des fleurs la détendre. C’était vraiment agréable, et ses lèvres s’étireraient comme pour donner confiance à la fleuriste.

- Il n’est plus parmi nous.

Et elle s’arrêterait là. Cet éhonté mensonge. Quel malheur avait-elle eu de dire cela ? Cette idée même la faisait souffrir. Si Kyoshiro ne voyait pas son malaise, elle aurait toute la latitude pour continuer à poser des questions un peu indiscrètes, sinon elle se contenterait d’offrir les fleurs et de s’excuser avec un sourire commerçant. Le binôme en pleine courses pourrait retourner à ses occupations et continuer ce petit voyage jusqu’à tomber jusqu’à l’étal où il faudrait que Kyoshiro fasse face à une horde de femmes au physique imposant qui tenteraient d’obtenir les meilleurs prix avec des attitudes d’expertes en négociation.

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Sam 4 Mai - 17:49
Le Parrain
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Naïf, trop candide pour ce monde, le jeune homme avait déjà entendu ces mots d'innombrables fois mais n'avait jamais souhaité changer son fusil d'épaule pour autant car, au fond de lui, il savait que le monde avait besoin de personnes bonnes et généreuses comme lui l'avait toujours été. Ce n'était pas de l'arrogance que de savoir généré et teinté d'abnégation, pas quand les faits révélaient ce constat à la face du monde et aujourd'hui, alors qu'une nouvelle responsabilité lui incombait, il savait que c'était cette générosité qui avait incité la belle à lui tendre la main. Aurait-il été aussi avenant s'il avait été différent ? S'il avait arboré le même visage froid et dur que bon nombre de ses camarades épéistes ? Bien sûr que non, évidemment que non.
Conscient de la charge qui pesait désormais sur ses épaules, le bretteur mena la belle à travers des rues dont il ne connaissait rien jusqu'à ce qu'il décide de briser le silence, de tendre la main, d'ouvrir la conversation du mieux qu'il le pouvait. Il n'avait jamais été doué pour meubler les silences, tout discret qu'il était et cela pouvait s'entendre dans le ton de sa voix, mais la future maman décida tout de même de lui répondre en pointant du doigt le caractère protecteur de son aie rencontrée un peu plus tôt. Que pouvait-il dire pour la rassurer, sans que ses mots ne sonnent creux au vu de la situation ? Il était persuadé que tout allait bien se passer et pourtant la belle avait besoin de l'entendre, de se rappeler qu'elle ne serait pas seule à traverser cette épreuve.


 « C'est bien normal. Mais il ne vous arrivera rien, je m'en assurerai. »

Oui, ces mots chargés de confiance pouvaient paraître étranges dans la bouche du jeune homme, lui qui avait bien plus confiance en ce monde qu'en lui-même et pourtant ils étaient teintés d'une évidente sincérité. Il s'était engagé à protéger la belle jusqu'au bout et, tout samouraï qu'il était, sa parole était la plus évidente manifestation de son honneur. De sa droiture. C'était le genre d'homme qu'était Kyoshiro. Ce dernier poursuivit son chemin jusqu'au faire une bien douce rencontre, il immobilisa le fauteuil et ce qu'il entendit perça un trou dans son cœur. Le père était-il mort ? Aucune femme au monde ne devrait avoir à traverser cela et, si ses yeux de braise se teintèrent d'une tristesse incommensurable, il les ferma aussitôt et prit une respiration, prit son temps pour calmer son esprit. La belle avait besoin de soutien, de quelqu'un sur lequel se reposer le le bretteur serait ce quelqu'un : il s'en assurerai.
Il poursuivit donc sa route et, en chemin, tendit la main vers la belle. Il hésita un instant, elle ne le connaissait ni d'Eve  ni d'Adam et pourtant, lentement, délicatement, il posa une chaude et puissante main sur son épaule avant de lui murmurer :


 « Ça va aller. »

Peut-être n'y croyait-elle pas elle-même mais, alors, Kyoshiro continuerait de croire  pour deux...ou six, dans le cas présent. Croire, espérer, telle était la base de son credo car s'il se laissait allait au désespoir alors il ne lui resterait plus rien. Plus rien du tout.
Au bout de quelques instants ses pas le menèrent jusqu'à la destination tant attendue mais celle-ci était bondée de monde, de clientes à la recherche de l'objet de leur désir, à la recherche d'une bonne affaire et elles ne semblaient pas décidées à bouger de si tôt.  Oh oui il aurait pu jouer des coudes pour se créer un chemin à travers la foule,  mais laisser Lidy toute seule ? Tout simplement hors de question, il n'avait pas donné sa parole pour ensuite baisser sa garde au premier obstacle venu.

 « Excusez-moi ?  »

Sa voix était discrète, incertaine mais il réalisa bien vite que les femmes l'ignoraient totalement. Comment pourrait-il en être autrement ? Il n'avait pas encore la confiance et le charisme qu'il aurait plus tard mais pourtant, pour peu qu'il s'en donne les moyens, il pouvait avoir une voix qui portait. Une voix que toutes ici entendraient. Posant une main sur l'épaule de la belle pour l'inviter à se préparer, le jeune bretteur prit une profonde inspiration, gonflant sa poitrine avant de s'annoncer d'une voix puissante et sèche.


 « Pardon !! Faites place !! »

Sa voix résonnerait dans toute la rue et ces cousines adjacentes mais serait-ce suffisant ? Ces femmes l'écouteraient-elles seulement ? Oh oui, oh que oui elles allaient écouter, oh que oui elles allaient s'écarter.

Il le fallait.

   
   
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Lidy Olsen
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Mer 8 Mai - 16:11

Le Parrain [5]


Malgré ses gentilles attentions, les paroles de Kyoshiro étaient vaines. Les femmes piaillaient comme de vieilles grues au bord d’un ruisseau. Elles attendaient avec entrain les différentes denrées qu’on aurait pu leur servir, et s’imaginaient certainement que cet endroit était le lieu de toutes les retrouvailles. La main chaude qu’il avait posée sur l’épaule de Lidy avait eu l’effet de rassurer la mère, dont les contractions subites s’étaient calmées, comme si les bébés sentaient eux aussi cette présence bienveillante. Elle en eut presque la larme à l’œil, tandis que son souffle était court d’efforts. Alors qu’il lançait un second appel, une voix plus rude sortit cette fois-ci du gosier d’une personne qui attira les regards déjà embêtés des dames sur elle.

- BOUGEZ-VOUS DE LA, BANDE DE TRUIES !

La femme qui arrivait avait de jolis cheveux châtains et des lunettes sur le nez. Ses yeux étaient marrons, et apportaient une pointe de malice tandis qu’elle arborait un air des plus ténébreux. Sa colère était aussi réelle que son ton l’indiquait : et quand elle aurait toute la latitude pour s’exprimer, il n’y avait aucun doute sur le langage châtié qu’elle risquait d’utiliser. Et apparemment, les femmes du marché furent suffisamment intelligentes pour s’écarter et laisser la place suite à cette dernière remarque, compilée avec celle de Kyoshiro qui avait, malgré tout, attiré leur attention.

Le jeune homme pourrait observer mieux que Lidy la paire de lunette de soleil qui traînait au-dessus de la tête de l’intervenante. Celle-ci semblait avoir un usage modérément inutile, étant donné l’autre paire qui se trouvait sur son nez, mais on pouvait comprendre à la longueur des branchages qu’elle les utilisait simultanément, sans doute pour protéger du soleil tantôt chaud, tantôt froid de cette île. Et c’était une bien bonne idée : le havre de paix que Hypnos et Lidy avaient choisi se nommait Forgevent. Il était situé non loin de Dwarf Town, une île minière en plein essor, qui promettait un avenir radieux à ses dirigeants.

Le relief de l’île était assez plat, en dehors de la chaîne de montagne qui séparait la partie habitée de la partie sauvage, dans laquelle les chasseurs avaient creusés une centaine d’année auparavant un tunnel. Ils avaient ainsi un terrain de chasse dans lequel ne vivait qu’une femme aigrie par la vie, censée être une légende urbaine. Le côté habitable était quant à lui rempli de champs construits au fur et à mesure des années, remplaçant parfois des forêts, et de maisons dans des matériaux divers, sans aucune homogénéité.

Les lieux pouvaient connaître de grands cataclysmes et toujours se relever : dix ans auparavant, une salve de météorites était tombée sur l’île et avait tué un quart des habitants, mais ils avaient fini par se relever. On pouvait trouver des personnes d’une infinie gentillesse, et ce n’était pas le groupe de vieilles pies qui viendrait gâcher le voyage entier d’une personne ici. Les gens étaient accueillants et bienveillants, tant et si bien que l’idée même qu’on puisse faire du mal en ces lieux était abhérante et relevait du fantasme. Les rues avaient été pavées pour permettre le passage de quelques marchandises, mais elles n’étaient pas entretenues par le maire actuel et quelques-uns de ses prédécesseurs.


En relevant la tête, la Olsen pourrait apercevoir le regard de cette femme, et lirait en elle des pensées à la fois enchantées et amusées de ce périple. Elle n’avait pas accès aux pensées les plus profondes, parfois, surtout depuis qu’elle était tombée enceinte, mais il était clair même sans pouvoir que l’inconnue prenait son pied. Ainsi, quand elle se tourna à nouveau en direction du duo, ce fut pour se présenter.

- Margareth Lawless, pour vous servir. Je suis ici pour une série de dédicaces et de lectures, le libraire est un ami alors… Oh, je vous en prie, ne faîtes pas attention à moi, la voie est libre.
- Madame Lawless…


Lidy ne pouvait contenir sa joie ou son engouement. La femme en face d’elle était un peu son idole du moment, et si elle l’imaginait plus douce à cause de sa plume, il n’y avait aucun doute qu’elle était bien qui elle disait être. Son sourire mystérieux et même ses manies semblaient indiquer qu’elle allait rapidement pouvoir donner des détails si on lui demandait des informations.

- Vous… Je vous admire, et vos livres… Ils m’ont beaucoup aidé.

Elle n’avait jamais autant de mal à parler. Pourtant, en cet instant, son esprit détournait tout ce qu’elle connaissait pour accéder à une seule et unique chose : le Graal de partager quelques instants avec cette écrivaine.

- Je vous remercie, ça me touche beaucoup…
- Lidy… Lidy Olsen. Et voici Kyoshiro.
- Je dois aller voir une amie, mais j’espère que nous nous recroiserons, Lidy et Kyoshiro,
dit-elle en se tournant.

Alors, pendant leur remontée, la Olsen se montrerait beaucoup plus bavarde : elle ferait le catalogue des livres et des meilleurs passages des livres de cette autrice qu’elle admirait tant, si bien que Kyoshiro pourrait se demander dans quel pétrin il s’était fourré.

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Lidy Olsen
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Mer 8 Mai - 18:40
Le Parrain
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Malgré le temps passé et les expériences acquises le jeune homme continuait d'être assailli par des doutes et des questions qui ne devraient plus avoir sa place ici, pas après tout ce qu'il avait vu et vécu, mis pourtant il était constamment tiraillé par l'impression d'être de trop. De gêner par ses gestes, ses paroles ou sa simple présence. S'il était d'un naturel jovial et poli, réservé, il avait rapidement appris à prendre des pincettes avec chacun de ses interlocuteurs dans le but d'éviter de les vexer ou de les gêner par un mot ou un acte mal placé. Certains personnes trouvaient cela bien poli et prévenant de sa part, une qualité trop rare de nos jours mais Kyoshiro avait aussi rencontré bon nombre de personnes qui voyaient en cela le symbole du balais logé  trop profondément dans ses fondements. À quand remontait la dernière fois où il s'était autorisé à se détendre, à passer un moment pour lui et juste pour lui sans s'intéresser au reste ? Trop longtemps, plusieurs années en arrière mais il savait aussi que cela n'arriverait pas sur cette île. Trop de choses à faire, une trop lourde responsabilité entre ses mains pour se permettre de baisser la garde ne serait-ce d'un instant. Il ne s'agissait désormais plus de lui, l'avenir d'une mère et de ses enfants était un jeu : s'il y avait bien un moment pour jouer les chevaliers servants c'était bien celui-ci.

Kyoshiro avait donc essayé de se faire entendre en haussant un peu le ton, afin de se frayer un chemin dans la foule, mais tout ce qu'il put récupérer fut une série de regards intrigués à son encontre. Mieuxc que rien, certes, mais maintenant ? Devait-il jouer des coudes ? Il n'eut pas le temps de se poser la question car déjà une femme forte et mystérieuse faisait son entrée, choquant la foule avec son langage qui, bien que châtié, lui permit de se créer une voie. Lorsqu'elle s'approcha du duo pour se présenter, Kyoshiro pencha sa tête en avant en signe de respect avant de remercier l'inconnue pour son intervention inespérée.


 « Je vous en remercie, c'est très aimable de votre part.»

Trop formel ? Peut-être bien mais c'était ainsi qu'il était lorsqu'il ne connaissait pas la personne en face, préférant prendre des pincettes par crainte de se sentir une nouvelle fois de trop. Qui était-elle ? Une personne que Lidy connaissait ou du moins admirait et cette heureuse rencontre décrocha un sourire au jeune homme, au moins la future maman pourrait chasser ses idées sombres un instant et retrouver ce radieux sourire qui lui allait si bien au teint. Puis vint le moment de la séparation et, jetant un regard à la voie qui menait aux étales ardemment recherchées, l'homme laissa une idée s'insinuer dans son esprit. S'accroupissant sur le flanc droit du fauteuil de la belle, il leva les yeux vers elle et la darda de son chaud regard rougeoyant avant de lui faire part de son idée.


 « Vous voulez qu'on fasse un crochet par sa séance de dédicaces ?  Nous avons le temps. »

Il n'avait pas eu besoin de beaucoup de mots pour comprendre l'importance de ces ouvrages pour Lidy et, si une dédicace ou une rencontre avec l'auteur pouvait maintenir ce sourire sur ce doux visage, alors le jeune épéiste saurait arranger cette rencontre. D'une matière ou d'une autre.
Attrapant le fauteuil, il se dirigea donc vers les étales afin de finaliser ses courses tout en pensant à ces livres. Il...il n'avait jamais vraiment pris le temps de lire autre chose que des ouvrages sur l'art de la guerre et autres œuvres en rapport avec la voie du bushido, rien de bien utile pour faire travailler son imagination. Se rendait-il compte qu'il ne connaissait pratiquement rien du monde dans lequel il vivait ? Plutôt, oui, et en s'approchant de l'un des vendeurs il fit part à la demoiselle d'une idée qui lui trottait en tête.


 « D'ailleurs, est-ce que vous avez quelques uns de ses ouvrages à me conseiller ? Pour être franc je manque cruellement de culture littéraire et ne demande qu'à changer cela. D'habitude je n'ai pas le temps mais ici...je pense que cela pourrait être différent. »

Ce n'était pas son genre de dévoiler ses faiblesses mais, s'il devait mériter et maintenir la confiance de la future maman envers lui, alors s'ouvrir un peu était un bien mince prix à payer. Jusqu'à présent il n'était resté sur ces îles que quelques jours, pas assez pour prendre le temps de se poser, pour prendre du temps pour lui mais en aurait-il l'occasion ici ? En un mois et demi il aurait sans doute l'occasion de feuilleter quelques pages, de découvrir un aspect plus lyrique et introspectif de la lecture.

Peut-être était-ce l'occasion de changer le cours de sa vie. Sauver quatre vies tout en se penchant sur la sienne.

Peut-être bien, oui.
   
   
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Mar 14 Mai - 20:41

Le Parrain [6]


Lidy fonctionnait de deux manières différentes : elle pouvait s’abandonner totalement à une situation présente, et y découvrir un plaisir incroyable. Sur Notebouque, elle avait compris longtemps auparavant que les choses y étaient faciles à vivre. Ainsi, auprès de Heziel elle s’était totalement abandonnée à ce manque de préparations, d’anticipation sur les événements qui lui parvenaient au jour le jour, et c’était là qu’elle avait vraiment appris à vivre. Savoir qu’elle était enceinte n’avait rien changé sur ce point-là, et elle dévorait encore la vie à pleine dent durant les premières semaines de sa grossesse… Mais quand Nicolas était apparu, ça avait disparu. Elle ne ressentait qu’un pincement certain, la connaissance ultime que les choses ne pourraient jamais être simples.

Ainsi, elle faisait toujours fonctionner aujourd’hui son deuxième mode de fonctionnement. La tâche complexe que son cerveau accomplissait était une marque non pas d’intelligence mais de préservation : elle avait ses pensées conscientes, et la tâche de fond qui tournait en boucle. Il arrivait que ses émotions coupent cette tâche de fond, c’était cependant assez rare et réservé aux plus lourds de ses sentiments. Elle pouvait être très prise par ces derniers quand tout lui rappelait Heziel, et tandis que Kyoshiro évoquait la littérature, elle fut prise d’un soudain blues. Elle repensa à cette librairie où elle aurait pu passer ses journées à conseiller des clients, vivre tranquillement, élever ses enfants en toute quiétude…

- J’ai quelques ouvrages, dit-elle d’une voix moins enjouée.

Ses yeux étaient aux bords des larmes, mais elle ne les montrait pas à Kyoshiro. Cependant, les épaules basses et le changement de ton ne montraient pas de doutes quant à son état d’esprit. Elle aurait aimé donner des titres, enjouée, et accepter de traîner à cette dédicace. Elle avait encore quelques jours pour cela, et rien ne pressait. Finalement, ce fut sa paume de main qui vint retirer les petites larmes qui auraient pu s’écouler avant qu’elles ne quittent les paupières. Quand elle inspira l’air frais de la ville, ce ne fut que pour évoquer à son nouveau garde du corps un simple constat :

- Je crois que nous avons terminé les courses, nous devrions rentrer.

Elle observerait le village sans regret, et tandis qu’ils pourraient rentrer si Kyoshiro ne lui forçait pas la main, elle se contenterait de rester silencieuse une nouvelle partie du trajet. C’était peut-être gênant, mais elle devait se calmer, et se ressourcer correctement pour pouvoir à nouveau agir normalement face à la vampire qui n’aurait de cesse de la harceler sur son état d’esprit. Elle s’inquiétait autant pour elle que pour les enfants à naître : ce n’était selon une rumeur pas bon de sortir de l’utérus d’une mère en dépression. Cela pouvait provoquer des tocs, enfin à ce que l’on disait : rien n’avait été prouvé.

Quand elle reprendrait finalement la parole, au bout de quelques minutes, sa voix serait magistralement douce et encline aux souvenirs les plus censés qu’elle avait sur le sujet précédemment évoqué :

- J’ai plusieurs œuvres à te proposer. Il y a Les Miséreux d’Ugo Victoire. C’est l’histoire d’une famille tarée qui vit ses aventures dans la grande ville, au milieu de nobles et d’enfants pauvres : c’est un livre interdit qui critique le Gouvernement Mondial, mais… il est intéressant. J’en cache un exemplaire.

Elle s’amusa à donner cette information sans réellement faire attention aux oreilles indiscrètes. Personne ne sembla cependant réagir car personne n’avait suivi l’intégralité de la phrase, et tandis qu’elle reprenait son souffle, ce ne serait que pour présenter d’autres ouvrages : elle parlait de Nuits dansantes, l’histoire d’un samouraï qui retrouvait sa bien-aimée au clair de lune avant de s’élancer dans une folle quête de liberté, pris entre son devoir et son amour, et de L’Apparition, un livre écrit à part de la disparition de la lettre « e » qui reprenait progressivement sa place dans l’ouvrage.

Finalement, s’ils arrivaient au niveau de la maisonnée, Kyoshiro pourrait l’aider à monter les maigres escaliers et elle pourrait lui présenter un nombre d’ouvrages impressionnant, tandis que la vampire finirait le souper. Elle avouerait alors vouloir aller le lendemain à la dédicace de Margareth Lawless dont elle sortirait un panacée d’ouvrages qui traitaient tous d’une particularité de la société, engagés et féministes.

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Mar 14 Mai - 22:46
Le Parrain
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Le jeune homme n'était pas le plus fin des psychologues mais il était assez observateur pour constater que sa protéger était en train de traverser une période difficile, elle aurait voulu avoir le soutien de son mari aimé pendant cette épreuve mais la vie en avait décidé autrement. Au lieu de cela elle se trouvait confiée aux soins d'une femme sur-protectrice et d'un samouraï dont elle ne connaissait absolument rien : pas de quoi la mettre en confiance, en somme. Il avait beau essayer de lui remonter le parole avec des paroles douces et réconfortantes, en gardant son calme et sa sérénité qui étaient sa marque de fabrique, Kyoshiro avait simplement l'impression que pour une fois dans sa vie ses mots ne faisaient que se heurter à un mur. Il aurait pu abandonner, lâcher l'affaire et laisser la belle se débrouiller tout seul mais cette idée était tout simplement hors de question. Pourquoi ? Parce qu'il s'était engagé, parce qu'il avait fait une promesse et surtout parce qu'il savait que la survie de cette mère et ses enfants ne dépendait pas uniquement de sa condition physique. Comme toutes les batailles, le mental avait une grande part à jouer dans cette lutte et si la demoiselle n'était pas capable de retrouver une certaine stabilité toute seule alors c'était le rôle de ses proches que de l'y aider. Le samouraï ne se considérait pas comme l'un de ses proches mais, puisqu'il avait promis de la protéger, cette protection s'étendait aussi à son équilibre mental car ces enfants allaient avoir besoin d'une mère rayonnante et sûre d'elle. Dans la mesure du possible, en tout cas.

Le jeune homme observa les épaules de la demoiselle s'affaisser mais cette fois-ci il se retint d'un quelconque contact physique, utilisant quelques mantras de conditionnement mental pour regagner son calme et son maintien habituel afin de poursuivre son rôle. Après tout il venait juste de rencontrer cette femme, il n'espérait pas gagner sa confiance et sa confidence en un seul jour...en supposant que cela puisse venir, un jour ou l'autre. Après tout il n'était pour elle qu'un mercenaire, un protecteur de passage, un homme qui disparaîtrait de sa vie et de sa mémoire quand elle aurait ses enfants pour occuper tout son esprit : de cela, au moins, il en était à peu près et tristement sûr.
Fort heureusement le sujet se tourna vers un domaine un peu plus joyeux, un domaine qui savait délier la langue de la belle : la lecture. Mais par où commencer ? Le jeune samouraï ne connaissait rien à ce monde et serait tenté de commencer par des traités sur l'histoire, la géopolitique et autres sujets ennuyeux pour comprendre le monde avant de s'y aventurer, mais au-delà elle lui proposa des romans, des fictions, des histoires. Pourquoi pas, après tout ? Il ne s'y était jamais attardé jusqu'à présent et, à bien y  réfléchir, commencer avec un sujet qui avait attrait au cœur plutôt qu'à la réflexion pure était peut-être la meilleure solution pour lui faire aimer ce domaine dont il ne connaissait rien.


 « Je suis curieux de voir ce que peut donner Nuits dansantes, si je peux trouver un exemplaire ici. Si j'ai le temps, ce qui est très probable, je t...vous emprunterai bien Les Miséreux. » »

Il allait dire tu, tout comme elle, mais se retint par politesse autant que par déférence. Elle ne le connaissait pas, une telle familiarité de sa part pourrait être mal perçue. Au lieu de cela il se contenta de mener la belle jusqu'à la maison et, après avoir feuilleté quelques livres présents dans cette bibliothèque, rejoint ses hôtes pour un dîner plutôt frugal compte tenu de son propre hygiène de vie. Il avait l'habitude de manger le strict minimum et ne s'arrêtait que très rarement pour apprécier de bons repas consistants, ce qui lui donnait une espèce de second souffle aujourd'hui.

Mais bientôt le devoir appela le jeune homme alors que la nuit commençait à tomber et, alors qu'il observait les lampes éclairer faiblement la terrasse, il se leva de sa chaise et salua les deux demoiselles d'un sourire discret.


 « Je vais vous souhaitez une bonne nuit, toutes les deux. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je serai sur la terrasse. »

Il était un homme patient, extrêmement patient et pourrait rester dehors, dans les fraîches ténèbres sans broncher car c'était encore ce qu'il savait faire de mieux. Ainsi, espérant que la future mère pourrait trouver le sommeil, il empoigna ses deux sabres et alla s'asseoir dans un des fauteuils présents sur la terrasse. Prenant une profonde inspiration alors que ses yeux se perdaient dans l'espace devant lui, il s'autorisa enfin à penser à voix haute pour la première fois depuis son arrivée ici.


 « Ne fous pas tout en l'air. »

Ce n'était pas n'importe quelle mission, il n'y aurait pas de rédemption possible pour lui en cas d'échec.

Il ne faillirait pas.
   
   
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Jeu 20 Juin - 13:31

Le Parrain [7]


Les échanges, le dîner, tout semblait appartenir à un rêve. La Olsen aurait du mal à se réveiller, et elle espérait même qu’elle n’aurait pas à accomplir un acte aussi destructeur. Ses yeux se portaient devant elle, fixant le plafond tandis qu’elle repensait à la journée. L’homme qui était entrée dans leur vie aujourd’hui était un protecteur, quelqu’un en qui elle pouvait avoir confiance. Il l’avait accompagnée et elle avait rencontré son autrice préférée. Soupirant, elle se releva tandis que la nuit commençait à peser, que l’air devenait plus frais. Elle s’approcha de la lampe à huile sur son bureau et l’alluma. Son regard se porta sur la flamme à l’intérieur, mais elle se contenta de la poser sur son bureau.

Elle ouvrit alors un des tiroirs et enleva le faux-fond qui s’y trouvait. Ses mains se portèrent sur la couverture de cuir de l’ouvrage sans titre qu’il y avait à l’intérieur. Elle le déposa sur le bureau et observa un instant la couverture, puis elle ouvrit l’objet. Les pages étaient noircies des témoignages des derniers mois. Parfois, des pages étaient un peu froissées à cause des larmes qui avaient coulé dessus. Après le nom plusieurs fois cité de « Heziel » se trouvaient la plupart du temps des tâches d’encre, comme si elle s’était arrêtée, rêveuse, après avoir écrit ce nom. Pensive, elle devait laisser la plume imbiber la page sans même le remarquer.

Quand ses yeux se posèrent sur le papier vierge, elle trempa sa plume dans l’encre et commença à écrire. Sa main était habile dans le maniement de cet objet, et elle exprimait aisément sa pensée. Parfois, de petits sourires venaient intégrer de nouvelles accroches, de petites traces d’humour absentes du reste de son journal. Elle s’adoucissait au fur et à mesure, et pour la première fois depuis qu’elle avait commencé à rédiger ce petit ouvrage, elle n’écrivit pas le prénom.

Le lendemain matin arriva à toute vitesse, tandis qu’elle était retournée s’endormir après avoir éteint sa lampe. Ses rêves furent paisibles et doux, malgré quelques contractions. A son réveil, elle caressa son ventre comme pour s’assurer que ses enfants étaient toujours là. Elle eut un soupir de soulagement.

- J’ai eu peur, dit-elle machinalement.

Elle se leva difficilement, et soudain elle entendit le bruit des pas de Hypnos. Celle-ci parcourait la maisonnée sans s’inquiéter de réveiller qui que ce soit. Elle se mettait même parfois à chantonner, comme pour exprimer sa bonne humeur. Avoir quelqu’un de plus dans ce petit paradis terrestre, composé de peu de choses, c’était pour elle finalement quelque chose d’apaisant. Jamais Lidy ne s’était trompée en jugeant quelqu’un.

Ainsi, le petit-déjeuner fut rapidement servi, et la Olsen alla se positionner sur la terrasse, accompagnée d’un livre qu’elle avait pris dans sa petite bibliothèque. Elle s’assit et commença à regarder l’horizon droit devant elle, attendant avec impatience que neuf heures et demis arrive pour pouvoir commencer à se rendre à la lecture de Margareth Lawless. L’autrice allait être le rayon de soleil de sa journée.

- Kyoshiro, tutoie-moi s’il-te-plaît, dirait-elle au jeune homme quand celui-ci viendrait peut-être la rejoindre, ou au moment de partir. Nous allons passer un certain temps ensemble, je pense que cela vaudrait mieux.

Elle n’y avait pas réfléchi toute la nuit, mais sur le coup la remarque lui avait semblé trop corrective alors elle l’avait décalée dans le temps. Peut-être que cela aurait l’effet escompté : donner au jeune homme une plus grande latitude dans sa parole. Le sourire de la Olsen était finalement si doux sur ce début de journée qu’elle espérait aussi que sa joie serait contagieuse. L’excitation qu’elle ressentait serait d’autant plus agréable qu’il faudrait bientôt se mettre en route. Hypnos observerait les deux jeunes gens partir si Kyoshiro était toujours d’accord pour accompagner, et le petit bout de chemin les mènerait dans les rues abruptes de la ville. Il faudrait à nouveau faire quelques détours pour que le fauteuil roulant ne permette de passer entre les différents bâtiments.

Enfin, la splendide bibliothèque où attendaient déjà une vingtaine de personnes serait en vue, pas encore ouverte mais déjà pleine de promesses.

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Jeu 20 Juin - 16:53
Le Parrain
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Être un chevalier était un chose honorable, mais en quoi cela consistait véritablement ? Le jeune homme s'était posé la question pendant un moment, afin de se connaître soi-même et de définir la forme du chemin à emprunter, mais il n'avait malheureusement pas trouvé la réponse. Devait-il se mettre au service d'un maître, d'un daimyo, comme se devaient de le faire tous les samouraïs ? Cette idée lui avait traversé l'esprit pendant un moment mais, trop absorbé par sa curiosité insatiable, il avait décidé de choisir la voie du vagabondage sans trop vraiment savoir où cela pourrait le mener. Il avait donc vécu sur ses maigres économies, enchaînant petit boulot sur petit boulot en laissant toute idée de luxe et de richesse de côté, prenant chaque nouvelle expérience humaine pour ce qu'elle était : une source inépuisable d'enseignements sur le monde qui l'entourait. Sa modestie l'empêcherait de dire s'il avait été bon ou mauvais dans ses différents travaux, il n'en parlait d'ailleurs que rarement mais, à la faveur de la nuit, alors qu'il refusait à ses yeux le repos désiré, il se mit à ressasser ses tâches passes à la recherche d'une expérience plus marquante que d'autres.
Pourquoi cette introspection et, surtout, pourquoi maintenant ? Parce qu'il ne se rappelait pas avoir eu un boulot semblable à celui qui allait l'occuper pendant les prochaines semaines et, de toute évidence, cette inconnue le poussait à se poser une simple question : serait-il à la hauteur ? Il donnerait son maximum comme toujours, la question ne se posait même pas, mais il avait assez vécu pour savoir que le maximum de quelqu'un n'était pas toujours suffisant. Que se passerait-il s'il tombait sur une crapule dont il ne saurait se défaire ? Il sacrifierait sa vie pour cette future mère, c'était bien le moindre des prix à payer, sa propre vie de samouraï avait une bien faible valeur en comparaison, mais il aimerait pour autant éviter ce scénario catastrophe.

Un simple mouvement de tête vint chasser ces idées sombres alors que la pénombre l'entourait à présent totalement. Les ténèbres n'avaient jamais été une gêne pour lui, pas pour que pour le combattant moyen en tout cas, mais il était aussi conscient que si une attaque devait arriver cela serait à partir de maintenant. Assis sur son fauteuil, les deux sabres posés contre le mur juste derrière lui, il laissa les heures passer alors que ses quatre aux sens restèrent aux aguets, décela les détails que ses prunelles ne pouvaient percevoir. Ce n'était qu'une nuit, qu'une première nuit, la première d'une très longue lignée et pourtant, si le jeune homme était resté tendu, rien ne se passa.
Quelques heures plus tard il vit celle dont il avait la charge se présenter devant lui, sur la terrasse, prête à partir pour la lecture dont ils avaient parlé, hier. Remarquerait-elle la fatigue sur le visage de son protecteur ? Non car si quelques cernes étaient apparues, la posture du jeune homme restait calme et digne en toute circonstance. Il aurait voulu dormir mais ne s'y était pas autorisé, résultat d'une décennie de conditionnement mental lui permettant de puiser dans ses réserves là où d'autres se seraient déjà écroulé. Il était encore jeune, une nuit blanche était largement dans ses cordes.

Alors qu'il se levait, coinçant ses deux sabres dans sa ceinture, le bretteur haussa un sourcil de surprise face à la déclaration de la belle. Celle-ci lui permettant de passer une barrière de respect qu'il s'imposait lui-même. La tutoyer ? Il n'avait pas osé le faire la veille, peut-être y arriverait-il aujourd'hui.


 « Je...d'accord. »

Quelques instants plus tard et miss Olsen fut assise dans son fauteuil roulant au confort relatif, le samouraï toujours aux commandes.


 « Allez, en route. »

Kyoshiro était nouveau ici mais grâce aux instructions de celle dont il avait la charge il put éviter les axes principaux, souvent bondés, pour passer par des chemins plus faciles d'accès compte tenu de leur mode de déplacement. Quelques minutes plus tard les yeux de braise du bretteur captèrent la forme de la librairie qui se dessinait devant lui et, devant les personnes qui s'amassaient déjà devant lui, il prit son courage à deux mains en s'approchant de la file d'attente.


 « Excusez-moi. Priorité aux femmes enceintes.  »

Pas de toute, pas d'hésitation dans sa voix. Il avait appris sa leçon depuis hier et, assurément, face à son avancée déterminée, les personnes devant lui laisseraient sans doute leur place. Seul ce que la future maman voulait importait réellement en ce moment et, si elle voulait une place de choix face à son autrice préférée alors son gardien jouerait des coudes. Il lui choisirait la meilleure place une fois à l'intérieur et passerait toute la séance de lecture à s'assurer qu'il ne lui arriverait rien.

Oh oui il espérait que cette protection prolongée soit calme, sans surprise, mais il savait rien rien de ce qu'il souhaitait ne se passait jamais vraiment ainsi. Il était prêt, de toute façon.
   
   
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Mar 25 Juin - 16:01

Le Parrain [8]


Pour la Olsen, vivre cette situation était récurrent : en général, elle devait attendre dans les files d’attentes, et peu de personnes étaient altruistes naturellement au point de la laisser passer. Elle était donc contrainte d’attendre, et s’était même fait à cette idée. Ainsi, instinctivement elle se serait dirigée en direction du fond de la file, et comme d’habitude personne ne semblait pressé de lui donner la place… Jusqu’à ce que Kyoshiro lui-même prenne la parole. Fut-ce sa voix qui donna ce sentiment d’autorité ou les normes sociales évidentes qui devaient découler de ce type d’intervention ? En tout cas, quand les clients de la librairie qui attendaient à l’extérieur remarquèrent la présence de la Olsen, leur attitude changea du tout au tout. Ils firent mine d’être surpris, de ne pas l’avoir vu, et une femme assez bedonnante dit d’un ton ragaillardie :

- Oh, mon dieu, pauvre petite ! Passez donc !

En son for intérieur, elle était cependant déjà en train de ruminer à l’idée de devoir céder sa place. Elle se contenta de ne pas faire de vagues pour éviter de perdre la face, mais si ça n’avait tenue qu’à elle une femme enceinte dans une chaise roulante aurait attendu comme tout le monde. Elle était déjà bien chanceuse d’avoir un appareil aussi « perfectionné ». La Olsen ne releva pas et sourit poliment sans répondre. Elle fit mine d’être épuisée, alors qu’en réalité l’excitation la tenait éveillée.

Alors, dans la librairie une soudaine agitation se fit voir : on entendit rapidement la porte s’ouvrir, puis une présence en sortit, déclenchant des sentiments mitigés chez ses fans. Margareth Lawless, depuis la baie vitrée, avait aperçu la femme enceinte qu’elle avait déjà vue la veille. Elle lui sourit ainsi qu’à son… garde du corps ? Mari ? Elle ne penchait ni pour l’un, ni pour l’autre : peut-être un peu des deux. En tout cas, elle avait de la chance, se dit-elle en observant le fringuant jeune homme. Elle sourit et invita la Olsen à entrer avant de diriger son regard vers les personnes venues à sa lecture :

- Attendez encore quelques instants s’il-vous-plaît ! Environ cinq ou dix minutes, et ce sera bon !

Puis elle referma la porte sur elle, tandis que Lidy et Kyoshiro pouvaient entrer dans la librairie où des chaises étaient déjà installées en direction d’une petite estrade. Sur l’estrade, un fauteuil et un guéridon sur lequel était installé un livre que la jeune femme ne connaissait pas. Ainsi la lecture serait faite autour d’un livre inédit ? C’était tellement excitant ! Le cœur battant la chamade, la future maman eut un sourire très honnête et commença à s’extasier de tout cela auprès de son camarade.

Elle se laissa aller quand elle observa les différentes étagères, avant d’aller s’installer, poussant son fauteuil avec patience. Plus loin, le regard du libraire se porta sur la demoiselle et il fronça les sourcils sans qu’elle ne le remarque. Il sembla la jauger, mais finit par soupirer. Ses pas le conduisirent vers l’arrière-boutique où il disparut, laissant toute la latitude d’action à l’autrice.

Quelques minutes plus tard, Margareth ouvrit les portes de librairie, et une petite déferlante de personnes se jeta à l’intérieur des lieux, essayant d’obtenir les meilleures places avant de se rabattre sur celles moins bien positionnées. Les auteurs n’étaient pas connus pour leur sens de l’organisation, à vrai dire, et cela se vérifiait pour celle-ci. S’installant sur scène, elle sourit à l’assemblée et commença à prendre la parole, saluant son auditoire.

Elle se présenta d’abord : elle avait été membre d’une organisation commerciale de grande envergure que Lidy identifia comme étant la Guilde Marchande. Elle l’avait quittée à cause de dissensions internes, et s’était engagée dans l’écriture, sans dévoiler les raisons qui l’avaient poussé à cela. Son œuvre entière était consacrée à la défense de ceux qui ne pouvaient pas le faire eux-mêmes, ou qui n’en avaient pas les mots. Elle s’était longtemps battue, et son œuvre était extrêmement prolifique. En douze ans elle avait écrit quatorze œuvres dont les critiques étaient unanimes : de véritables chefs d’œuvres. Ils relataient donc tous des thèmes différents.

Une fois qu’elle eut terminé sa présentation, elle fit d’un ton aimable :

- Y-a-t-il des questions ?

La défenseuse attendit donc, sinon elle commencerait sa lecture.

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Jeu 27 Juin - 19:04
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Même avec toute la bonne volonté du monde le jeune homme ne comprenait pas comment un individu pouvait vouloir du mal à un enfant ou, dans le pire des cas, voulait essayer de le séparer de ce qui semblait être une mère douce et aimante. Il en avait rencontré des crapules de toutes sortes durant les dernières mois, des brutes, des sournois et des hommes qui n'avaient pas la lumière à tous les étages, mais jamais Ö grand jamais il n'avait pensé qu'une âme aussu pure que celle d'un enfant pouvait mériter le courroux d'un homme vivant pour et par la violence. Cette seule idée lui donnait la nsuée et, s'il s'abstenait de tout commentaire à ce sujet, il espérait bien que l'attaque de la veille soit la seule dont il aurait à s'occuper. Il savait que cela ne serait pas le cas, savait que ces hommes reviendraient avec des renforts dans une situation qui ne serait pas à son avantage, tout du moins si ces crapules avaient un minimum de cervelle, mais il y ferait face avec toute la discipline et la férocité dont il savait faire preuve.
Pour l'heure il avait une lutte plus urgente à laquelle il devait participer, en effet la session de lecture semblait avoir attiré plusieurs amatrices qui s'étaient rassemblées à l'entrée, ce qui n'arrangeait rien aux affaires du jeune bretteur. Fort heureusement il avait appris de sa dernière expérience la veille et, conscient que cela lui attirait des regards courroucés, il prit sur lui de lever le ton pour attirer l'attention sur l'état de celle dont il avait la charge. Il ne pouvait oublier l'éventualité qu'un de ses assaillants soit caché dans la foule, à l'écoute, mais il ne pouvait laisser ectte crainte régir sa vie car, sans cela, où est-ce que cela s'arrêtait-il ? Cloîtrer la demoiselle n'était pas ce qu'il voulait, pas le moins du monde et il n'oubliait pas que la protection était justement la raison de sa présence ici. Il fit donc taire ce scénario et mena la belle à travers la foule, jusqu'à l'installer tout devant comme l'avait indiqué l'autrice rencontrée la veille.

Lentement, le jeune homme vint s'installer à la droite de Lidy et, si ses mains se posèrent instinctivement sur le manche de ses sabres plus par réflexe que pour montrer qu'il ne faisait pas bon l'emmerder, il laissa traîner ses yeux et ses oreilles dans la foule pour une vérification d'usage. En écoutant la belle s'émerveiller de la présentation d'une nouvelle oeuvre, le jeune épéiste laissa un doux sourire glisser sur son visage en réalisant que, malgré ses futures responsabilités,  celle dont il avait la charge restait désespérément jeune et passionnée. Bien, elle devait garder cet état d'esprit, elle devait s'accrocher à tout ce qu'elle pouvait afin de continuer d'avancer.

Pour elle, pour eux.

Mais bientôt son sourire disparu lorsque celle aux cheveux bleutés évoqué un souhait à demi-mots, celui que ses enfants partagent sa passion de la lecture. Était-ce de la jalousie qu'il ressentait ? De la curiosité ? Oui, il se demandait ce que cela faisait d'être parent, se demandant si lui-même pourrait faire un père convenable mais, au lieu d'évoquer cette question à voix haute, il tenta de rassurer Lidy à voix basse.


 « J'en suis sûr. V...tu auras tout le temps de les initier à cela. »

Oui tout ceci n'était qu'un ramassis de mots dont la valeur n'était que celle qu'on leur donnait, elle n'était pas obligée d'y croire mais que pouvait-il dire de toute façon ? Il ne savait pas ce que cela faisait d'être parent, ou futur parent, et ne le saurais peut-être jamais. Ce qu'il pouvait faire, en revanche, c'était d'accompagner la belle dans cette épreuve et l'aider au mieux de ses capacités. Il resta donc silencieux lorsque l'autrice vint faire sa présentation, parler d'elle pour poser le contexte avant de la présentation de son ouvrage et, lorsqu'elle donna l'opportunité d'une intervention, Kyoshiro leva discrètement la main.


 « Moi, j'en ai une si vous me le permettez. »

Respirant pour rassembler ses pensées, il parvint finalement à vocaliser la seule chose qu'il souhaitait demander pour le moment.


 « Qu'est-ce qui vous a poussé à vous tourner l'écriture ? Y a t-il une raison en particulier ?  »

Oh non il n'avait pas l'âme d'un écrivain et ne souhaitait pas emprunter cette voie, pas pour le moment en tout cas, mais connaître les motivations d'une personne en disait toujours long sur cette dernière. Et puis, qui sait ? Peut-être que cela lui donnerait des idées.

Peut-être.


   
   
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Dim 30 Juin - 13:30

Le Parrain [9]


Ainsi donc Kyoshiro voulait être parent en son for intérieur ? Ou était-ce autre chose ? Elle ne maîtrisait pas encore assez son pouvoir pour voir au-delà de la confusion qu’il ressentait, et cette idée était encore trop ténue pour qu’elle ne puisse la démêler. Fermant les yeux, la demoiselle se contenta de sourire paisiblement sans pour autant y ajouter un quelconque élan d’entrain. Elle ne pouvait pas dévoiler qu’elle était capable de lire les pensées, encore moins à ce jeune homme – malgré toute la confiance qu’elle lui accordait. Elle avait lu dans son esprit, et celui-ci lui disait qu’il était honnête et loyal. Finalement, elle sentait qu’elle utilisait ce sabreur comme les autres : comme un pion pour protéger ses enfants, comme un cavalier pour avaler les pions qui tentaient de s’en prendre à son « roi ».

Finalement, ce fut Kyoshiro qui posa la première question. Elle était innocente, et les fans auraient sûrement pu répondre à la place de l’écrivaine. Celle-ci sourit pourtant paisiblement, à l’image de la Olsen. L’excitation qu’on ressentirait alors trancherait clairement avec cette première réaction paisible, et tel un torrent de plaisir, la jeune femme s’exprimerait dans un déluge de mots qui semblaient enivrants :

- L’écriture… Disons que pour transmettre ma vision du monde, j’avais ce choix-là qui s’est imposé à moi-même. Mon écriture est engagée dans des problèmes de société d’aujourd’hui : comment vivre quand on est une femme ? Quand on est différent ? Quand on est handicapé, aveugle par exemple ?

Cette phrase fit penser à la Olsen qu’elle avait eu quelqu’un avant Kyoshiro, un jeune homme aveugle qui l’avait aussi aidée à garder ses enfants. Elle se remémorait cet homme assez clairement, mais elle se mit à balayer cette pensée, évitant de quitter la prise de parole qui pourrait lui en apprendre plus sur son idole. L’idée même de manquer une seule de ses prises de paroles l’embêtait.

- Finalement, ce qui m’y a poussé, et je dois bien admettre que ce n’est pas glorieux, c’est que j’observais le monde de ma tour d’ivoire jusqu’à ce que je comprenne qu’autour de moi de nombreuses personnes étaient dans un mal que je ne connaissais pas ou peu du fait de ma condition… Alors je suis allée observer, je suis sortie et j’ai commencé à remarquer que quelque chose clochait. Nous vivons dans un monde bien triste, si je puis me permettre.

Elle s’arrêterait là-dessus, espérant avoir assouvi la curiosité de son interlocuteur. Alors d’autres questions viendraient sur certaines de ses œuvres, des questions pointues qui prendraient quelques dizaines de minutes avant que la lecture ne commence, la lecture de sa nouvelle œuvre. « Au bord du précipice. »…

L’homme m’observe, me dénude de son regard aguicheur. Il s’approche de moi. Ses doigts sont de gros boudins, à l’image de son ventre proéminent. Il les approche de mon visage tandis que mes mains sont maintenues par de solides chaines. J’ai peur. J’ai ce terrible sentiment que quelque chose qui va changer le cours de ma vie est en train de se produire. Je sens que sa main descend le long de mon cou, et soudain des sanglots parcourent mes joues trop abîmées pour qu’il s’y attarde. Il grommelle et me prend le cou, sert et tente de m’empêcher de crier. Je tremble si fort qu’il finit par me lâcher. Mon souffle coupé se libère finalement…

L’histoire tournait autour d’un enfant orphelin qui avait été kidnappé et prostitué. Il mettait en avant la condition de ces oubliés de la société, de ceux qui n’avaient pas eu l’occasion d’avoir des parents… Des abandonnés. Lidy observait la lecture, ses yeux humides. Elle ne loupait pas un seul des mots qui étaient étalés devant elle, ayant l’impression que ces mots prédisaient le triste avenir des enfants qu’elle allait devoir abandonner pour assurer leur sécurité.

Finalement, la lecture se terminerait une heure plus tard sur la mort d’un des enfants qui avait été kidnappé, à la fin du chapitre trois. Les intonations de l’autrice étaient toujours très justes, et si la Olsen ne put retenir quelques larmes à l’image d’autres auditeurs, elle fut la seule pour qui la chose résonna aussi profondément. La Lawless attendrait que la plupart des personnes présentes viennent faire leur dédicace, laissant le temps à Kyoshiro de s’inquiéter de ce que Lidy venait de vivre, ou de partager sa propre expérience de la lecture.

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Le Parrain
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Un esprit sain dans un corps sain, ces mots avaient guidé la vie du jeune bretteur depuis au moins une décennie et, si pour le corps il était en bonne voie, le samouraï était conscient de son manque évident de culture. Il savait qu'il devrait lire davantage pour en apprendre plus sur le monde qui l'entourai mais n'avait jamais pris le temps de régler ce problème et, en vérité, il n'avait jamais pris de temps pour lui tout court. Il avait dédié sa vie à autrui, à la quête de la paix et de l'entente mutuelle en laissant toute volonté personnelle derrnière lui. Ici lui était donnée l'opportunité de prendre du temps pour lui, pour se découvrir au travers des mots d'autrui et son sens prononcé du devoir lui interdisait de consacrer son à temps à autre chose que sa mission. Il était professionnel à ce point-là, préférant souffrir pour que d'autres n'aient pas à le faire, en faisant fi de ce qu'il pensait ou voulait.
Ce n'était pas une façon de vivre, pas une façon d'envisager le futur mais malheureusement c'était la seule qu'il connaissait. Il lui était difficile de s'ouvrir, difficile d'envisager d'extirper de son âme ce qu'il y avait caché pendant toutes ces années et la seule idée de pouvoir le faire générait une tempête dans son esprit. À force d'efforts et de conditionnement mental le jeune épéiste parvint à faire la paix dans sa tête, pour un temps du moins, avant que le célébrité du jour lui expliquer ses motivations qui firent immédiatement écho au son de l'âme de Kyoshiro. Lui aussi ne s'était rendu compte que trop tard de la misère dans lequel ce monde vivait et, si cette femme avait décidé de raconter cette histoire pour soulever les coeurs et les esprits, Kyoshiro avait choisi d'agir de façon plus directe à l'amélioration de ce monde.

S'il pensait avoir réussi à maîtriser le typhon qui ravageait ses pensées, s'il pensait avoir gardé le contrôle, l'éventuelle protection fut brisée en milliards de morceux lorsque le récit de cette fit prit vie. Elle contait tout d'abord l'histoire d'une malheureuse femme abîmée par la vie, abîmée par un homme lui faisait subir des sévices que le samouraï ne souhaitait pas entendre. Le récit embraya sur un enfant, un orphelin, un oublié de la société et, à l'évocation de ces funestes et tristes destin, le lumineux sentit sa main droite trembler sous l'effet d'une excitation sourde. Non, pas une excitation mais l'écho d'une rage et d'une indignation depuis trop longtemps réduites au silence. Cette femme évoquait les victimes que le jeune homme s'efforçait de sauver, tous ces malheureux abîmés et oubliés de la vie, tous ceux qui guidaient la vie de ce jeune homme depuis bien trop longtemps. Fort de ce constat, le bretteur se força  à serrer les poings jusqu'à ce que les jointures ne blanchissent, fermant également sa mâchoire pour qu'aucun bruit n'en sorte alors qu'une lutte violente ravageait son esprit. La lutte entre le guerrier et le servant, le chevalier et l'aide de camp.

Combien de secondes passèrent sans qu'il ne bouge ne serait-ce qu'un muscle, fermant les yeux pour se concentrer sur cette lutte interne ? Plusieurs dizaines à n'en pas douter et, pour une fois, après une lutte interminable, ce fut le guerrier qui remporta la bataille. Il était la partie rationnelle et disciplinée du jeune homme, celle qui se penchait sur le côté pratique  et qui permit à l'hôte de garder son calme jusqu'à ce que la lecture se finisse et que la file de dédicaces se vide. Le guerrier trouva enfin la force de desserrer la mâchoire, de tourner la tête vers Lidy avant de lui souffler doucement.


 « Je comprends  mieux ton intérêt pour la lecture.  »

Reconnaissant les traces de larmes au coin de ses yeux, l'homme plongea la main dans sa poche pour en sortir un mouchoire qu'il tendit à la belle, un simple geste guidé par son sens du devoir.


 « C'était...intense.  »

Intense ? Intense ? Était-ce vraiment le mot choisi pour évoquer les émotions qui fusaient dans sa tête ? Un bien piètre hommage, de toute évidence, mais le seul qui lui parvint pour le moment. Après une lutte supplémentaire le jeune homme se redressa, trouvant sa compère Lawless du regard avant de lui faire un signe de tête,  l'invitant à les rejoindre pour que le bretteur puisse changer de plus. Si sa collègue du jour s'approchait du duo, alors l'épéiste aurait à coeur de se diriger vers la sortie et observer le terrain en prévision d'une sortie futur. Oui cette séance de lecture avait été incrpyable, chamboulante pour le bretteur mais ce dernier eut tôt fait d'écraser cette individualité pour se rappeler qu'il était en mission. Il n'avait pas le luxe de se pencher sur ce qu'il pensait ou ressentait, pas le luxe de penser à lui aussi longtemps que d'autres personnes seraient sous sa responsabilité.

Pour toujours, en somme.

   
   
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Mar 9 Juil - 21:22

Le Parrain [10]


La Lawless observait Lidy avec une certaine candeur. Elle-même n’avait jamais connu la joie de la grossesse. Ce n’était pas faute d’avoir essayé, mais son corps se refusait à laisser le mécanisme se faire. Ses règles douloureuses indiquaient en plus de cela qu’elle avait une endométriose, une malformation courante qui gâchait la vie de nombreuses femmes. La sienne était importante, avancée. La Olsen identifiait les symptômes avec aisance tandis que l’autrice y pensait, le stress de la lecture retombé. Ses lèvres s’étiraient. De son côté, la bleue séchait ses dernières larmes à l’aide du mouchoir que lui avait tendu Kyoshiro. Elle se tourna vers lui, et sans un bruit ses lèvres aux reflets charmants articulèrent un « merci » sincère.

Quelques minutes passèrent tandis que la dernière réflexion de Kyoshiro armait le cœur de la jeune femme. Il comprenait. C’était le mot « intense ». La lecture de cette femme était tout simplement d’un autre niveau que ce qu’elle avait pu expérimenter auparavant. Son regard apaisé, elle vit la librairie se vider très progressivement, et enfin l’autrice arriva devant ses deux auditeurs préférés – pour le coup, elle le pensait réellement.

- J’espère que cela vous a…
- C’était très éprouvant.


La voix de Lidy avait coupé sèchement celle de la Lawless qui eut un instant de choc avant de sourire tendrement, à l’image de son interlocutrice. Les deux femmes échangèrent ce regard que seules deux personnes qui se comprennent pouvaient avoir. La bleue se tourna alors vers l’épéiste qui la protégeait, et tandis qu’elle s’imaginait déjà sa réaction devant ce qu’elle allait dire, elle se dit qu’il allait falloir être convaincante. Ce fut Margareth qui prit la parole en première, Lidy ayant juste anticipé ses intentions – comme à son habitude.

- J’aimerais que vous veniez déjeuner avec moi. Nous serons très bien lotis en terrasse du centre-ville.
- Nous avons une… amie, peut-être qu’elle appréciera de nous rejoindre. Pourrais-tu aller la chercher, Kyoshiro ? Je te promets qu’il ne m’arrivera rien… Et je pense que cela fera très plaisir à Hypnos de savoir que nous pensons à elle.


C’était un coup en traitre, mais il fallait le prendre par les sentiments. Le jeune homme ne connaissait pas encore la perfidie que pouvait déployer la femme enceinte pour arriver à ses fins. Elle n’hésiterait pas à appuyer une nouvelle fois sur la corde sensible en lui rappelant qu’elle préparait le repas tous les jours et qu’elle méritait bien un peu de temps. En plus de cela, intérieurement la Olsen voulait pouvoir partager un temps unique avec son autrice favorite.

S’il refusait, cela serait simplement un « Dommage » qu’elle garderait intérieurement, et elle se contenterait de se mettre en route vers le centre où ils pourraient s’installer en terrasse, prenant quelques boissons agréables.

Hypnos observait le plat qui mijotait dans la grande casserole. Ce midi serait moins frugale, mais elle pourrait préparer un souper digne de ce nom ! Ses yeux s’émerveillaient parfois devant les bulles qui éclataient. Savoir que Lidy n’était pas seule, et qu’elle était aux côtés de quelqu’un d’aussi consciencieux que Kyoshiro, c’était quelque chose qu’elle appréciait. Elle était si guillerette que ses gardes retombaient déjà. Et brusquement, son oreille capta un bruit de plancher qui grince. Elle se tourna en direction de la terrasse. Ses yeux se plissèrent.

- Kyoshiro, tu es déjà rentré ?

Mais ce n’était pas Kyoshiro. Tandis qu’elle s’était tournée vers l’entrée, une fenêtre se brisa. Elle lâcha la cuillère à soupe sur le sol, mais trop tard : un gaz remplit l’espace de la pièce, près d’elle, et elle l’inspira trop rapidement. « Putain » se dit-elle. Son corps se fit brusquement lourd, et en quelques secondes seulement, elle tomba.

Dehors, un homme muni d’un masque à gaz observait par la fenêtre. Il sourit : finalement, pas besoin de prévenir le patron qu’il avait trouvé la localisation de cette nana. Il suffisait qu’il lui ramène la tête de la vampire… Et la gamine aux cheveux bleus.

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Mar 9 Juil - 22:46
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Il était étrange pour un homme donnant une telle importance aux mots de ne pratiquement jamais les lires,  de ne jamais prendre le temps d'ouvrir un livre pour se cultiver et réfléchir un petit peu, et pourtant c'était bien le cas du samouraï dont je vous conte l'histoire. Malheureusement ce manque de culture n'avait jamais été un choix de sa part mais plutôt la résultante de la vie qu'il avait choisi de mener, le manque de temps et peut-être aussi le manque d'envie de le faire du fait du carcan du devoir qui pesait lourd sur ses épaules. Oui il se disait qu'un jour il prendrait quelques jours pour se poser, pour prendre le temps de lire et écouter mais pour l'heure il ne pouvait pas se le permettre, il devait se contenter de cette petite lecture comme un avant-goût de ce qu'il aurait plus tard, quand...quand quoi, d'ailleurs ? Que désirait-il, à part servir autrui ? La triste vérité était qu'il n'avait pas la réponse à sa question, parce qu'il n'avait jamais osé se la poser, parce qu'il n'avait jamais craint autre chose que trouver la réponse à cette question. Être égoïste était sa pire peur, car cela réduirait à néant une vie dédiée au service des autres.
Non, il ne devait pas penser cela ici, maintenant, car plusieurs âmes dépendaient de lui. Il devait être meilleur que jamais, plus attentif que jamais, plus réactif que jamais et cela n'arriverait pas s'il continuait à rêvasser de la sorte. Ainsi, alors que la salle se vidait à la fin de la lecture, alors que le jeune homme sentait sa tension descendre à chaque auditeur sorti, ce dernier s'autorisa à respirer un peu plus alors que la célébrité de cette salle venait de faire une proposition.
Si l'idée de départ était bonne, une occasion de passer un bon moment en bonne compagnie pour la belle, cette dernière fit une demande au jeune homme qui provoqua un froncement de sourcils chez ce dernier. Ils auraient pu rentrer à la maison pour chercher Hypnos mais non, à la place la bleue demanda au jeune homme de la laisser ici et partir chercher sa camarade sans atteindre. Savait-elle à qui elle demandait cela ? Connaissait-elle l'intensité du sens du devoir chez tout samouraï qui se respectait ? De toute évidence non sinon elle ne lui aurait jamais demandé de la laisser en arrière, mais pourtant le bretteur ne répondit pas tout de suite.
Pouvait-il se permettre de laisser Hypnos en arrière, ou de décevoir la belle en refusant sa demande ? Il n'y avait aucune issue possible, aucune bonne réponse et ce fut en s'en rendant compte que Kyoshiro se fit violence pour vocaliser sa réponse, notamment lorsque la belle lui promit que rien ne lui arriverait.


 « Tu ne peux pas me promettre cela, et tu le sais. Mais soit, s'il faut cela pour te faire plaisir alors j'irai.  »

Naïf mais pas idiot, il comprenait très bien que cette demande n'avait pour but que de l'éloigner l'espace d'un instant et, même si cela lui était pénible de se l'avouer, peut-être n'était-ce pas un mal. Cette future mère était tellement surveillée qu'elle n'avait que peu de temps juste pour elle, aussi avait-elle peut-être besoin de ce moment pour se retrouver. Ainsi, le jeune homme braqua son regard le plus sérieux vers la célébrité juste à côté, avant de lui lancer sans attendre :


 « Je vous la confie.  »

L'honneur et la loyauté étaient des valeurs plus importantes pour les samouraï que leur vie elle-même, aussi le jeune homme ne pouvait envisager de trahir la future mère en la laissant entre les mains de quelqu'un indigne de sa confiance. Ravalant sa fierté et son sentiment qu'il faisait une erreur, le jeune homme détalla sans attendre et, bondissant mètre après mètre, se dirigea à grande vitesse vers la demeure où elle appellerait Hypnos une fois à portée.


 « Hypnos ?   »
   
   
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Mar 9 Juil - 23:21

Le Parrain [11]


La jeune femme vit son garde du corps détaler, et tandis que le fauteuil roulant était poussé jusqu’au café de la place centrale, elle sentait l’atmosphère de sécurité s’effriter très rapidement. Même à grande vitesse, il mettrait quelques longues minutes à rejoindre la maison, et même s’il revenait avant Hypnos, ce qui était fort probable, il lui resterait tout de même un temps équivalent pour se rendre au lieu de rendez-vous. Si Margareth avait promis de prendre soin de la demoiselle, elle n’était pas en mesure de tenir cette promesse : ce n’était pas une combattante, loin de là. Elle utilisait sa plume pour livrer ses batailles les plus épiques, cela s’arrêtait là. Un sourire sur les lèvres, elle entama la conversation autour de la vie de la Olsen qui se contenta d’en dépeindre les grandes lignes, sans jamais s’attarder sur les détails.

- Et le père de votre enfant ? Finit-elle par demander.
- Le père…


Elle s’arrêta un instant. Ses yeux s’embuèrent comme si cette simple question ramenait à la surface de très douloureux souvenirs. La séparation avec Heziel avait été plus douloureuse encore à mesure que l’accouchement se rapprochait : il était là, dans son cœur, à chaque battement. Elle déglutit tout en inspirant doucement, espérant qu’il allait falloir qu’elle passe à un autre sujet… avant de se rendre compte qu’elle pouvait en parler. Margareth n’irait pas raconter cela à n’importe qui, et elle était sûre que si elle s’en servait pour ses œuvres, ce ne serait pas dans un but médisant, et en protégeant son anonymat.

- Le père est cuisinier, sur East Blue… Notebouque.
- Oh, je connais ! C’est Elric Pandzani qui t’a…


Un sourire et un rire franc finirent par sortir de la bouche de la demoiselle tandis qu’elle entendait la suite de la phrase en pensée. « Bien sûr que non » voulut-elle dire. Elle se contenta de secouer négativement de la tête tandis que les épaules carrées du chef qu’elle citait lui revenaient en mémoire.

- Non, c’est H-

La phrase s’interrompit dans un brouhaha ambiant. Brusquement, une maison vola en éclat, totalement détruite par un seul coup qui provenait de l’arrière de celle-ci. La Olsen écarquilla les yeux en se tournant doucement et en apercevant ce qui se trouvait au loin. Une aberration. Un monstre. Elle inspira tandis qu’elle voyait la chose maugréer des choses en se dirigeant vers elle, sortant du nuage de poussière qu’elle avait créé.

- Ma… man ?


Créature sur la place centrale

Plus haut, la fumée du bâtiment détruit par la créature en centre-ville viendrait bientôt hanter la vision de Kyoshiro qui l’entendrait détonner. Alors qu’il pourrait tourner le dos à la maison pour se concentrer sur ce qui se trouvait en contrebas, tandis que les habitations se succédaient avant de rejoindre le point d’origine, alors même qu’il pourrait tenter de commencer une course en direction de sa protégée, son instinct le sauverait sûrement d’un coup très handicapant.

En effet, une lame viendrait s’abattre en direction de l’épéiste, une lame d’une personne qui n’avait pas l’habitude de les manier de toute évidence. Trop de bruit, trop de… tout. L’homme au masque à gaz pestait devant l’oubli qu’il avait commis : la créature munie d’un odorat extraordinaire avait retrouvé celle qu’ils recherchaient. Finalement, si sa cible se retournait, il démontrerait une agilité assez incroyable en se redressant dans les airs et en lâchant sur le futur maudit une petite bombe de sa concoction qui contenait un gaz capable de lui piquer les yeux : de quoi le rendre aveugle quelques instants.

S’il réussissait cet enchaînement et qu’il se retrouvait donc en face de son adversaire, celui-ci pourrait goûter à une tentative d’estoc avec la courte lame que possédait le masqué. Il allait se débarrasser de ce gars qui semblait à présent impliqué avec Hypnos.

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Mar 9 Juil - 23:54
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La parole du jeune homme était tout ce qu'il avait en ce monde, la seule représentation de sa détermination à rester fidèle à ses mots et ses promesses, mais parfois cette parole n'avait que trop peu de poids et le jeune bretteur s'en rendait progressivement compte. Il avait fini par apprendre que la diplomatie n'était que minoritaire dans ce monde mais, malgré ce triste constat, malgré cet échec avéré, il avait toujours tout fait pour faire des promesses et s'y tenir. Sans loyauté et droiture il n'était rien, aussi bien que mort, telle était sa façon de voir les choses et aujourd'hui il venait de briser sa parole. Depuis le départ il avait senti que c'était une mauvaise idée que d'accepter la demande de la belle, une erreur que de la laisser sans surveillance et pourtant le jeune homme y avait été contraint, tout cela parce qu'il voulait plus que tout voir un sourire éclairer le visage de cette future mère.
Elle n'avait pas eu une vie facile et ses jours futurs ne semblaient guère plus radieux, pas avec trois enfants à sa charge et aucun mari pour la soutenir, cette seule perspective fit quelque peu plier la volonté du jeune homme. S'il n'avait pas été aussi prisonnier de son désir de liberté et de curiosité peut-être aurait-il accepté de veiller sur elle dans les années à venir, peut-être aurait-il pu désirer être ce père de substitution mais, à défaut de pouvoir le faire, il put au moins faire cette concession à la belle et la laisser seule un instant. Mais alors que la maison se dessinait devant lui, un bruit sourd et un tremblèrent firent immédiatement pivoter le jeune homme qui, écarquillant les yeux braqués sur le ciel, réalisait à quel point il avait été stupide de faire passer les désirs de cett future mère avant sa sécurité. Il aurait dû se montrer plus dur, plus ferme, plus sûr mais avait été trop tendre, trop fleur bleue et cette faiblesse risquait bien d'apporter la honte sur lui.


 « Me... »

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que déjà sa lame était levée, bloquant celle qui aurait pu le trancher en deux s'il n'avait pas été sur ses gardes. Il l'était toujours, toujours, telle était la force de son conditionnement mental. Il repoussa donc son adversaire d'un coup de pied et, alors qu'il détournait son regard vers le chaos où il devait se rendre, son esprit guerrier se réveilla de nouveau. Cet homme masqué voulait le retenir, s'en prendre à sa vie et par-dessus tout l'éloigner sa mission : cela ne pouvait être toléré ! Ainsi, les pupilles du jeune homme s'éveillèrent comme deux soleil au midi, brûlant d'une lueur nouvelle alors que le bretteur bondissait pour esquiver le projectile qui lui était lancé.


 « Dégage ! »

En un mouvement sec et rapide, né d'années d'expériences, le jeune homme frappa avec l'arrière de son sabre le masqué au niveau du flanc droit, avec assez de puissance et de détermination pour lui briser quelques os et le pousser à s'écraser bien plus loin. Non, aujourd'hui le jeune samouraï ne ferait pas dans la dentelle : il avait  perdu ce droit lorsqu'il avait accepté la proposition de celle dont il avait la charge.


 « LIDY ! »

Sans attendre, sans perdre une seule seconde de plus, ignorant totalement le sort d'Hypnos au profit de celui de la future mère, le guerrier puisa dans l'énergie contenue dans ses jambes et bondit avec la célérité que possédaient les samouraïs. Il avançait vite, prodigieusement vite, inhumainement vite si bien qu'il ne tarderait pas à arriver et, même si ses jambes allaient payer un lourd tribut pour cela, il ne pouvait agir autrement.


 « Non. Non, non, non, non, non. »

Vite, il devait aller plus vite. Toujours plus vite, encore plus vite. Pour ce qu'il en savait Lidy pouvait être morte, ensevelie sous quelques décombres ou pire encore. Pour ce qu'il en savait il était le pire samouraï que cette terre ait jamais porté. Il devait arriver à temps, il devait puiser dans chaque parcelle d'énergie de son corps et aller plus vite qu'il ne l'avait jamais fait.

Vite, vite.

Qu'elle soit encore en vie. Vite.
   
   
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Tadake Kyoshiro
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Lidy Olsen
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Mer 10 Juil - 0:28

Le Parrain [12]


Les cris de détresse parcouraient avec une force incommensurable la foule qui s’éloignait de la créature dont les yeux étaient braqués sur Lidy. La jeune femme essayait d’entendre les pensées, mais elles étaient uniquement tournées vers ce qui semblait être la conséquence d’une odeur qu’elle devait retrouver. Cette espèce d’animal… Ce n’en était pas un. Il y avait une grande souffrance dans ses yeux, ses longs poils qui tombaient en crinière, son cou méticuleusement musclé. Il y avait quelque chose d’humain dans son regard, d’une humanité horripilante. Elle sentit son échine se soulever tandis que son corps tout entier hurlait à l’aide : elle ne pouvait pas rester ici, elle devait absolument s’éloigner.

De son côté, Margareth avait les yeux rivées sur la créature qu’elle observait, détaillait avec le méticuleux travail de l’autrice. Ses lèvres tremblaient elles aussi, d’une forme d’excitation. Elle reprit finalement le dessus, et son attention se reporta sur la Olsen. « Pas de temps à perdre » se dit-elle simplement. Ainsi ses bras se mirent en action et elle poussa la chaise roulante en essayant de se frayer un chemin dans la foule affolée.

- Par là ! Commanda la jeune femme en tendant un doigt en direction d’une allée où son fauteuil passerait.

L’autrice n’attendit pas plus d’explication, elle obéit simplement. Elle n’avait pas une connaissance approfondie des lieux, n’y étant venue que pour sa lecture et ses dédicaces. La demoiselle enceinte semblait de toutes les manières avoir une bonne mémoire en considérant les détails qu’elle donnait sur ses livres, alors autant la croire… Oui, enfin cela aurait été mieux sans cette créature sur leurs pattes. Une fois qu’elles eurent quittées la première ruelle, la masse finalement de taille relativement raisonnable, ne culminant que trois mètres au garrot, s’élança au-dessus des maisons dont une cheminée s’effondra sur son passage, bloquant la ruelle par laquelle étaient venues les deux femmes.

Alors, la masse se mit en travers de la route de la Olsen et de la Lawless, arborant un air triste. Ses narines étaient assez immenses, et sa dentition semblait plus que déplorable, mais encore suffisamment présente pour croquer un humain sans soucis. « Réfléchis » s’ordonna la hors-la-loi sans perdre son sang-froid. Elle ne comptait pas mourir ici : là où d’autres auraient commandé à leur aide de camps de s’enfuir pour sauver sa vie, la jeune femme était prête à la sacrifier si cela assurait la survie de ses enfants… Mais elle n’aurait pas à aller jusque-là. Elle observa les alentours, et la chance sembla lui sourire.

- Fais-moi rouler jusqu’au bas de la rue !
- Quoi ?!
- Lance-moi, bordel !
Lâcha la jeune femme en ronchonnant.

L’autrice n’hésita pas plus longtemps, et dans un élan surhumain dont elle se croyait incapable, elle lança la demoiselle en direction d’une sorte de boutique qui se trouvait en bas de la rue… Où plusieurs produits étaient présentés en étal. Elle observa le fauteuil débouler à toute allure, et les mains frêles de la Olsen les arrêter, brûlant sûrement sur le passage. La Lawless s’esquiva de l’autre côté et commença à jeter des pierres à la créature pour attirer son attention, ce qui eut un effet modérément peu efficace.

- Par là ! Hurla-t-elle avec un air désespéré. Par-là, gros sac à puce !

Elle ne semblait pas réceptive aux insultes, mais les chocs répétés lui firent tourner la tête, arrêtant ses râles incessants. Et brusquement, la Olsen se retourna avec son fauteuil, tenant dans sa main un petit cocktail qu’elle venait d’improviser et qu’elle espérait d’une efficacité suffisante. Elle le lança alors… Et l’objet explosa dans une cacophonie impressionnante sur la créature dont la peau sembla attaquée.

- MAMAAAAAAAAN ! Hurla-t-elle, son regard passant d’un neutre affligeant au rouge sanguinolent.

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Tadake Kyoshiro
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Mer 10 Juil - 18:32
Le Parrain
 PV Lidy Olsen | Grand Line

             




Les samouraï étaient des guerriers dévoués à un seigneur, prêtant leur force et leur sabre à un roi, un Empereur ou un dirigeant digne de leur soutien mais, parmi cette caste de combattants d'élites, il existaient ceux qui étaient nommés les vagabonds, les rônins, les samouraïs sans maître et Kyoshiro pouvait être casé dans cette catégorie. À cette époque, tout du moins, car pour l'heure il n'avait pas encore rencontré le Phénix qui deviendrait ensuite son ami, son modèle, son maître. Si certains adeptes du bushido voyaient ce mode de vie d'un regard rempli de tristesse et de nausée, car au final le candide ne servait vraiment que lui-même, le concerné avait décidé de voir les choses différemment afin d'aborder la vie du bon pied. Selon son propre point de vue le monde entier était son maître, chaque nouveau malheureux était son seigneur ayant désespérément besoin de son aide et, de ce fait, chaque nouvelle mission mettait en péril son honneur et sa loyauté. Il avouait bien avec un certain regret qu'il n'avait pas eu de véritable grande mission depuis un long moment maintenant et, s'il avait longtemps espéré que cela puisse changer, aujourd'hui il regrettait cette pensée.
Il était un homme vivant pour se mettre au service d'autrui, un homme souhaitant apporter la lumière dans le cœur des gens, à son petit niveau, afin de pouvoir repousser les ténèbres et apporter la paix. C'était un rêve naïvement illusoire, il n'en avait pourtant pas encore conscience à l'époque et prenait chaque mission à cœur, mais devoir protéger une mère et ses futures enfants recelait une toute autre importance dont il ne prenait conscience que maintenant. Alors qu'il s'apprêtait à échouer, alors qu'il s'apprêtait à faire tomber la honte sur son nom. Il avait laissé tomber sa garde, il s'était laissé adoucir par l'histoire d'une mère seule dans ce grande monde et désormais, alors que le chaos régnait autour de lui, il réalisait son erreur. Il aurait dû...non, cela ne servait bien à rien de ressasser le passé car son esprit ne devait être concentré que sur le présent.

Il avait failli, merdé, échoué, fait n'importe quoi. Peu importaient le nombre de façon de le dire, il avait chié dans la colle dans des proportions dantesques et, maintenant, tout ce qu'il pouvait encore faire c'était de ramasser les morceaux en espérant tous les avoir. Alors qu'il pénétrait au centre ville, stoppant sa course folle pour reprendre un rythme plus humain, son regard de feu passa d'un bâtiment à un autre en essayant de trier les bruits dans sa tête. Rien, trop de bruit, trop de chaos.

Puis il y eu une voix, une explosion et une voix plus inhumaine que la précédente. Si le jeune homme crut reconnaître la première voix, il fut tout de même intrigué par l'explosion qui capta toute son attention. Ainsi, forçant de nouveau sur ses solides jambes, il s'élança sur les toits de la ville jusqu'à ce que, enfin, il arrive sur le lieu d'où provenait l'explosion. La première à venir dans son champ de vision fut la célébrité, puis vint cette étrange bête et, enfin, la crinière bleutée passa enfin devant ses yeux écarlates.


 « NON !  »

Le cri était fort et sec, teinté d'autorité et de férocité dont Kyoshiro faisait si rarement preuve. Il n'y avait bien que lorsque sonnaient les cloches du devoir qu'il devenait enfin lui-même, qu'il devenait enfin le samouraï qu'il avait voulu être. Une lame d'air fut éjectée jusque devant la bête, afin de la repousser en arrière, tandis que le jeune homme retombait sèchement devant celle dont il avait la charge. Celle qu'il avait laissé tomber.
Pas de regard envers elle, pas une parole, car il était aussi furieux envers elle qu'envers lui-même. Au lieu de cela, le sabre toujours à la main depuis tout à l'heure, le bretteur fit cinq pas en avant tout en invitant la bête à prendre sa décision.


 « Approche. »

Lentement, avec une infinie précision, le jeune homme se pencha sur ses appuis et, rengaina le sabre dans son fourreau afin de maintenir sa main droite juste au-dessus du manche. Une technique de Iaido sous sa plus simple forme, mais qui était réalisée avec une précision qui forçait le respect pour un si jeune homme. Il ne bougerait pas, ne laisserait plus jamais la future mère loin de lui et, pour le moment, la menace la plus évidente était cet étrange animal devant lui. Il ne le laisserait pas approcher, jamais.


 « APPROCHE ! »

Les yeux écarquillés du jeune homme donnaient un contraste avec ce regard chaud et doux qu'il arborait d'habitude, mais ce regard dur et féroce était celui d'un homme pour qui le devoir était plus important que sa propre vie. Oh oui la belle Lidy pourrait voir la main droite du jeune homme trembler alors que le reste de son corps était parfaitement immobile, mais ce n'était pas la marque d'une quelconque peur ou d'un manque de volonté, mais bien le symbole de l'esprit combatif avec qui il luttait. Il luttait pour ne pas foncer le premier, pour rester sur la défensive car au final les samouraïs restaient des tueurs de luxe, pour se contrôler comme il avait toujours su le faire.
Il ne désirait pas tuer cette bête mais le ferait s'il n'avait pas le choix, il n'hésiterait pas. Que la bête fonce vers la célébrité et elle trouverait un impitoyable bretteur derrière elle et, si elle faisait le choix de la maman, alors elle signerait également son arrêt de mort. Fuir, fuir était la seule solution viable pour éviter à la bête de faire face à la férocité d'un samouraï défendant sa maîtresse.


Approche.

Approche.
   
   
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Jeu 11 Juil - 18:32

Le Parrain [13]


Elle pouvait ressentir la colère du sabreur. C’était une colère très justifiée, et elle n’avait rien à lui opposer : pour le coup, son caprice l’avait mise en danger, et pire… Il avait mis ses enfants en danger. Cette idée la révoltait, ses lèvres se pinçaient tandis que ses yeux s’embuaient de larmes. Elle serra le poing. Son souffle était court tandis que l’effort surhumain qu’elle avait produit venait de lui coûter une énergie hallucinante. Ses yeux se portèrent sur le dos du sabreur, et pendant qu’elle lisait en lui, ses yeux rencontraient progressivement ses pieds puis le sol. Elle se mordit la lèvre inférieure avant de prier pour qu’il réussisse, car il n’y avait plus que cela à faire : prier.

La bête en face sembla de son côté tristement se résoudre à l’affrontement. Ce n’était pas une option qu’elle envisageait : c’était la seule décision qu’elle pouvait prendre. Pour Lidy, les choses étaient claires : cette journée allait se terminer en de sang, pour le pire. Elle ferma les yeux, avec de se concentrer : il n’y avait plus rien qu’elle puisse faire. Le bruit lourd des premiers pas de course en sa direction se firent terrifiants. La créature s’avançait avec une vitesse mesurée, ignorant presque le sabreur. Sa mâchoire s’ouvrit, suffisamment puissante pour broyer le corps de l’épéiste… Mais quand la Olsen rouvrit les yeux, tout ce qu’elle put voir fut la bête au regard vide qui s’écroulait lentement au sol.

Pour Kyoshiro, ce n’était qu’un jeu d’enfant, bien sûr. Là où elle galérait, il était un guerrier et il valait cette réputation qu’on aurait pu lui prêter. Le soulagement se lit sur les traits de la Olsen qui sentait qu’elle n’aurait plus à s’inquiéter. Les hurlements des habitants continuaient, mais certaines fenêtres commenceraient progressivement à se rouvrir. La jeune femme ne comprenait pas comment elle avait fait pour être si imprudente. Margareth se dirigea vers la bleue, et observa qu’elle n’avait aucune blessure.

Brusquement, alors que la tension retombait, Lidy sentait son corps se relâcher. Elle se mordit la lèvre une nouvelle fois, mais ses yeux commençaient à s’humidifier. Elle se sentit trembler, et brusquement elle céda. Elle céda à sa pauvre situation qui était tout à fait hurlante de déception. Elle pleurait parce qu’elle avait mis en danger ses enfants, elle pleurait parce que ses hormones reprenaient le dessus sur son esprit logique. Ainsi, pendant une interminable ses pleurs parcoururent les rues et attirèrent les regards des passants.

- Je suis désolée… je suis désolée… ze suis bésolée… ze suis b… bésolée.

Plus elle pleurait, plus son mucus sortait sous le regard attendri de Margareth. Bien sûr, ces paroles ne s’adressaient pas à elle. S’adressaient-elles aux bébés ? S’adressaient-elles au père absent ? S’adressaient-elles à elle-même ou s’adressaient-elles à Kyoshiro ? Chacun pouvait le prendre comme il le sentait, mais elle les séchait progressivement quand un bruit sourd se fit entendre.

- Ma… man… Ma… man…
- C’est quoi ce monstre ?
Lâcha Margareth en reculant derrière Kyoshiro.

La créature se relevait progressivement, comme si la blessure infligée ne la tenait plus à terre. Elle était là, ses pattes bien ancrées au sol, mais son allure était faible. Elle risquait de mourir rapidement. Elle risquait de mourir si elle n’abandonnait pas : et cela, elle n’en avait pas l’intention. On lui avait sentir l’odeur de Lidy, et…

- Je crois que je comprends, dit la bleue en observant l’animal en face d’elle. C’est un Parel, une espèce d’animal qui peut traquer dès son plus jeune âge. Ils sont originaires du Nouveau Monde… Et c’est un fait peu connu, mais ils associeraient les odeurs à leur parent et seraient prêts à tout pour les retrouver.

Elle observa l’animal faible. Pauvre chose. Kyoshiro allait-il la tuer ? Serait-il plutôt versé dans le besoin de la faire survivre et lui offrir ainsi un temps précieux aux côtés de Lidy ?

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Lidy Olsen
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