-Concernant le projet de loi sur la gabelle et les subsides associés ? interrogea Iphicrate.

-Non, non, les magistrats fiscaux se chargent de reformuler le projet de loi afin de le rendre réellement viable afin que nous puissions en discourir à la prochaine assemblée des archontes, expliquait la bourreau de travail de la Ligue tout en farfouillant dans les parchemins et tablettes étalés sur son bureau. C’est concernant le mandat des curateurs des eaux pour l’Asphodèle et notamment les opérations de bonification pour les mois à venir. L’abrogation de la lotocratie concernant les magistratures nécessitant des habilités techniques est passé l’an dernier grâce aux soutiens des deux diarchies et il faut que je remette la main sur les documents d’accréditation des fonds magistraux de cette curatelle.

Plus le temps passait, plus cette éminence grise affirmait sa place de principale ministre d’Etat de la Ligue Egéenne de Milon. Elle était en effet l’instigatrice, l’inspiratrice et promotrice d'une politique économique interventionniste et mercantiliste, appelée « onassisme » puisque l’appellation de « colbertisme » est inconnu de ce monde. Dans ce cadre, elle favorisait le développement du commerce et de l'industrie hellène par la création d’entreprises et de manufactures qui bénéficiaient par leur intégration à la Compagnie Hellène des Indes Equatoriales des monopoles poliades qu’avait obtenu ladite compagnie. Au cours des deux dernières année, sa réglementation des secteurs économiques et commerciaux, amorçant une harmonisation à l'échelle de toute la Ligue, s’ajoute à son organisation de l’administration et de l’économie des territoires non akropolitain en accroissant les mesures protectionnistes. Sous la gouvernance de cette femme qui ne cessait jamais de travailler, l’essor d’Akropolis et de la Ligue semblai garantie, disposant d’une pleine indépendance financière et une autonomie certaine au sein de l’économie-monde. Même sur le plan militaire, une Armada puissante étant nécessaire à la sécurisation des voies commerciales de la Compagnie et à la défense navale des intérêts de la Ligue, sa Grande ordonnance de la marine de 1509, surnommée Code de l’Armada, qui codifie de façon complète les usages en matière de transports maritimes tant marchands que militaires.


-Si l’on vous dérange on peut repasser plus tard, souligna Mihael qui n’avait pas vraiment de temps à perdre, surtout alors que son activité commençait enfin à être véritablement rentable au sein de la cité volante.

-Un peu de patience voyant. Dame Phoenicia est suffisamment occupée pour que nous puissions attendre quelques minutes, répliqua Lycurgue.

-Deux minutes devraient suffire. Désolé pour l’attente, c’est véritablement urgent, souleva la femme d’Etat qui portait les institutions égéennes pratiquement à elle seule.

-D’ailleurs vous avez entendu ? Un navire au pavillon non identifiable approche de la ville, lança Mihael histoire de faire la conversation.

-Comment ça ? s’arrêta subitement l’Onassis. Iphicrate, va voir de quoi il en retourne.






La situation était périlleuse pour l’équipage de la Bête des Mers. La Méduse-Poulpe ne semblait pas vouloir lâcher sa prise et les camarades de Karim peinaient à affronter la créature déterminer. Pourtant, une aide salvatrice fini par se distinguer alors qu’un funeste destin semblait planer telle une épée de Damoclès sur la troupe de l’Ookami. Alors que les navires s’approchaient, il était facile de remarquer que cette flottille étrange sortait clairement du lot. Les voiles étaient d’une résistance bien supérieur à du simple tissu. La hauteur de ce qui pouvait semblait être un navire amiral le plaçait très haut au-dessus de l’eau, rendant le pont bien plus difficilement accessible pour un monstre tel que la Méduse-Poulpe. D’ailleurs, l’évidence frappait bientôt quand la multitude de harpons, qui étaient même partie intégrante de la proue des deux navires de taille moyennes, fut clairement visible : ces navires étaient spécialisés dans la chasse aux créatures marines. Comble de la chance, le drapeau de la Compagnie Hellène des Indes Equatoriales flottait fièrement au sommet des mats. En particulier, il trônait au sommet du Nodens une flamme de guerre de la Ligue Egéenne de Milon, c’est-à-dire un long drapeau triangulaire affichant le pavillon noir ligueur et qui signalait en particulier la présence de la personne dirigeant la flotte. Restait à savoir qui commandait.

Les colossaux harpons en titane à la proue du Sea Fighter et du Baleinier Noir se mirent en branlent et vinrent pourfendre deux tentacules de la Méduse-Poulpe. Les chaines de titane reliant les harpons à leur canon se mirent également en action pour permettre aux deux vaisseaux de s’approcher davantage de leur proie et, par la même occasion, de la Bête des Mers tout en gardant une distance de sécurité vis-à-vis de la mélasse dans l’eau. Ce rapprochement visait à employer la vingtaine de canons à harpons situés sur chaque bord de ces deux navires chasseurs de gros animaux marins. Mais bien entendu c’était l’immense Nodens qui était la menace la plus importante pour la monstruosité marine. Chaque bord de ce dernier était orné de quatre majestueux canons à harpons en titane, similaires à ceux de la proue des deux autres vaisseaux. L’un d’eux effectua un tir précis, l’immense harpon long de nombreux mètres vint pourfendre la surface océanique pour descendre droit vers la tête de la créature caché sous l’eau. Le rouge qui commençait à danser dans l’eau semblait signifier qu’elle avait été toucher, ce qui eu pour effet naturelle de rendre les mouvements de ses tentacules davantage vindicatif.