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[Solo Présent] I. Eisoptrophobia
Penelope Ainsley
Éclats de Rose
Penelope Ainsley
Messages : 356
Race : Humaine

Feuille de personnage
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Berrys: 495.718.000 B
Mar 27 Déc - 20:46
Eisoptrophobia

ft. Penelope Ainsley & ???


/ɪsɑptɹəfowbiə/
Noun
eisoptrophobia (uncountable)
1. The fear of seeing one’s reflection in a mirror.


Il mourrait d'ennui, comme d'habitude. Las, son regard ne se souciait même pas du breuvage qu'il avait pourtant commandé et payé. Il détonnait en ce petit bar, cette fumerie vraiment, où de nombreux malfrats sales et parcourus de tatouages comme de cicatrices aimaient se regrouper pour profiter du chant océanique d'une femme poisson à la voix agréablement grave et langoureuse. Lui ne consommait rien. Il attendait, tout simplement, soupirant de temps à autres lorsque le bruit ambiant le tirait hors des méandres de son esprit. Lorsqu'il était dérangé par quelque chose qui ne méritait pas son attention. Son partenaire d'affaires n'avait pas daigné lui faire l'honneur de sa présence, préférant lui faire faut bon et, par conséquent, s'était garantis un destin qu'il aurait grand mal à assumer. S'il avait été meilleur homme d'affaire sans doute que notre mystérieux individu aurait été contrarié par ce défaut de paiement. Pour lui, néanmoins, ce n'était qu'une occasion de plus de se défouler. De chercher, en vain, à déjouer cet ennui de tous les instants qui lui collait à la peau. Quoi qu'il n'aurait peut-être pas besoin d'attendre de lui mettre la main dessus pour avoir une raison de sourire...

C'est avec une curiosité pourtant apathique qu'il constata qu'un petit groupe d'hommes armés venait de l'entourer, attirant au passage l'attention des autres clients qui, pourtant, ne donnaient pas l'impression de vouloir s'en mêler. Les réguliers le connaissaient tous, après tout. Le rouquin s'était fait une réputation au fil du temps et, mis à part ses clients, la majorité préférait éviter d'interagir avec lui purement et simplement. Songeur, il avait détaillé les inconscients calmement, sans les reconnaître. Peu étonnant, ils ne pouvaient qu'être de nouveaux venus qui avaient dans l'idée de se faire des ennemis. Pirates ? Non. Chasseurs de primes.

« Penelope Ainsley ? Tu vas nous suivre sans faire d'histoire, sinon !! »

« Qui ça ? »

Demandait-il d'une voix bien trop masculine pour appartenir à une Penelope, à la grande surprise du petit groupe. Confus, ils baissèrent leur garde alors que le jeune homme se levait, achevant de briser l'illusion de par sa silhouette, grande et svelte, qui mettait leur erreur à nu sans même qu'il n'ait besoin d'ajouter autre chose. Se grattant l'arrière de la tête, celui qui avait pris la parole sortait une affiche froissée et tachée de sa poche, plissant les yeux et la retournant dans tous les sens avant de comparer le portrait avec la tête du rouquin qui lui faisait face. Les autres attendaient son verdict, tendus comme des arcs et prêts à lui faire la vie dure pour avoir commis une telle bévue.

« Mais j'étais sûr... j'suis désolé les gars, mais y'a une vraie ressemblance r'gardez ! »

Une main agile le devança, lui arrachant le papier des mains pour mieux en prendre connaissance d'un oeil soudainement intéressé. Les chasseurs de prime échangèrent un regard, incertains, et les hommes de main firent signe à leur présumé chef de reprendre ce fichu bout de papier, impatients qu'ils étaient de quitter les lieux avant d'avoir de vrais ennuis. Pas de chance pour eux, néanmoins : il était trop tard pour ça.

« Allez on va reprendre ça et ap— »

Le coup était partit trop vite pour être vu. L'homme qui l'avait asséné n'avait même pas détourné son regard de l'affiche, pas plus que son expression n'avait été dérangée par cette attaque soudaine visant le foie de son interlocuteur. Le chasseur s'était plié en deux, crachant tripes et boyaux en agrippant la table en panique, cherchant à récupérer son souffle. Ses camarades n'attendirent pas pour réagir, bien qu'ils auraient sans doute eu mieux fait d'y penser à deux fois avant de brandir leurs armes en tout genre. Celui qui ne cherchait qu'à déjouer l'ennui n'eut besoin que de quelques coups bien placés, visant tantôt les nerfs ou certains organes et points de pression facilement accessibles, pour les faire se contorsionner au sol comme des bretzels. Il n'avait même pas sué. Ni son souffle ou son rythme cardiaque n'avaient été dérangés. Récupérant un sac de toile de sur la chaise voisine à celle qu'il occupait jusqu'à récemment, il se dirigea pensivement vers la sortie. Ce visage, ces cheveux... Oui, l'erreur du chasseur de prime était en tous points compréhensible. Ce n'était pas un avis de recherche, c'était un miroir.


[Solo Présent] I. Eisoptrophobia Wanted15


« Peut-être que je devrais me faire une tresse moi-aussi... »


Pendant ce temps...

« Alleeeez, vois le bon côté des choses ! On pourrait encore être coincés dans l'infirmerie. »

L'air blasé du lapin des mers, toutefois, ne s'était qu'aggravé au souvenir de nos récentes péripéties. Je le comprenais. Le passage vers l'île des hommes poissons avait été... chaotique, de notre point de vue en tout cas. Mais qui avait eu l'idée de laisser Sakuga prendre le gouvernail ? Avait-il idée du nombre de matelots qui s'étaient retrouvés à venir me voir pour mieux régurgiter leur petit déjeuner sur mes souliers ?! Et encore, ça n'avait été que le début des soucis... Mais bon, le plus chiant était passé et, à présent que nous avions atteint notre destination, j'avais réussi à m'éclipser pour découvrir les lieux en compagnie de Giovanni. Si l'on m'avais dit même six mois plus tôt que je me tiendrais un jour ici, sous l'océan au sein du domaine des Hommes-Poissons, je crois bien que je n'y aurais pas crû. J'aurais été certaine, même, de ne pas y croire. J'en avais fait du chemin, mine de rien, depuis mon départ fatidique de Ironfall.

De son côté, toutefois, mon camarade ne partageait visiblement pas mon entrain digne d'une touriste égarée. En même temps le pauvre s'était retrouvé chargé de plusieurs de mes sacoches de médecin alourdies de matériel en tout genre qui me permettrait, comme à mes habitudes, d'offrir mes services aux gens moins fortunés qui accepteraient de me faire confiance. Bien sûr je ne rencontrais pas que du succès dans ces petites tournées humanitaires, mais si je pouvais aider ne serait-ce qu'une personne, faire une différence pour une seule famille, alors ça en valait la peine. Puis, en un sens, ça me permettait de reprendre le contact avec mes racines et le domaine dans lequel j'avais opéré pratiquement toute ma vie : la médecine familiale. J'aimais m'occuper des petits bobos du quotidien, rassurer des femmes enceinte et offrir aux nécessiteux la médication qui pourrait les aider, ne serait-ce que temporairement, à améliorer leur sort et leurs conditions de vie. Sans doute aurais-je pu me satisfaire de cette profession, même exercée en dehors de la Marine, si je n'avais pas eu mon fruit du démon. Certes mes voyages auraient été autrement plus dangereux pour ma personne et je n'aurais jamais pu jouir des ressources que me fournissait Unite, mais ça aurait été une réelle possibilité pour moi.

« Regarde comment c'est joli en plus ici. Bon vite comme ça j'ai du mal à croire qu'on soit si loin sous l'eau, mais c'est quand même fascinant ! Faudrait que je demande sur le bateau si on a des escargocaméras, ça vaudrait bien la peine de faire des souvenirs. Je pourrais peut-être envoyer quelques photos à Prim ! »

Le grondement désolé de mon ami du groupe des lagomorphes me rappela à l'ordre. Oh. Ah oui. Je n'avais plus personne à qui envoyer de cartes postales. Je m'étais affranchie de ce droit et, du même coup, des devoirs qui accompagnaient mon rôle de mère. Je n'avais toutefois pas envie d'accepter la défaite et de me laisser aller à la tristesse; être arrivée jusqu'à l'île des hommes-poissons était quelque chose de trop bien pour que je laisse qui que ce soit ou quoi que ce soit me saper le moral ! Même que c'était pour moi une bonne chose d'avoir enfin acquis cette liberté, cette possibilité de faire tout ce que moi je désirais faire et quand je désirais le faire. Ma vie commençait à peine et je comptais bien en profiter et avec le sourire en plus !

« On peut les envoyer à Lidy sinon ? Je me demande si elle est déjà venue ici. »

Avait-elle déjà pu admirer les formations coraliennes ? L'architecture qui était, ma foi, tout ce qu'il y avait de plus unique ? Même en ces quartiers où il ne faisait guère bon vivre je trouvais de quoi être fascinée à tous les tournants. J'avais l'impression que, malgré tout le temps que nous avions alloué à notre passage sur l'île des hommes-poissons, je n'aurais jamais le temps de tout voir et de tout apprendre. De quoi était donc faite la cuisine locale ? La logique voudrait que les fruits de mers soient très courants, mais en même temps... À quel moment cela pouvait-il être considéré comme du cannibalisme ? Enfin, peut-être pour des hommes-requins, disons, que ça pouvait ne pas être un problème. Mais ce n'était qu'une infime facette de tout ce que je voulais savoir ! Avaient-ils leurs propres coutumes et normes de politesses ? Des fêtes annuelles qui n'étaient pas célébrées à la surface peut-être ? J'aurais même été contente de découvrir leurs superstitions de grand-mères et les remèdes maison qui accompagnaient celles-ci.

« Okay okay, mais imagine... Si on prend des photos et plein plein de notes et qu'après... on en fait un livre ! J'aurais adoré avoir un livre comme ça moi quand j'étais petite. Bon ce serait plus un truc informatif qu'un guide de voyage par contre, vu que c'est quand même pas le trajet le plus facile à faire, mais ce serait sympa ! Puis de découvrir le mode de vie des gens d'ici et tout ça aidera peut-être les gens qui ne connaissent pas bien les hommes-poissons à voir que ce sont au final des gens normaux avec leurs petites habitudes et tout, tu crois pas Gio ? »

Le lapin des mers se grattait l'arrière de la tête, visiblement en pleine réflexion. Si j'espérais qu'il cherche des idées pour contribuer lui aussi à mon énième projet impulsif qui ne verrait jamais le jour... les probabilités voulaient surtout qu'il soit en train de chercher de quoi me décourager de m'embarquer dans une telle entreprise. Mais pourquoi donc était-ce si difficile de trouver quelqu'un qui croyait en mes rêves et en mes aspirations par ici ! Quoi que vous fassiez, ne répondez pas. Merci bien. Ahem. Mes grands airs d'illuminée se tarirent au final assez rapidement et, telle la gamine que j'étais, j'avais commencé à faire la gueule en me traînant les pieds.

« Je crois quand même que ça aurait été une bonne idée... »

Le lapin allait recommencer à me faire part de sa vision des choses avec des petits grognements, des mouvements de pattes et des regards lourds de sens lorsque, sortie de nulle part, une enfant vint à notre rencontre à la course. Vu sa respiration haletante et ses grands yeux en pleurs, pas besoin d'être anthropologue pour savoir qu'il y avait une urgence. Certaines choses appartenaient à un mystérieux langage universel sur lequel je n'avais pas le temps de réfléchir là tout de suite. Il y avait, comme je l'avais si bien souligné, une urgence !!

« Heeeeey ! Vous êtes médecin ?! Les autres ils ont dit que vous étiez médecin ! »

« Exact ! Tu crois que tu peux nous expliquer ce qui se passe en chemin ? »


Un peu plus tard...



La gamine en pleine situation de crise était incroyablement courageuse, c'était un fait. Durant notre course dans les dédales de ruelles de plus en plus sombres et douteuses, elle nous avait fait un bref résumé de la situation actuelle qui m'avait directement rappelée à l'ordre après mes élucubrations stupides de livre et d'étude des lieux. La réalité de cette île, pour cette enfant, tournait à l'heure actuelle autour des problèmes de sa soeur aînée qui, pour les faire vivre, avait choisi de vendre la seule chose qu'elle possédait aux malfrats des environs. Tragiquement, la maquerelle qui l'employait usait de méthodes franchement dégoutantes pour s'assurer de garder ses filles dans le milieu et, maintenant, la pauvre en faisait les frais. Elle voulait quitter cette vie, trouver un boulot honnête et montrer un meilleur exemple à sa petite soeur qui grandissait... Et maintenant elle était en manque. Gravement en manque. Assez pour que la petite fille en pleurs se soit résolue à quitter son chevet à la recherche du premier médecin qu'elle pourrait trouver. Heureusement j'avais déjà un peu fait parler de moi depuis mon arrivée dans le quartier, ce qui avait amené des gens du coin à l'orienter en ma direction. Qui sait combien de temps elle aurait passé à courir ainsi si je n'avais pas été là...

Elles habitaient dans une toute petite habitation, deux pièces à peine. L'une servait d'espace de vie courant et l'autre était, de ce que je comprenais, la chambre à coucher. Le plafond était bas, les murs sales et le mobilier se limitait à quelques essentiels qui avaient dû être trouvés directement dans les poubelles avant de se voir offrir une seconde vie ici. Le pire, néanmoins, c'était l'odeur. Depuis combien de temps ma patiente était-elle restée enfermée ici à vomir ? Je dû retenir un haut le coeur moi qui, pourtant, n'avait pas habituellement l'estomac sensible.

« Giovanni, trouve un moyen d'aérer cet endroit et de préparer une petite bassine d'eau. Il devrait y avoir du savon dans une des sacoches. Tu devrais l'aider petite, t'en dis quoi ? Et c'est quoi ton nom au fait ? »

« Nerissa... »

« C'est un très joli prénom, Nerissa. Va aider Giovanni, je m'occupe de ta grande soeur. »

Conclus-je en lui ébouriffant brièvement les cheveux avec affection avant de disparaître dans la chambre, là où régurgitait son aînée. Je m'empressai de m'agenouiller à ses côtés, agrippant sommairement sa chevelure pour la remonter pendant que son dos se courbait sous les coups qui la faisaient trembler en entier. Son corps n'avait plus rien à cracher sinon de la bile et, pourtant, ses mains étaient si serrés autour de son seau que le bout de ses doigts était blanchi. De ma main libre, je lui caressai doucement le dos pendant que je me présentais et lui expliquais ce que j'allais faire.

« Bonjour, Nerissa est venue me demander de l'aide. Je suis Penny, un médecin. Est-ce que vous connaissez le nom de la drogue qu'on vous a donné ? Ça m'aiderait aussi beaucoup d'avoir votre nom. »

« J'aurais pas du arrêter... Je sais que j'aurais pas du... Elle va être toute seule, mais je pouvais pas... Je pouvais plus continuer... S'il vous plait, ne la laissez pas... devenir comme moi... Aidez ma Neri je vous en supplie... »

« Une étape à la fois, d'accord ? On va commencer par s'occuper de vous. J'ai de quoi vous faire une perfusion avec moi, pour vous aider à combattre la déshydratation en attendant que l'on identifie la substance qui vous a rendue comme ça. On va vous laver sommairement et vous changer et après ça, ce sera difficile, mais il faut qu'on vous ramène à notre bateau. La majorité de mon matériel est à bord et comme ça on pourra mieux s'occuper de vous. »

« Okay... On va faire ça. Merci, Penny... »

Cela pouvait sembler étrange, mais en la nettoyant je pourrais du même coup l'inspecter ne serait-ce que sommairement et ainsi repérer d'autres blessures qui m'étaient présentement invisibles. Je trouverais peut-être même des piqûres dans le creux de ses coudes, ou non. Dans tous les cas ce dont j'avais besoin dans l'immédiat était clair : il me fallait plus d'informations. Puis c'était un peu le gros bon sens aussi, être sale et couvert de son propre vomis n'avait jamais aidé personne à se remettre du mal qui les affligeait. Mon assistant du jour, Giovanni, savait heureusement quoi faire dans ces cas-là. Je l'avais entraîné spécifiquement pour ça, ou presque. Mieux encore, j'esquissai un sourire en voyant que Nerissa s'était elle-même remonté les manches et s'affairait à aider comme elle pouvait malgré les sillons de larmes séchant encore sur ses joues. On ne va pas se mentir, ces situations étaient souvent désastreuses et les chances qu'avaient mes patients de s'en sortir n'étaient pas toujours glorieuses, mais quelque chose me disait que la grande soeur de Nerissa avait le potentiel de s'en tirer. Aussi grave que soit son état, elle était encore capable de tenir une conversation et ça, déjà, c'était franchement encourageant.

C'est avec une aisance qui ne pouvait s'acquérir que grâce à des années d'expérience dans le domaine médical que je l'avais aidée à se dévêtir et à se débarbouiller au moins sommairement. En parallèle, dès que mes mains n'étaient pas requises de son côté, je préparais déjà mon injection. Le temps était précieux en ces situations plus qu'à n'importe quel autre moment et je ne me le pardonnerais jamais si ma négligence ou ma vitesse de réaction pouvait empirer les choses pour une patiente. Heureusement ce ne fut pas le cas et, bientôt, nous nous préparions déjà au long trajet qui nous séparait de l'Élysium. Les jambes branlantes, Faith, notre malade du jour, était à présent installée dans les gros bras bleus de mon lapin des mers. Je me tenais près d'eux, tenant le sac de solution saline bien haut pour que la perfusion continue de produire son effet pendant le déplacement. Nerveuse, la plus jeune avait rapidement jeté les quelques objets sentimentaux qu'elles possédaient dans un sac vu que, dans l'immédiat, il n'y avait aucun moyen de savoir combien de temps elles passeraient parmi nous.

« Ça va Faith ? S'il y a quoi que ce soit vous me le dites d'accord ? Giovanni va essayer de faire attention, mais on a quand même intérêt à vous monter à bord aussi vite que possible. »

« Je comprends... Tout va bien pour l'instant. »

Ajouta-t-elle comme à l'intention de sa petite soeur, pour la rassurer comme elle le pouvait malgré les circonstances. La jeune femme tenait toujours son seau fermement dans ses bras, mais au moins nous avions eu le temps de le vider et de le laver sommairement lui aussi, histoire de faire de notre mieux pour améliorer la situation immédiate de Faith. Les deux premières ruelles du chemin en sens inverse se passèrent sans accro, à notre plus grand soulagement. Enfin, la pauvre malade continuait de crachoter à intervalles réguliers, mais si ce n'était que ça alors franchement nous n'avions pas à nous plaindre. Ce n'est qu'au troisième tournant que les choses prirent une direction... inattendue.

« Enfin je te trouve ! Tu n'as pas idée à quel point j'ai rêvé de cet instant... ou peut-être que si ? »

Mais qu'est-ce que... ? Il était assis en tailleur, posé sur un toit, le regard brillant d'émerveillement et de curiosité. On aurait dit un gamin qui venait de recevoir un nouveau petit chien et qui l'admirait de loin sans pour autant oser le prendre dans ses bras. Le plus troublant, toutefois, c'est à quel point il me ressemblait. La même tresse rosée qui lui tombait sur l'épaule, la même malice au fond de ses iris verdoyants et les mêmes traits en son visage amusé. C'est notre première rencontre, je ne le connais pas. Je m'en souviendrais si je le connaissais. Voilà ce que je me répétais en boucle comme pour m'en convaincre. Pour m'expliquer qu'il n'y avait aucune chance que je comprenne ce qui se passait en lui. Je ne pouvais pas sentir son impatience jusque dans mon être, ne pouvait pas frémir d'une envie soudaine de bondir, de frapper, de mordre. Ce devait être mon imagination, quelque chose dans le genre. Nous n'avions aucune connexion, aucun lien mystique ou que sais-je encore. Ce n'était quand même pas... Enfin quand je parlais de jumeau caché lorsque j'avais rencontré Cassidy je blaguais quoi. Il n'y avait aucune chance pour que moi j'aie vraiment ça, n'est-ce pas ? Pourtant j'étais figée, incapable de me déconnecter de lui, de me libérer de son regard, de son aura. C'est une bonne claque derrière la tête, envoyée par mon fidèle lapin des mers, qui me ramena à la réalité et, surtout, à cette pauvre Faith qui avait besoin de mon aide. Je déglutis en la voyant tout aussi tremblante, en remarquant Nerissa accrochée à l'autre patte de Giovanni, en réalisant que nous avions totalement arrêté notre avancée. Mais quelque chose n'allait pas. Je ne pouvais pas ignorer ce type et continuer à courir vers l'Élysium. Je le savais et j'ai essayé quand même.

« Je dois m'occuper de ma patiente en priorité, elle a besoin de moi alors je suis désolée, mais j'ai pas le temps pour toi. »

« Hmph. Une vulgaire inconnue et tu la fais passer avant moi ? »

Toi aussi t'es un inconnu je te rappelle. J'ai pas l'impression que tu le sois, mais bordel je suis certaine que je ne te connais pas ! Avais-je pensé en le regardant se lever lentement, aussi songeur qu'énervé. Il avait fait rouler ses épaules, nous regardant de haut tout en réfléchissant à ce qu'il allait faire. Il n'allait quand même pas... Mais non voyons, je me faisais des idées. Il avait l'air d'un type quand même raisonnable, aucune raison pour qu'il... Putain. Le rouquin avait quitté son perchoir sans avertir, sautant directement vers nous à une vitesse fulgurante ou, plus précisément, vers Giovanni. J'eu à peine le temps de voir passer le meurtre en ses yeux, tout comme je compris à peine ce qui se passait lorsque son coude fendit l'air, perforant cette pauvre Faith au niveau de l'abdomen avec tant de violence que son corps se replia en deux, le seau s'envola et la malade glissa des mains de son porteur. Un cri aigu retentit et il me fallut un peu trop longtemps pour reconnaître la voix de la petite Nerissa qui tentait de se jeter sur sa soeur. Mais elle était trop lente, beaucoup, beaucoup trop lente. Cette fois c'est un talon qui alla rencontrer la tempe de la blessée, le coup raisonnant si fort que le pavé autour de sa tête... explosa ? Il n'y avait pas d'autre mot pour le décrire, pas d'autre façon de retranscrire cette violence sortie de nulle part. Mais le pire, le pire... son sourire satisfait d'avoir bien fait, le talon encore profondément ancré dans la tête du cadavre. Son attention s'était retournée vers moi avec anticipation et, au plus profond de mon être, je savais qu'il attendait des félicitations. Je savais qu'il s'attendait à ce que je sois soulagée, que je sois reconnaissante même d'avoir été délestée du poids de ma responsabilité envers Faith.

« Laisse ma soeur tranquille !!! Enlève ton pied, méchaaaant !!!!! »

L'enfant s'était jetée contre sa jambe pour le frapper à répétition de ses petits poings furieux. Le rouquin s'exécuta avec le sourire, comme attendrit de la voir s'inquiéter autant pour cette soeur qui venait de passer de vie à trépas par sa faute. Je dû me détourner de la scène, incapable de regarder Nerissa comprendre, de la regarder secouer sa soeur et la supplier de lui répondre. J'avais la nausée.

« Alors, t'as le temps maintenant, non ? »

« Giovanni, prends la petite et pars. C'est un ordre. Tu n'y verras pas d'inconvénient je suppose, vu que c'est moi que tu veux voir. »

« Aucun. »

Le lapin, lui, était tout sauf ravi. Cependant il reconnaissait la nécessité de se plier à ma demande et, surtout, d'aller chercher des renforts. Attrapant Nerissa sous le coude et jetant ce qui restait de Faith par-dessus son épaule, mon camarade était partit à la course, les nombreuses sacoches médicales qu'il portait cliquetant avec chacun de ses pas jusqu'à enfin être hors de mon champ auditif.

« Tu te présentes maintenant ou après que je t'aie défoncé ta sale gueule ? »

« Mmh... Tu dis ça, mais t'as pas l'air de le penser du tout en fait. Comment ça se fait ? »

« Eh ?? Mais de quoi tu parles ?! Tu vas voir si je suis sérieuse moi !! »

« Alors pourquoi tu l'as pas déjà fait ? Moi j'l'aurais déjà fait. »

« TA GUEULE ET PRÉSENTE TOI BORDEL !!! T'ES QUI ?!! »

Moment de silence, de flottement alors qu'il me regardait avec douleur en ses yeux. Je le lisais en lui sans l'entendre le dire : alors c'est vrai tu sais vraiment pas ? Pourquoi j'aurais demandé si je savais, triple andouille. Se résignant à la vérité, mon double maléfique s'approcha de moi de manière solennelle, porteur d'un sourire qui ne m'inspirait rien de bon.


[Solo Présent] I. Eisoptrophobia Promet11
Prométhée Pryor


« Prométhée. Elle n'a jamais parlé de moi, c'est ça ? De mon côté j'ai beaucoup entendu parler de toi tu sais. J'avais hâte de te rencontrer, Pénélope. Tu veux toujours me défoncer ma sale gueule ? »

Je serrai les poings, me sentant pourtant défaillir momentanément sous le poids des questions qui me venaient à l'esprit. C'était du bluff, ça ne pouvait être que ça. Trop, c'était trop. Ma nausée s'était transformée en vertige et je dû reculer de quelques pas, prendre appui contre un mur et vomir. Tout mon corps tremblait à présent et, lorsque je relevai les yeux vers ce mystérieux Prométhée, mon regard était flou, aussi confus que moi. Le roux avait soupiré, de nouveau ennuyé.

« Allez reprend toi, j'avais hâte qu'on se batte moi ! Vu que t'es ma soeur j'imagine que toi tu vas être capable de m'en donner pour mon argent. C'est vrai que t'es maudite en plus ? Moi j'ai appris à me servir du Hasshoken, mais avoir une malédiction ça doit être trop cool en vrai. C'est vrai que tu peux pas nager ? »

Pareils. La même curiosité. Les mêmes questions loufoques dans le pire des moments. Je faisais un cauchemar, c'était la seule explication. À part dans les méandres les plus tordues de mon imagination, ce genre de situation ne pouvait être réelle, ne pouvait pas être en train de se produire.

« En vrai je suis un peu embêté. Je pensais que ça te rendrait furieuse et tout que j'aie tué c'te fille, pas que ça te ferait peur. Hey tu m'écoutes au moins ? Peut-être que c'est le lapin qu'il fallait tuer en fait... Attends je reviens. »

Il tourne les talons. Il se prépare à partir. Il est sérieux. Il n'en a pas du tout l'air, mais Prométhée est sérieux. Lui n'en a rien à faire, un de plus ou un de moins ça ne va pas lui peser sur la conscience. Mais je ne comprends pas, pourquoi ne pas simplement m'attaquer directement s'il veut que je me batte contre lui ? Pourquoi ressentir le besoin de menacer les autres pour ça ? Comme si j'allais me soucier moins de ma propre survie que de celle de mes camarades... J'ai envie de l'appeler, de le retenir par les mots, de lui faire perdre du temps pour que Giovanni atteigne l'Élysium, là où se trouvaient Sakuga et les autres, normalement. Malgré la force de mon prétendu jumeau je n'avais aucun doute que le bretteur le mettrait hors d'état de nuire en deux deux, pas vrai ? Je pouvais compter sur l'ange. Je l'avais toujours fait et il n'avait jamais trahi ma confiance.

Tu t'es prétendue femme forte ne pouvant vivre au crochet des rêves d'autrui, ne pouvant se raccrocher à une personne et ayant besoin de liberté...

Il marchait lentement. Prométhée avait déjà fait preuve de sa vitesse et, pourtant, il n'avançait qu'un pas à la fois, mains dans les poches comme s'il allait faire une promenade de santé. Je n'aurais pas été surprise de l'entendre siffloter.

Pour au final dire que tu te raccroches à quelqu'un et vivra ses rêves par procuration ?

Pour au final souhaiter que Sakuga règle tous tes problèmes pour toi ? Tu ne fais que passer de l'un à l'autre en te promettant que cette fois ce sera différent, mais au final ta pensée demeure la même. Ton attitude demeure la même. Que des gens derrière qui te cacher. Des excuses pour ne pas te battre. La peur de te retrouvée confrontée à... à quoi au fond ? À lui. À Prométhée, ce frère qui venait de sortir de nulle part et qui, pourtant... Pourtant ! Ce reflet de ma personne, cet être totalement libre. Libre de tuer, libre de menacer, de simplement déclarer sans suer qu'il a juste fait disparaître du monde la mauvaise personne pour me provoquer. La peur d'être confrontée à moi-même et à mon plein potentiel qui, une fois lâché sur le monde en cet autre être qui m'était identique, avait la force de le détruire. Comme moi. Je pourrais simplement le laisser partir, le décevoir comme j'ai déçu tous les autres. Refuser de jouer son jeu en espérant que d'autres m'épargneront le prix à payer pour ma rébellion tranquille. Au moins ces maisons ne seront pas détruites. Au moins j'aurai la conscience propre de ne pas être devenue l'un de ces maudits que Dovah exècre tant. Au moins mon successeur n'aura pas la chance de marcher ici comme je l'ai fait à Logue Town, dans les vestiges de la destruction de Kain D. Valentine.

« Tss... C'est le moment où on m'attaque dans le dos, d'habitude. Tu le sais ça ? Allez, je me fais chier. »

Il est partit. Il a sauté sur un toit et il est partit. Il a reprit son rythme normal, il s'en fout. Il s'en va les tuer tous les deux. Non. Non non non !! J'ai perdu trop de temps, j'ai trop hésité. Prométhée va les rattraper.... Il va !! Je ne peux pas le laisser faire ça. Moi vivante, c'est hors de question. Je ne sais pas ce que je vais faire, je ne sais pas comment je vais le faire, mais je dois l'arrêter ! À mon tour de me mettre en mouvement, de courir avec le souffle encore court et des larmes aux coins des yeux. Je ne connais pas cet endroit, ces ruelles sous-marines grisonnantes de pauvreté et de crime. Cette architecture étrange parfois parée de coraux ne fait rien pour m'aider à identifier mes repères puisque je n'en ai aucun. On vient d'arriver sur cette fichue île, comment pourrais-je trouver mon chemin ?

Bien sûr que vous pourrez faire cela. Il s’agit d’une technique du Rokushiki comme j’expliquais à vos camarades plus bas, mais vous n’avez pas dû bien entendre.

Le Geppou, triple andouille ! Ni une ni deux, je quittai le sol en me propulsant d'un violent coup de pied, m'élevant dans les airs avec aisance pour mieux élargir mon champ de vision. Là !! La longue tresse rosée, la silhouette sautant d'un toit à l'autre, il n'y avait pas de doute possible !! Je pouvais le rattraper, aisément même. Le Soru, cette fois, me permis de fendre l'air sans détours, ma cible se rapprochant de moi à une vitesse vertigineuse qui, pour la première fois, me fit réaliser que mon double n'était peut-être pas si rapide que ça à bien y penser. Pas assez pour m'échapper en tout cas. Et maintenant quoi ? J'y étais presque, il serait à ma portée dans une seconde à peine alors qu'est-ce que je ferais ?

Je suis peut-être réellement le mauvais, la personne qu’on ne peut aimer, car il crée en vérité le mal.

Moi aussi Ghetis, moi aussi. Je frappai l'air sous moi d'un nouveau coup de pied et, cette fois, modifiai ma trajectoire pour m'orienter avec plus de précision vers la position où j'estimai que Prométhée se trouverait lors de mon contact au sol. Je combinai à cela un salto avant, m'armant de la force centrifuge tout en allongeant ma jambe droite, laissant mon poids s'y transférer alors que, autour de mon pied, une sphère blanche était déjà en formation. Le coup lui tomba dessus avec le tranchant d'une guillotine, le tremblement pénétrant son épaule avant de se répercuter dans tout son corps et dans le toit qui céda sous ses pieds en un grincement infernal. J'entendis des cris de civils, mais j'étais incapable de savoir s'ils étaient proches ou lointains. J'avais moi aussi tombée dans ce nouveau trou béant, me retrouvant dans ce qui devait avoir été le salon d'une petite famille d'homme-poissons. Leurs murs, ou ce qui en restait, étaient lézardés de craquelures alors que leur plafond était maintenant éparpillé en gros morceaux anguleux au milieu de ce qui était jadis leur espace de vie. Avais-je réussi ? Le roux était-il hors d'état de nuire ? Un espoir qui mourut aussitôt que les décombres s'animèrent et que, entre deux pierres, un visage ensanglanté et tordu par l'émotion n'émerge comme un diable sort de sa boite.

« AAAARGghh !! T'as idée... comment... ça FAIT MAAAAL ??!! Argha ! Ha ! Ha HA HA hA Ah HA HA !!! Encore... il m'en faut... ENCOOOORE !!!! »




Un pan de plafond fut directement éjecté par la force de ce que j'imaginai être un coup chargé au Hasshoken vu les vibrations qui retentirent alors que mon autre moitié se libérait de sa prison. Le sourire rayonnant, Prométhée n'avait pas attendu que je l'y invite pour bondir en ma direction et, l'instant suivant, sa grande main engouffrait mon visage et, dans son mouvement déjà bien amorcé, il utilisa mon corps pour défoncer le mur du fond et me plaquer au sol de la pièce d'à côté. L'air avait quitté mes poumons, le choc se répercuta dans tout mon corps et ma vision s'assombrit. J'allais perdre conscience, c'était obligé. Comment pourrais-je encaisser ça et m'en relever ?? Je fermai les yeux, laissant ma souffrance m'englober et attendant déjà de sombrer... Mais rien. Je battit des paupières, mon souffle se stabilisa et je le vis, debout au-dessus de moi, le pied dressé et visant... ma gorge ! Réflexe défensif : je levai ma main droite pour intercepter son offensive dévastatrice dont les vibrations violentes se répercutèrent jusqu'à mon épaule et dans une partie de mon torse. Mais je le tenais ! Je ne devais pas le laisser partir. Je devais passer outre mon mal et le retenir là juste un instant, juste assez longtemps pour charger ma propre puissance dans ma main libre et viser son tibia. Le Brise-Os... Si j'arrivais à le priver d'une jambe, juste une... ! Le craquement ne vint pas. Sa puissance était-elle donc si disproportionnée face à la mienne ?! Était-il possible qu'il soit vraiment juste en train de jouer avec moi tel un chat s'amuse avec une souris sans néanmoins la tuer ? Pourtant il avait mal, il souffrait, je l'entendais dans les gémissements de douleur qu'il étouffait, dans la façon dont il retira sa jambe et recula en me jetant le regard choqué de celui qui vient de se brûler par mégarde sur la cuisinière.

« Allez relève toi ! Elle est où ta volonté de me tuer ?! »

« Nulle part ! T'en en état d'arrestation, p'tit con !! »

« Heh ! On va voir ça ! »

Je sautai sur mes pieds, armant un coup avant de frapper le sol en sa direction pour écarter le sol en une crevasse destinée à l'empêtrer et... Ouais j'y avais peut-être trop pensé avant de la faire celle-là vu que mine de rien en intérieur comme ça, dans un endroit plein de petites maisons mal construites collées les unes sur les autres... Je me figeai alors que le toit me tombait dessus et que, au loin, les voix apeurées des civils retentissait encore. Sans doute aurais-je fini écrasée par ma propre bêtise si Prométhée n'était pas intervenu, envoyant valser le pan d'architecture qui allait m'aplatir avec aisance pour mieux m'en sauvegarder. L'humiliation n'en finissait pas là toutefois.

« Qu'est-ce qu'on dit, Pénélope ? »

« Va te faire voir ! »

Au moins c'était noté : valait mieux pour moi comme pour le quartier déjà abîmé que je m'en tienne au corps à corps pur et simple. Mais cela suffirait-il à arrêter Prométhée ? Pire, cela suffirait-il seulement à le contenter et, surtout, aurait-il les mêmes scrupules que moi ? Évidemment que non.

Visez les organes internes, au lieu de vous concentrer sur des dommages externes.

Ouais, on va faire ça. Si lui briser un os n'avait pas marché, peut-être que m'attaquer à ses organes internes allait le secouer un peu plus ? Sauf que je risquais de sévèrement le blesser... Oui, c'était bien le but à ce que je sache. Surtout que cette petite réflexion inutile me couta l'opportunité de relancer moi-même les hostilités. Le prochain échange fut plus rapide, plus nerveux. Des petits coups furtifs, échangés du tac au tac sans créer de gros dégâts d'un côté comme de l'autre, mais sans non plus nous demander beaucoup d'énergie. Un moment pour reprendre notre souffle en somme, pour jauger la vitesse de réaction l'un de l'autre et partager un espace plus limité où nous n'étions séparés que par la longueur de nos bras ou de nos jambes.

En revanche, j’aimerais voir de quoi vous êtes faite, alors n’hésitez pas à tout lâcher.

Je sais Lidy, je sais ! J'essaie !! Je brisai le rythme de l'échange en l'agrippant soudainement par le col au lieu de simplement le frapper. Certes il était plus grand que moi, mais en le tirant sans sommation je parvins à le faire se mettre pile à la bonne hauteur pour un bon coup de tête en règle, et renforcit par le Gura évidemment ! Et PAN ! EN PLEIN DANS LE NEZ !! Je cru l'entendre étouffer un juron amusé alors que le sang lui giclait par la narine.

« Tu t'amuses toujours j'espère ? »

« Je commence à peine ! »

À son tour de m'attraper par les vêtements pour me tirer vers lui. Son offensive, néanmoins, allait être bien différente de la mienne. Plutôt que je me frapper directement, l'autre Ainsley me leva de terre et se servit de son épaule pour faire levier et me jeter au sol, le dos en premier. Je m'écrasai lourdement, mais tout de même assez en contrôle de ma situation pour voir arriver sa descente du coude renforcée au hasshoken et rouler sur le côté pour laisser l'impact rencontrer le sol plutôt que ma pauvre petite personne. Nos regards se croisèrent alors que je me remettais sur pied et que, de son côté, il s'essuyait le nez du dos de la main, le regard joueur et le sourire rendu cramoisi par ma plus récente attaque. Un frisson me parcouru, annonciateur peut-être des intentions de Prométhée. C'est sans se redresser complètement qu'il bondit sur moi, me surplombant de toute sa grandeur alors que, cette fois, ce sont ses mains qui visèrent ma gorge pour mieux l'enserrer sans pitié. En panique, je commençai à battre des pieds alors que l'air commençait à me manquer. Mes iris verdoyants tressaillaient, implorant celui qui s'appelait mon frère de me libérer.

« Tu vas faire quoi, me laisser te tuer ? Je suis à ta portée, tu peux me frapper. je ne demande que ça alors t'attends quoi ??! »

Bien sûr que non? Pourquoi je te jugerai sur ton pouvoir, même hérité d'un monstre ayant causé la destruction autour de lui ? Je me ferai un avis, en fonction de la manière dont tu utilises tes pouvoirs, mais pas avant.

Tu en dirais quoi de ça si je devais utiliser mes pouvoirs pour tuer mon propre jumeau ? Si dans le processus je venais à détruire... non. J'en ai déjà détruit plusieurs, des maisons. L'étreinte de Prométhée ne se défait pas, ne s'amenuise pas. Pire, j'ai l'impression qu'il applique son poids contre ma trachée, qu'il appuie volontairement pour que j'étouffe.

Et puis franchement... j'ai limite envie de m'ouvrir le bide et de cracher sur mes entrailles à mort, pour ne pas avoir vu ça plus tôt, que tu étais aussi mal...

Si je laisse Prométhée me tuer... Comment est-ce qu'il va se sentir, Dorian ? Vite, avant que je ne perdre conscience ! Mon poing est faible, mais le Gura Gura no Mi n'a pas volé sa réputation, n'est-ce pas ? Je lui frappe le bras, plusieurs fois. Des petits coups peu impressionnants, mais des coups tout de même. Juste ce qu'il faut pour mettre en place la Rafale des tremblements de terre, pour le prendre par surprise lorsque mon dernier coup le heurte, libérant la force emmagasinée jusque là par tous les autres qui l'ont précédé. Son bras se contorsionne en un grand claquement, mélangé à un cri de douleur et, bientôt, de mes propres toussotements alors que je roule sur le côté. L'air entre en moi par grosses gorgées, brûlant mes entrailles alors que je crachote au sol. Si j'ai le temps de me redresser on ne me laisse toutefois pas le luxe de me remettre de mes émotions. Un pied file déjà en ma direction, visant ma mâchoire et la heurtant d'une force qui menace de la décrocher. Je retourne valser au sol, bien trop consciente que cette fois encore je n'ai plus le loisir de simplement retrouver mes esprits. Je dois reculer, m'éloigner. Plus le temps passe, plus je le blesse et plus il devient agressif, dangereux. Plus ses instincts se réveillent alors qu'il a enfin quelqu'un avec qui jouer.

Je lève les bras devant moi, pour me protéger d'une prochaine attaque. Mais je sais que ça ne suffira pas, que je dois contre-attaquer. Alors je contracte mes muscles et, une fois de plus, fait appel au pouvoir des séismes. Cette fois ? L'éclat des tremblements de terre sert à propulser un tas de petits bouts de décombres qui ont fini leur chemin tout autour de moi en toutes les directions. Le Hérisson de pierre, une autre de mes techniques que je n'avais encore jamais testée en situation réelle, mais qui devrait avoir le bénéfice de ralentir les ardeurs de Prométhée... Ou le provoquer encore plus, au choix. Il est heurté en quelques endroits et serre les dents, mais il aurait été stupide de croire qu'un être aussi endurant pourrait véritablement être handicapé par quelques petits morceaux de pierre jetés en sa direction. Mais bordel... !

T’as toujours aussi peu confiance en tes capacités. Je suis sûr que tu es capable de blesser uniquement les personnes que tu veux et ne pas blesser tout le monde. Le jour où tu trouveras la réponse à cette question, tu seras imbattable, hahahahaha !

Si je pouvais la trouver maintenant j'avoue ce serait franchement pas mal ! Quoi que... J'ai d'autres moyens d'attaquer sans me rabattre sur ma malédiction de destruction massive, non ? Je me suis beaucoup entraînée depuis que j'ai rejoins Unite, je suis une vraie combattante maintenant, équilibrée et capable de se défendre même sans son fruit du démon. C'est quelque chose que notre capitaine nous ressasse tout le temps ça, qu'il faut pouvoir se démerder même sans, alors forcément que j'ai apprit ! Mon regard croise celui de mon reflet et je m'élance avec le Soru, sachant déjà qu'ainsi ma vitesse dépassera la sienne et que, par conséquent, il sera bien difficile pour lui d'éviter mon bras braqué en sa direction et, surtout, rendu incroyablement solide. Et un Tekkai Sai dans la gueule, un ! Je suis trop forte ! Tiens... J'ai un sourire, moi aussi. Et je ne suis pas la seule à le remarquer, loin de là.

Si je t’ai sauvé ce jour-là de la mort, c’est parce que je pense que tu ne seras jamais comme mon père. Tu ne deviendras pas un monstre ou en tout cas je l’espère.

« Je savais bien que c'était en toi aussi ! Il suffit de te travailler un peu pour le faire sortir, c'est tout ! »

Mais il est fait en quoi ce gars ?! C'est mon frère ou c'est genre un super robot mutant de mes deux qui ne sait pas abandonner un combat ! Non, tu le sais Penny. Tu sais ce qu'il est : un monstre. C'est pour ça qu'il rigole comme ça alors que, pourtant, il a encaissé plus que sa part de coup destructeurs. C'est ce qui me vient en tête lorsqu'il commence à sauter sur place comme pour s'échauffer, faisant rouler son cou et ses épaules tout en me jaugeant d'un regard affamé pour décider de son prochain angle d'attaque. Assez, j'en avais assez ! À mon tour de m'élancer la première, de charger mon poing et de viser sa mâchoire à lui. À mon tour de décider du rythme de nos échanges et de le pousser dans ses retranchements ! Mon coup fusait en sa direction et, plutôt que de se préparer à le bloquer ou à l'esquiver, c'est son propre poing qu'il brandit en guise de réponse. Nos ondes respectives s'entrechoquèrent avec assez de force pour faire trembler le sol autour de nous et vibrer les fenêtres sales des petites maisons environnantes. Plus fort, je devais frapper plus fort ! Je reculai d'un pas, armant mon bras pour frapper l'air à revers alors qu'une impressionnante bulle blanche se formait maintenant. Le Champ de fleurs blanches m'avait servit à maintes reprises et, cette fois encore, j'espérais qu'il suffirait au moins à le déséquilibrer et à— !! Le roux venait de me devancer, de s'approcher de moi et d'agripper mon poignet pour m'empêcher de réaliser mon mouvement et de libérer mon onde de choc !

C'est au final moi qui me fis déséquilibrer par un coup à bout portant de sa main libre, bien pile au milieu du nez. Si je vacillai sous l'impact, il ne défit cependant pas sa prise, m'empêchant de m'éloigner de lui ou de me libérer. Ainsi limitée dans mes mouvements, je vis arriver le prochain coup, porté avec son genou au niveau de mon ventre celui-là, sans pour autant être en mesure de m'en protéger adéquatement. Moi qui croyais ne plus rien avoir à cracher, voilà qu'il me prouvait le contraire. Pliée en deux sous la douleur, je ne vis pas arriver la fin de son enchaînement : une descente du coude à l'arrière de ma nuque. Au final j'allai m'abîmer au sol, toute trace de sourire maintenant bien effacée de mon visage.

Je vous protégerais quitte à en perdre mon corps tout entier. Je te le jure Penelope. Si je tiens pas cette putain de promesse, promets-moi de faire tout ce qui est en tes capacités pour m'éliminer toi-même.

Il faut que je me relève. Je ne peux pas abandonner maintenant. Je ne peux pas les laisser vivre avec quelque chose comme ça... Mais tout mon corps souffre avec la moindre de mes respirations. J'ai beaucoup encaissé mine de rien moi aussi et je n'en ai pas l'habitude, je me dois de l'admettre. Mais que se passera-t-il si je ne reviens pas à bord de l'Élysium ? Si à notre premier escale, avant même d'être entrés vraiment dans le Nouveau Monde, Unite perd son médecin de bord, sa clairvoyance ?

T’es irremplaçable Penelope.

Et c'est pour ça qu'il faut que je vive. C'est pour ça qu'il faut que je me relève, que je le frappe encore, même juste une fois de plus. J'ai beau retourner toutes ces choses dans ma tête depuis le départ, j'ai beau chercher des réponses à mes questions, me demander ce que j'ai le droit de faire ou pas. Ce qui fera de moi une bonne personne ou pas. Mais au final c'est juste mes inquiétudes à moi ça. Tout le monde s'entête à me le dire depuis le tout début. Ils veulent juste que je vive, que je débloque mon plein potentiel. Que je rentre auprès d'eux à la fin de la journée pour que jamais ils n'aient besoin de se réveiller le matin sans moi. Alors je serre le poing et je le regarde, franchement, pour de bon. Ce reflet de ma personne, de qui je pourrais être en une autre vie. Et là, pendant une fraction de seconde... C'est lui qui arrête de sourire.

« Oh ? »

Je fonce sans réfléchir, le happant en plein abdomen avec tout mon corps pour nous jeter à terre, moi au-dessus. Il lève les bras pour se protéger et, de mon côté, je frappe. Encore et encore. Mes poings s'assènent sur Prométhée avec une énergie que je ne pensais plus avoir. Avec le désespoir des survivants. J'ai les mains qui pétillent de puissance, le coeur au bord de l'explosion alors que j'entends un cri qui semble provenir de très loin et qui, pourtant, trouve sa source au plus coeur de mon être. Tu ne vas pas me tuer ! TU NE VAS PLUS TUER PERSONNE !! C'est ce qu'il dit ce grand bruit désarticulé, primal et puissant de par sa simplicité toute crue. J'ignore combien de temps ce regain d'énergie dure, combien de fois je le tabasse tel que je l'avais promis avant que finalement ce second souffle ne s'épuise comme il est venu.

Penelope, j'espère que tu pourras même briser le temps parce que tu as amorcé ce qui te permettra de réduire la longueur d'avance que Ghetis et moi nous avons sur toi.

Pourquoi pensais-je à cela maintenant ? De toutes les choses auxquelles penser...

***

« Je crois bien que tu m'as cassé une ou deux dents, Pénélope. Vraiment... je ne suis pas déçu.  »

Après ce dernier éclat de puissance, la Rose était tombée dans l'inconscience. Ironiquement, elle reposait à présent sur le torse de celui qui l'avait poussée jusque dans ses derniers retranchements, lui aussi fort abîmé. Son souffle était difficile, sans doute compliqué par une cote fêlée ou quelque chose du genre, mais Prométhée n'était pas du genre à s'en formaliser et encore moins à tenir une rancune pour ces choses là. Au contraire, c'est d'une main lasse et fatiguée qu'il caressait les cheveux de sa jumelle en laquelle il voyait à présent un adversaire digne, bien qu'encore loin de la maturation.

« On devrait bouger avant que des petits curieux viennent nous demander des comptes... T'inquiète pas, je te ramène chez toi. La prochaine fois il faudra célébrer, c'est une grande étape le haki de l'armement. »

Pas de réponse, évidemment.



Tentative d'éveil du Haki de l'Armement

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[Solo Présent] I. Eisoptrophobia 16447110
Penelope Ainsley
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