Je croise les bras en penchant la tête sur le coté, grommelant et pestant pas mal sur le coup.

- Erf... Oui, dit comme ça, c'est un bon argument. Bon la réciprocité est difficile à trouver, parce que je ne crois pas que ça court les mers des individus pouvant créer et manipuler des ondes sismiques comme tu peux faire...
Mais oui, je pense que t'as pas tort et qu'on devrait encore se préparer davantage pour le Nouveau Monde: les récents combats ont révélé trop de faiblesses pour moi et j'ai besoin de faire le point et d'un tantinet me rassurer, pour la suite des évènements.
Alors on fait comme ça, mais j'insiste encore sur le fait d'y aller doucement.

Je gratte distraitement mon menton, songeur:

- Euh... Je ne me suis jamais posé la question à vrai-dire. Après, c'est vrai que sur le coup, lorsqu'une explosion a failli engloutir mes troupes, j'aurai presque espéré pouvoir trancher les flammes, même si j'ai jamais essayé ce truc auparavant.
Mais ouais, ça serait sympa de voir aussi le potentiel de combinaison que l'on peut faire entre nos pouvoirs et ça changera d'un "bête" entraînement où on se tapera dessus sans réfléchir. Je pourrais créer des barrières de matière que tu exploserai à coups de séismes, pour projeter des éclats sur une plus grande surface que ce que je peux faire?
Mais oui, maintenant que tu en parles, ça nous permettrait peut-être individuellement de découvrir de nouvelles facultés de nos malédictions pour l'avenir.

Je peste encore un peu, lorsque Penny continue sur ce débat stérile sur moi et les compliments que je reçois trop souvent dans la figure.
Cependant, j'ai un rictus, alors que je ne peux m'empêcher de rebondir et saisir des perches tendues par Penny, pour essayer de retourner la situation:

- Ben... pourquoi je peux pas te complimenter alors? Moi aussi je veux que tu sois heureuse et ça me fait juste plaisir de te dire ce que je pense de ton utilité capitale pour l'équipage.
Mais non rassures-toi... je vais commencer à accepter vos compliments, si ça permet que vous m'en fassiez moins à l'avenir, ça me fera des vacances.
Et puis... eh, je suis pas pessimiste, juste réaliste sur le fait que je fais des erreurs par moments et que je fais juste mon travail.
Ou alors je dois te coller et te complimenter à chaque opération, même soigner un ongle incarné?

- Je te fais confiance, officière médicale et moi je tâcherai d'y aller doucement avec mes lames et de tester divers degrés d'attaques, pour te jauger et jauger aussi mes propres coups.

Mais oui, plus j'y pense et plus je me dis que j'aurai tort de refuser plus longtemps encore de l'entraînement avec d'autres collègues, malgré la peur de mes propres armes.
Maintenant que j'y pense... peut-être que si je m'étais entraîné plus tôt avec Penny, voire Sakuga, j'aurai peut-être compris mes limites plus rapidement et j'aurai su mieux gérer ce "Haki", voire ce O'Bone. Hum... oui en fait non, vue la pression ressentie devant cet assassin, je crois pas que j'aurai pu faire mieux, alors que mon capitaine était déjà sacrément malmené.

- Hum... Oui, je pourrai essayer de voir ça avec lui, ça semble si simple à générer avec une lame, que je pourrai tenter de faire ça avec mes ciseaux. Et puis ça me donnerai une option à distance, chose qui me manque un peu, par rapport à ce que je fais en majorité, à savoir du combat rapproché.
Oui, j'ai hâte aussi, ça me manque en vrai de travailler avec les autres, tellement je me suis trop habitué à m'isoler avec mes lames.

Je bloque un moment sur la réponse de Penny, qui parle... et parle... et en vrai je me rends bien vite compte que... elle me prend complètement pour un abruti là?
Je pose mon coude sur mon genou, calant mon menton sur ma main, toisant l'officière médicale d'un air neutre et aussi légèrement sévère, avant de soupirer longuement:

- C'est bon t'as fini?
Ok pour la cuisine et la bière, même si pour ce point-là, j'ai peur de voir une Penny ivre morte, mais c'est un détail. Le ménage et la lessive... Ok, mais tu surveilles mon poste de vigie à la place, à-moins que tu aies le vertige? Les courses, je passe mon tour, tu serais capable de me faire y retourner, juste pour m'asticoter, en disant que j'ai oublié ou pris un mauvais truc.
Sérieusement Penny, maintenant que tu m'as parlé et que j'ai pris conscience que tout n'est pas rose non plus pour toi, me dégages pas comme une vieille chaussette.
Je vais pas te coller non-plus, je sais que ça risque d'empirer les choses, mais juste... rappelles-toi qu'en cas de soucis ou juste de besoin de parler, je suis là, d'accord?

Je hausse un sourcil, après un léger sursaut de surprise, étonné d'entendre Penny hausser le ton par rapport à... l'alcool? Eh ben, encore une fois, c'est un truc que je ne voyais pas venir de sa part.

- Ouah, je pensai pas que t'étais autant portée sur ce truc. J'espère que t'as pas pris un coup de gnôle pour te détendre entre deux opérations.

Bien sûr, c'est purement plaisanterie que je sors, je me doute qu'elle est très professionnelle sur ce qu'elle fait et qu'elle ferait jamais ça, c'est juste parce que je prends vraiment goût à la taquiner.

Je roule des yeux, lorsqu'elle m'affuble du sobriquet de maman: elle essaie encore d'esquiver le sujet, avec de genre de plaisanteries. Cependant, elle ne sait pas que j'avais déjà harcelé ma sœur des semaines, des mois durant après cette fameuse soirée où ce dégénéré s'en était pris à elle.

- Oh ne t'en fais pas, je comprends bien. Même moi je galère parfois à bien parler ou à faire une discussion soignée... enfin ça dépend quand-même des cas. Ici, ton bien-être me tient fortement à cœur, donc je me pousse à toujours en parler davantage et à essayer de t'aider au mieux.
Cela dépend toujours du sujet, mais je sais être sérieux et même bavard, quand ça touche à quelque chose qui me tient à cœur ou que quelqu'un que j'apprécie est intégré dans la conversation, comme ici.

Je lève les yeux au plafond, réfléchissant un peu, avant de rigoler doucement:

- Ah, moi aussi j'aimerai que l'ambiance reste légère, que je puisse plaisanter et passer du bon temps avec les troupes et j'arrive à le faire de temps en temps...
Mais le fait est que je me suis enfermé dans une cage de "sérieux" dont je peine à sortir par moments et j'ai conscience que l'on me considère comme "coincé".
Le truc, c'est qu'il y a d'abord eu les réflexions que j'ai eu depuis mon entrée à la Marine, avec de vieux supérieurs me traitant comme un enfant et me bougeant d'un coin à l'autre, plus pour ne pas s'occuper de mon entraînement. Certes, j'avais seize ans, quand j'ai entamé mon parcours dans l'armée, mais parfois, j'avais la sensation d'être traité comme si j'en avais huit, c'était parfois frustrant.
Après, il y a tellement d'autres trucs me poussant à être plus sérieux: le fait d'avoir des troupes à gérer et donc de leur montrer au-mieux l'exemple et veiller chaque jour à ce que chacun survive aux missions, le fait d'être dans cet équipage de prestige et de vouloir montrer que j'en suis digne...
Je sais que je me fiche une sacré pression assez inutile sur les épaules, mais je peux difficilement passer outre, parce que j'ai toujours procédé ainsi et c'est compliqué de changer une façon de faire que j'ai accumulé au fil des années.
Mais non, pour en revenir à ça, tu n'as pas non-plus besoin de sortir de grandes litanies bien construites sur tes soucis, juste à en parler et ne pas les laisser s'accumuler en toi.
Et je serai content quand tu sauras parler de tes soucis ou tes réussites par toi-même, sans que l'on aie besoin de te cuisiner comme je le fais depuis je sais plus combien de minutes.

Je soutiens son regard un temps, alors qu'elle s'empêtre dans de drôles d'explications, qui deviennent un bourbier de mots incompréhensible.

- Euh... Je ne suis pas de l'inspection du travail tu sais? Je sais que même mon père buvait un verre ou deux vers la fin de soirée, même quand il était encore à son cabinet, pour gérer une bagarre de taverne qui avait mal tourné.
Et puis bon, je te vois gérer de temps à autres tes patients et j'en sais suffisamment pour voir que tu fais toujours consciencieusement les choses donc tu n'as pas besoin de te justifier: je sais bien que tu es une doctoresse de talent.

Hum... elle a tendance à paniquer facilement en vrai, quand on parle de choses semblant assez graves, même si dans ce cas, je restais assez sur la plaisanterie ou que je ne m'en souciais guère, parce que comme dit plus tôt, je sais qu'elle est sérieuse à l’œuvre.

Je grimace et pars dans quelques secondes de grommèlement, pestant contre moi-même et mes souvenirs de mes premières années.

- Erf... Tu es de quelle Blue en fait? Parce que je ne sais pas si tu connais East Blue, mais... c'est très très calme comme mer et ça a un peu une sale réputation pour les soldats et vieux supérieurs. On dit que c'est là qu'on "balance" les unités soit peu compétentes, soit trop "usées", soit dont on veut simplement se débarrasser.
Alors bon, de mes interactions avec les quelques soldats avec qui j'ai travaillé, je sais que les bas-rang faisaient front commun contre une majorité de supérieurs désabusés de leurs rangs.
Je me rappelle de profonds soupirs et de roulements d'yeux de la part de mon supérieur, quand je rentrais d'une patrouille agitée où je recevais quelques coups d'une bande de fêtards ivres. Il me disait que je devais mieux gérer la situation de conflit par le dialogue, comme il m'avait montré... sauf que je lui répondais qu'il m'avait rien dit, ou simplement dit de patrouiller ce secteur et revenir le soir. Juste après il se renfrognait, en me disant de mieux lui parler et me renvoyait à la caserne et en général, je me faisais dégager sur une autre île quelques jours plus tard.
Bon, heureusement, j'avais parfois de bons supérieurs qui m'apprenait le métier, mais c'était une fois sur quatre, donc c'était un tantinet galère.
Tiens, tu sais qu'un supérieur voulait récupérer mon fruit du démon, après que je l'ai récupéré des mains d'un capitaine pirate? Ce lieutenant était mon supérieur, quand j'étais sergent-chef et plutôt que partir à cette mission, il m'avait dit de prendre ses troupes et de partir faire tout le boulot.
Lorsque l'on est revenu de la mission, il était plus occupé à compter les sous et contempler le butin que l'on avait récupéré sur place qu'à nous féliciter de la réussite de l'opération. Les soldats de la base ont récupéré le fruit, pour me le donner, préférant le donner à un supérieur ayant bossé, plutôt qu'à l'autre.

Je soupire doucement en levant les yeux au ciel de nouveau: maintenant que j'y repense, j'avais parlé de revenir les voir après, surtout à la suite d'un rapport assez salé que j'aurai fait sur le lieutenant... mais je n'ai pas pu, ni osé. Un jeune sergent-chef qui charge un lieutenant comme ça, ça aurait ouvert une procédure juridique trop complexe et j'aurai été obligé de mouiller les autres soldats, faut de vrai dossier sur ce lieutenant... Peut-être que maintenant que j'ai un meilleur grade et clairement plus d'assurance, je pourrai y retourner plus sereinement et m'acharner à dégager ce lieutenant, s'il n'a pas changé d'attitude ou n'est pas déjà parti.
Perdu dans mes pensées, je tique cependant sur un détail, enfin quelque chose dont je n'avais en fait jamais parlé avec Penny:

- Au fait, je t'ai jamais demandé quel a été ton parcours au sein de la Marine. Je me rends compte que maintenant que je cause trop de mes années dans la Marine, mais et toi? Ça fait combien de temps que tu es dans la Marine? Pour quelles raisons?

Je hausse les épaules:

- Bah, vu comment les soldats parlaient de lui, il l'aurait revendu au plus offrant: je connais pas le prix exact, mais les fruits du démon semblent être assez couteux.
Mais oui, même si j'avais assez peur au début, j'ai vite appris et apprécié avoir ce pouvoir et je ne regrette plus de l'avoir pris pour moi.

Je bloque sur les propos de Penny... avant de baisser la tête légèrement, la mine un peu sombre: seulement un an? Et elle a le même grade que moi, qui suit dans la Marine depuis cinq ans... J'ai tellement perdu de temps sur East Blue, à me faire trimbaler de base en base, sans aucune vraie évolution! Si j'avais intégré Unité plus tôt, est-ce que j'aurai le même grade qu'aujourd'hui? J'ai des doutes franchement! Mais au secours quoi!

- La vache... Je sais plus si du coup c'est entièrement de la faute de mes supérieurs ou si c'est moi qui me suit trop habitué à ne pas bouger en grade... mais t'as progressé autant que moi en cinq fois moins de temps, tu es un vrai génie en fait.
Ah oui, j'imagine bien: tu as le plus puissant Paramécia existant donc ça doit faire hausser quelques sourcils... après, c'est pas rien non plus, une directrice de Cipher Pol et un Amiral, sans oublier qu'à coté tu as Sakuga. C'est certain que si tu étais plus portée sur le terrain, au lieu d'être notre officière médicale, tu aurais peut-être encore plus monté en grade et te serait plus faite remarquer.

Je souries en réponse à Penny:

- Hé hé, je comprends parfaitement ce que tu ressens. Quand j'ai eu cette proposition pour intégrer Unite, j'avais le même sentiment que ce n'était pas une occasion à manquer.
Et chaque jour je ne regrette pas d'être venu ici, parce que j'ai plus appris en quelques qu'en quelques années et je me sens pleinement intégré à la Marine par vous.
Je ne sais pas trop ce que tu cherches à faire ou être, au-delà de l'excellente doctoresse que tu es, mais j'espère que tu as l'impression d'au-moins t'en rapprocher, en plus de savoir comment réaliser ton rêve.

Je secoue la tête négativement:

- Non, sérieusement, je le pense vraiment et j'invente pas pour te complimenter plus que de raison.
J'entends rarement parler de parcours élogieux d'un Marine, mais toi, tu fais clairement partie de la catégorie supérieure, surtout que tu as un poste prêtant plus à l'arrière-plan qu'au vrai terrain et pourtant tu as pris rapidement du galon.

Clairement, elle n'a pas à rougir du parcours qu'elle a pu entreprendre et en vrai, plutôt que la jalouser, je l'admire d'avoir pu autant faire en si peu de temps. Certes, de mon coté, ma carrière a assurément bondi, depuis que j'ai intégré cet équipage, mais elle a clairement fait plus que moi.

Je dodeline légèrement de la tête:

- Erm... Alors quand j'ai parlé d'aller plus sur le terrain, c'était plus une observation qu'une idée. Ce serait dommage que notre officière médicale délaisse les soins pour le combat, surtout si derrière tu risque de te blesser et que ça impacte les soins des unités par la suite.
Après, je ne vais pas non-plus t'empêcher de faire ce que tu veux, tu es mon aînée et mon égal en terme de grade, donc ma parole n'est aucunement supérieure à la tienne. C'est juste qu'il faudra anticiper les changements causés par une plus grande participation aux combats de ta part et je suis prêt à aider pour ça, si ça te permet de t'améliorer à ta convenance au combat.

Maintenant que j'y pense, c'est un peu mesquin de mettre sur la table la santé des troupes et membres d'équipage nous accompagnant, mais en vrai, il faut penser collectif et actuellement, je m'en voudrai d'impacter les soins d'Unite par cette discussion. Après, je ne veux pas non-plus freiner Penny dans sa volonté de faire plus pour elle et pour les autres et si ça implique d'aller plus sur le terrain... eh bien soit.
Et puis, clairement, il ne faut pas sous-estimer son pouvoir ou son entraînement et je suis certain qu'elle saura faire des ravages sur le terrain.

Je penche la tête sur le coté, interloqué par la réponse me paraissant à la fois rapide et peu détaillée de Penny.

- Hum... Au fait, je ne sais pas si c'est indiscret, mais tu voudrais faire quoi à terme? Tu t'imagines toujours être dans Unite à la fin de ta carrière?
Personnellement, j'ai toujours dans un coin de ma tête le souhait de revenir m'installer à East Blue, peut-être en tant qu'assistant pour le Vice-Amiral superviseur de cette mer, pour aider la zone dans tous les sens et autant que possible.
Après, je dis ça mais... j'ai aussi des craintes par moments, en voyant les ravages causés par certains ennemis dans des îles et je voudrai aussi éviter qu'ils amènent cette destruction directement sur East Blue donc bon, j'hésite à rester dans Unite et continuer à "intercepter" ces types, avant qu'ils n'aient l'idée de causer des ravages dans les Blues.

Penny reste silencieuse à ce que je raconte sur elle et son parcours et j'avoue ne pas trop savoir quoi penser sur l'instant de ce mutisme, ne distinguant pas non-plus de changement chez elle.
Hum... mais je me remets cependant les idées en place, me rappelant qu'il fut un temps, c'était moi qui coinçait devant les compliments il n'y a pas si longtemps et que maintenant, j'en fais autant que Penny et Sakuga.
Bon après, je ne fais pas tellement ça pour les asticoter, plus pour les complimenter sincèrement.

- Ah oui, c'est vrai qu'il travaille aussi à l'infirmerie et qu'il seconde pas mal Sakuga, il aura aussi matière à aider à restructurer les choses.

Après je dis ça, mais... je me rends compte que je connais au fait bien peu de choses des autres membres de l'équipage, hormis Penny, celle avec qui je passe le plus clair de mon temps, au sein d'Unite. Je connais les évidences sur ce possesseur de Logia, son lien de famille avec Sakuga, mais en profondeur absolument rien et c'est pareil pour le reste du groupe.
Erf, je crois m'être trop habitué à une époque à rester seul dans mon coin, sachant que de toute façon, j'aurai été dégagé d'ici une semaine ou deux... sauf que c'était sur East Blue ça. Les choses ont clairement changé quand je suis arrivé ici et ça fait déjà plusieurs mois que je travaille avec les mêmes personnes et que... je n'en connais quasiment rien.

Cependant, je tique sur quelques propos de Penny, ayant du mal à comprendre sur l'instant où elle veut en venir:

- Euh... c'est quoi le rapport entre ma vie personnelle et le fait de revenir sur East Blue?
... Ah!?! Comment ça ma propre famille? J'en ai déjà une qui m'attend, je vais pas en créer une par moi-même!

Étant parti très jeune de mon île natale, je n'ai jamais eu ce genre de débat avec mes parents (et en vrai je crois qu'ils s'en moquent), sur mon avenir "personnel" et j'ai toujours rangé ça dans un coin de ma tête... Au fait non, j'ai surtout jamais eu l'idée d'y penser, tellement je m’investissais chaque jour qui passe dans le travail! Avoir une femme, des enfants, une belle-famille... tout ça ne m'a jamais traversé l'esprit et maintenant que Penny l'a mentionné, ça commence à s'insinuer dans mon esprit. Je chasse tout ça au plus-vite: allez on change de sujet, on trouve un truc pour esquiver la question et... EH!?!
Qu'est-ce qu'elle joue les Cupidon maintenant, à parler de me caser avec une des filles de l'équipage!?! Mais on va se calmer là, on sort complètement de la discussion! Je m'acharnais pas mal à parler d'elle, pour arrêter de parler de moi, parce que j'avais l'impression de trop commencer à causer que de ma pomme... et elle revient à la charge sous un angle complètement inattendu.
Certes, la colonelle Güttenberg est très douée en tant que bretteuse... et aussi jolie... et je crois qu'on a sensiblement le même âge et... OUAH! On va se calmer et renvoyer au plus-vite cette conversation à la figure de Penny, parce que là je vais imploser de gêne!

Ayant viré au rouge cramoisi en une fraction de seconde, je plonge ma tête dans mes mains, ayant l'impression que de la fumée va me sortir des oreilles:

- Je... euh... Tu... Tu rigoles j'espère?!? Je suis le type le plus lambda des lambda et elle travaille quotidiennement avec un ange, pas moyen qu'elle s’intéresse à moi!
Je... enfin... Et toi alors hein?!? Tu parles de ça si facilement, c'est que t'as des projets de ton coté: tu prévois de te caser et avoir une famille aussi?

Allez vite, renvoyons la patate chaude à Penny, avant que je m'écroule d'embarras, ou sous la médication, je sais plus trop où j'en suis là.

J'ai vraiment l'impression d'envoyer des brindilles sur un bouclier de diamant sur l'instant: Penny renvoie chacun de mes "argument" en pleine figure m'enfonçant davantage dans le stress et l'embarras.
Argh, je penserai à me couper la langue d'un coup de ciseaux, la prochaine fois que je voudrais lui parler de... ce genre de trucs!

- Au secours, ce pauvre gosse aura la pire des vies... J'ai pas la mentalité ou la compétence d'un père ou mentor, c'est complètement débile de penser ça et ça rime à rien du tout...

Sérieusement, j'ai à-peine plus de la vingtaine, j'ai autre chose à penser que ces trucs "accessoires", je dois vite clore cette discussion et passer à autre... eh non!
Pourquoi Penny continue à entretenir ce genre d'espoirs dans ma cervelle? Les seules fois où mon esprit dérivait sur ce genre de choses sentimentales, la réalité me rattrapait et me flanquait un bon revers, pour me rappeler: non tu n'es rien et tu dois apprendre à rester à ta place, bien en solo!

- Oh misère, on croirait entendre ma mère quand elle parlait de mon père, qu'elle trouvait simple et attachant... mais non, juste non, ça n'a rien à voir en fait. Mon père sait tout faire mieux que moi et je suis qu'un gosse inapte à la vie sociale et encore moins amoureuse, faut juste que je continue à rester sur cette ligne de conduite et tout le monde sera content.

Je bloque un temps sur ce que me dit ensuite l'officière médicale... et je me rappelle alors d'une précédente discussion que l'on avait eue, alors qu'elle me parlait de son passif assez "compliqué" et je la lui en refais parler...

Je grimace, avant de joindre mes mains, les baisser un peu... avant de m'asséner un rapide et sec coup de marteau-pilon sur le front, me faisant grimacer de douleur:

- Argh... mais quel con fini à la bouse je suis... j'avais complètement oublié ça et je te le fais en plus rappeler, je suis le dernier des sacs à purin sérieusement...

Je reste silencieux, avant de me décider à revenir à la charge, mais cette fois avec un balai, pour tout flanquer sous le tapis et en finir avec cette histoire:

- Mais... mais non, de toute façon je ne suis pas intéressé du tout par cette histoire. Je suis très bien comme ça et je dois juste... apprendre à la fermer et arrêter de parler de ses bêtises. Ouais c'est ça, je vais juste faire comme toi et me concentrer sur ma carrière et tout ira très bien...
Non non mais sérieusement, laisses tomber ce truc, ça va nous mener nulle-part, allez, on reprend comme avant et on laisse tout sur le coté, parce que ça ne sert absolument à rien pour moi!

Je soupire longuement en grommelant pour la fin, massant mon front un peu rougi par le coup, alors que mes joues sont encore pas mal rouge cramoisi.
Oh punaise... J'ai les boyaux et le cœur tout retournés sur l'instant, c'est une sensation vraiment désagréable et j'espère que tout ira mieux, après que je me sois renfermé dans l'entraînement, après un bon moment de repos.

Je me mure complètement mentalement, alors que quelques appréhensions anciennes naissent dans mon esprit, me faisant me rappeler à quel point c'est "normal" que je parte autant dans tous les sens, juste en parlant de ce genre de choses, de... l'avenir.

Je reviens à la surface, en massant mon front de nouveau, observant le geste de Penny, avant de doucement lui saisir une de ses mains:

- Non mais j'ai surtout très mal réagi à tout ça, alors que j'ai pas à me mettre non plus dans des états pareils.
Cependant... le fait est que ça me terrifie ce genre d'avenir, où j'aurai encore plus de proches à défendre. C'est... c'est vraiment atroce à dire comme ça, mais je pense que je me sentirai plus impacté d'apprendre la mort d'amis ou membres de ma famille que d'inconnus.
Je m'effraie parfois à imaginer la réaction de ma famille, s'ils apprenaient ma mort par le journal ou un simple communiqué ou appel Den Den Mushi. Ou alors l'inverse, moi qui apprends que des pirates ont encore attaqué la petite Shimotsuki... sauf que cette fois... ils sont allé plus loin sur la destruction et que...

Je frissonne fortement un temps, avant de secouer vivement la tête, pour essayer de me reprendre:

- Unite est particulier, parce que je suis tous les jours avec vous, sur le bateau ou en opération, donc je ne peux pas ne pas me rapprocher de vous et essayer de faire au mieux pour que la mission réussisse, quitte à m'esquinter la santé. Parce qu'entre le fait que Unite m'a sortie d'une spirale d'inactivité et d'absence d'avancement sur East Blue et que... j'aime chacun d'entre vous... bon... possiblement certaines personnes plus que d'autres je ne sais pas comment ça marche... Mais voilà, je ne peux que m'acharner à la tâche, pour protéger chacun d'entre vous, tout en veillant quand-même à ma propre survie, parce que je me doute que pour toi, Sakuga et d'autres, la mort d'un nakama serait une perte atroce et je m'en voudrai d'être témoin ou directement victime de cette mort...

Je soupire longuement, après une longue inspiration:

- Arf... Vraiment désolé d'avoir plombé l'ambiance ainsi... On parlait de choses bien plus joyeuses et j'ai tout flingué...
Hum... Alors on en était où avant tout ça?

Bon dieu, je suis tellement parti dans tous les sens, tel le gamin que je suis encore. Ou alors parce que je n'ai pas tant l'habitude de parler aussi longtemps avec quelqu'un? C'est vrai qu'avec Penny, j'atteins des records de durée en terme de discussions.
Bon, allez, là encore je dois trouver un moyen d'estomper tout ce qui a été dit dans les dernières tirades, pour remettre l'ambiance au beau-fixe! Alors... de quoi on parlait déjà...

- Ah oui, pour changer de sujet... je suis plus axé sur... les femmes, tu vois?
Non parce que si tu commences à te poser la question, avec ma proximité avec Sakuga, tu risques de t'imaginer des trucs, donc autant clarifier les choses.

Je frictionne ma tignasse quelques secondes, avec un sourire assez crispé quand-même, ayant encore en tête les images un peu "cauchemardesques" emplissant mon esprit depuis que j'envisageai la mort comme "possible" à Unite ou dans mon entourage.

J'ai l'impression de flotter par moments, de me sentir à la fois plus léger et plus libre, dans ma façon de parler et surtout d'avouer les choses... ah oui, le médicament de Penny.
Je n'ai pas du tout compté le nombre de minutes s'étant écoulé entre sa prise et le moment présent, mais en vrai, avec du recul, je me dis que je dois être assez proche.
Cependant, je me sens aussi obligé de continuer à parler, à écouter l'officière médicale, comme si j'avais besoin d'avouer quelque chose, de vider mon sac. J'imagine qu'on ne peut juste par retenir indéfiniment ce genre de pensées en soi.

- J'ai l'impression d’entendre en écho tout ce que tu me dis... et non ce n'est pas ton médicament qui fait effet.
Le truc, c'est que j'ai conscience de tout ça, que les gens ne sont pas juste bons à être protégés et moi à être un pan de mur que l'on bouge par-ci par-là. Je vois bien ici les différents profils peuplant Unite et qui pourtant luttent majoritairement pour la même cause.
Mais... je crois qu'avoir vu des supérieurs oisifs ou désabusés, après des années de bons et loyaux services, parfois avec des commentaires très élogieux de leur passé... je me dis que je ne veux pas finir comme ça. Je ne veux pas relâcher mon niveau de vigilance et d'exigence, parce que baisser sa garde pourrait signifier le chaos ou des blessures qui auraient pu être évitées. Je le sais, mon esprit me le crie parfois que je dois relâcher la pression pour ne pas imploser... mais je ne peux juste pas.
Parce que ce sont des vies que l'on sauve partout où l'on va, pas de simples bibelots qui peuvent être cassés et remplacés par la suite. Je bloque toujours devant les situations chaotiques dans lesquelles on est, avant de passer un peu en "mode automatique", où la seule consigne que je me donne est "sauves-en le plus".
Erf, j'ai parfois envie de croire certaines personnes me disant que je finirai par mourir jeune, avec toute cette pression et volonté à me jeter constamment entre le danger et les autres... mais je dégage aussi -vite tout ça de mon esprit, pour me recentrer sur l'instant présent et mon travail.

Cependant, là encore Penny rebondit sur une occasion de m'embêter et détendre l'atmosphère, en parlant de ce sujet que j'ai lancé malgré moi, alors que je ne sais même pas si elle était sincère dans sa volonté de... "m'aider" sur ce terrain sentimental.
Je baisse la tête, en grommelant un peu, mais aussi en réfléchissant.

- Je... En vrai, le physique m'importe peu, je préfère encore qu'elle aie un mental à toute épreuve et que l'on puisse se soutenir mutuellement, même dans les épreuves du quotidien, un peu comme ce que tu me disais à l'instant, concernant les proches pouvant lutter par eux-mêmes.
Parce que bon, l'inverse, à savoir une princesse sans défense à protéger... j'ai déjà l'impression que tous les civils que l'on sauve sont dans ce cas, alors j'aurai besoin de me changer les idées dans le coté "personnel".
Et pour le speed-dating, laisses... oh et puis zut, fais comme ça te chante... Plus ça va et plus je fatigue et peine à te trouver des arguments pour esquiver ce sujet.

Je grimace, encore pas mal gêné lorsqu'elle braque à nouveau un projecteur sur moi... mais en fait non, il faut que je me calme et que je réfléchisse plus posément à tout ça.
Elle parle surtout des autres et d'elle qui tiennent à moi, ça n'a pas à voir avec le fait de me complimenter pour tout et surtout pour rien. Il faut vraiment que j'arrête de bloquer comme ça tout le temps et apprendre à faire la différence dans ce que l'on me dit.

- Merci Penny. J'imagine que j'ai encore pas mal de mauvais souvenirs à balancer par-dessus bord, pour pleinement me tourner vers le présent et l'avenir. Genre, j'ai l'impression d'avoir encore un sacré boulet du passé au pied, qui me rappelle à mon ancienne situation.

Je pouffe de rire, massant ma tempe de ma main libre distraitement:

- Oui, effectivement, tu es très perspicace et tu as su lire en moi et m'aiguiller comme une cheffe: Sakuga aura du soucis à se faire, si tu entreprends un jour de devenir capitaine, parce que je voterai pour toi sans hésiter, hi hi.
Mais bon, ça implique aussi que je doive reste aussi efficace pour Unite et en vrai, la Vigilance aura du mal à le rester, s'il continue à se prendre la tête avec le passé.

Je réfléchis en dodelinant de la tête un peu... parce que j'arrête très vite, commençant rapidement à sentir un léger vertige, comme un tangage. J'ignore si mon esprit avait bloqué la médication, tellement je me concentrais sur la discussion avec Penny. Clairement, je vais devoir lâcher prise: et puis bon... on aura d'autres occasions pour discuter.

- Ah oui, c'est sûr... mais bon, petite astuce due à mon petit vécu et en me connaissant pas mal: il ne faut pas hésiter à me pousser à l'arrière-train, surtout quand je pars sur un tout nouveau terrain, et pas forcément parce que ça me stresserait.
Mais bon, comme je te l'ai dit, je préfère encore y aller doucement que pas du tout ou trop d'un coup, donc bon, tant que tu ne m'arranges pas vingt rendez-vous en une journée, ça devrait le faire... enfin je crois... Parce que bon... en vrai, tu fais partie d'une des rares femmes avec qui je parle aussi couramment et encore plus tranquillement. Après, c'est aussi que l'amour, je n'ai jamais pensé à ce truc, jusqu'à ce que t'arrives et me balance tout ce chapelet de bêtises faisant dérailler mon cerveau ha ha...
Oui, tu as raison, je commence à être pas mal dans le flou là, je vais déposer les armes et me reposer, surtout qu'on devra après préparer le départ.
Et puis bon, ça laissera des sujets de coté pour une nouvelle discussion, dans un cadre potentiellement plus tranquille et où tu seras moins occupée.
Merci encore Penny, c'est toujours super sympa de discuter avec toi.

Je rigole doucement.
Ah, Penny qui voudrai faire ce genre chose à Sakuga, je n'arrive pas l'imaginer, tellement les deux sont inséparables et j'ai aussi l'impression que Penny aime avoir un certain équilibre dans ses responsabilités et que son poste actuel lui convient.

- D'accord, mais il faudra attendre que l'on soit au point pour un éventuel combat, parce que je pense que notre capitaine refusera de laisser son siège à quelqu'un ne pouvant pas lui tenir tête, voire le vaincre.

Je ne réagis pas sur sa réponse concernant le fait que je devais relâcher la pression, pour continuer à être à la hauteur de mon poste de vigie et aussi de "principauté de la vigilance", je pense qu'elle a très bien clôturé ce sujet. Elle a bien œuvré en tant que médecin et aussi psychologue, parce que je me sens bien revigoré mentalement et pour le coté physique, même si je n'avais pas de blessure sérieuse, je sens quand même un certain poids avoir quitté mes épaules.

- Hum... oui, tu n'as pas tort... mais bon, après, te connaissant, j'ai déjà l'impression que je vais devoir préparer l'enterrement de ma vie de célibataire au cas-où, ha ha...

Je rougis encore un peu, à l'idée d'imaginer une femme dans ma vie... mais je chasse bien vite cette pensée de mon esprit, le brouillard envahissant bien vite ce dernier; mon corps me lâche peu à peu.

- Merci Penny et bon courage.

Sur ces mots, je ne traîne pas et m'allonge, mon esprit ne semblant attendre que ça et deux bonnes minutes plus tard, le sommeil m'emporte complètement dans un trou noir et à vrai-dire... ça fera longtemps que je n'aurai pas eu un sommeil aussi lourd et "détendu".