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Kanazakura, île mouvementée.
Shinji Nakata
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Lun 14 Jan - 2:22



Kanazakura, île mouvementée.


Feat Etsu Ogawa



  Encore une journée banale, remplie de banalité. Il n’était pas plus de midi, le soleil était presque à son apogée journalière. Quant à lui Shinji s’était de nouveau assis sur son fidèle siège en bois, qui lui servait depuis maintenant plus d’un an à distiller sa drogue à toutes sortes de passant. Le délinquant avait par ailleurs bien muri depuis sa rencontre avec l’ange, qu’il considérait tout de même comme une amie.  Néanmoins, ses habitudes ne changeaient pas pour autant. La misère était toujours présente, et une fois de plus le mercanti s’était résigné à brigrander un étalage de nourriture.

  Le jeune adolescent de quatorze ans se présentait avec sa dégaine habituelle. Il était habillé simplement, avec une sacoche comme accessoire. Celle-ci ne contenait rien du tout, mise à part son revolver et quelques munitions, le strict minimum tout compte fait. Il ne s’en séparait jamais, et ne pouvait être apaisé sans son arme à feu à portée. Quelles que soient les circonstances, le gamin n’avait pas de quoi faire languir la gente féminine, puisqu’il était habillé de son survêtement bleu favori, ainsi que d’une casquette noire. Le garçon ne comptait pas s’attarder sur l’embarcadère, ne voulant qu’une seule chose : de la becquetance pour tenir le reste de la journée.  

  Le misérable prit alors la route du port, les mains dans les poches. Arpentant le labyrinthe qu’était sa cité, le garçon se réjouissait parfois d’être natif de cette partie de Kanazakura. En effet, il n’était pas bien rare de voir des passants se faire dépouiller, alors que ceux-ci ne traversaient que la zone, de manière pacifique. Le jeune homme n’avait jamais eu ce genre de problème, tout le monde le reconnaissait grâce à sa brulure à l’œil, ainsi qu’à ses cheveux particuliers. Deux handicaps qui lui facilitaient parfois la vie, ironiquement. Lorsqu’il était témoin de tels spectacle, Shin’ ne se mêlait pas. Il n’avait pas l’âme d’un super héros, et puis comme il le disait si bien, c’était de leurs fautes, ces étrangers n’avaient qu’à pas venir ici.

  Finalement arrivé à destination, face à la mer, le garçon tourna en rond. Main dans les poches, tête baissée cachée par la casquette. Son allure louche n’attirait pas l’attention, et lui permettait de tourner en rond, à la recherche d’un marchand ambulant. Généralement, il s’attaquait aux marchands de poissons frais, ou de volaille, qui étalaient leurs succulentes viandes à la vue de tous. C’était le pêché mignon qui faisait languir l’orphelin, et c’est d’ailleurs ce qu’il comptait ingérer cette journée-là.

  Le garçon avait l’habitude de ce genre de larcin, au point où celui-ci avait développé sa propre technique. Tout d’abord, il ne fallait pas s’arrêter, afin de ne pas attirer l’attention. Effectivement, la tenue vestimentaire du gamin étant assez douteuse, si celui-ci s’amusait à marquer des arrêts, il pouvait faire une croix sur son dîner. Ensuite, il ne fallait pas hésiter, savoir à l’avance sur quel marchandise s’attaquer, connaître la vigilance du vendeur, savoir par où s’enfuir. Enfin, d’un geste vif et discret, prendre la marchandise, sans interruption de pas. Généralement, le voleur n’avait pas à courir, puisque la discrétion lui permettait d’être insoupçonné.

  Malheureusement, ce jour-ci Shinji se fit prendre la main dans le sac. Alors que celui-ci s’apprêtait à empoigner une délicieuse truite, l’aigrefin fut démasqué. Sa main qui avait déjà bondit, s’était faite intercepté par l’un des vendeurs qui cria immédiatement de l’aide.  

«  Oh le voleur ! Je te tiens ! Soldat de la marine, j’ai un petit fils de putain pour vous ! »


  Les mots ne plurent pas au garçon qui se sentit tout de suite en danger, dû aux hurlements du commerçant. Le cœur du filou battait à la chamade, alors que son esprit ne savait pas comment réagir. Il ne fallait pas réfléchir mais agir ! C’est alors que l’escroc attrapa de sa main gauche, qui était libre, la moustache grisonnante de son séquestreur. Un odieux mugissement se fit entendre dans tout le port, qui s’était arrêté de vivre, comme pour regarder le pauvre garçon. Réussissant enfin à se délivrer, Shinji entama une course endiablé, sans avoir prit le poisson.

  Le petit carambouilleur boyautait de plus belle, montrant l’intégralité de ses belles dents. Le garçon se sentait en sécurité, la course était son point fort, le port l’un de ses terrains de jeu favoris, comment ce vieux poissonnier pouvait-il le rattraper ? Son euphorie fut néanmoins stoppée, par l’intervention d’une forte voix. C’était un homme qui semblait se trouver quelques mètres derrière le garçon.

« Tu peux courir, je vais t’attraper ! »


  Le garçon tourna alors sa tête, afin d’avoir une vision des évènements se produisant derrière lui. Quelle surprise lorsqu’il remarqua qu’un marin, plutôt grand, se trouvait à quelques centimètres de lui. Soufflant un bon coup, le jeune garçon accéléra ! S’il ne pouvait pas compter sur sa force brute, le gamin avait un atout : sa vélocité. Reprenant ses distances, le fugitif accentua son écart en faisant tomber quelques obstacles dans son sillon, gênant ainsi le pauvre soldat de l’autorité locale.

  Un fou rire anima de nouveau le garçon, qui en regardant derrière lui voyait la marge se construire davantage.  Le garçon avait fait une sacrée performance, puisque celui-ci avait traversé le marché jusqu’à la zone estuaire où de nombreux bateaux marchands ou pirates desservait. Il n’avait pas ralenti sa course, au contraire, et admirait l’environnement tout en se félicitant de sa prestation. Quelques marins continuaient tout de même la course poursuite, tant et si bien que l’on pouvait toujours ouïr quelques lointains avertissements.

  Soudainement, tournant la tête face à son chemin, le garçon grimaça. Un freinage d’urgence s’imposait puisqu’un obstacle inconnu s’était placé en plein passage. Rien n’était à faire, le jeune évadé avait réagit bien trop tard. Un lourd choc se produisit, propulsant le corps du garçon sur le sol terreux. Les marins quand à eux semblait bien content de l’évènement, se rapprochant dangereusement rapidement…

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Shinji Nakata
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Lun 14 Jan - 13:50


Adieu la vie


Que faire de tout cet argent ? J’ai pas besoin de tout ça. Je pourrais économiser pour me payer un vrai labo, réinvestir dans mes recherches… Ou tout claquer dans du jus d’orange. Mh…

C’était là le cours de mes pensées, juste avant que j’aperçoive, du coin de l’œil, un bonhomme débouler de nulle part. Ma vie défila dans mon esprit. J’étais née à South Blue, sous le nom d’Etsu Ando, dans un quartier plutôt calme du Royaume de Trader, si quoi que ce fût eut été qualifiable de « calme », là-bas. J’avais grandi avec Maman, et je n’avais que peu de souvenirs d’une vie de famille avec mes frères et sœurs, bien plus âgés que moi. Mes grands-parents m’avaient tout appris de la chimie, jusqu’à ce que la sénescence me les arrache. Il me restait d’eux leur petit oranger, dans leur jardin, qui, chaque année, nous donnait les mêmes magnifiques fruits. Puis, il avait fallu vendre leur maison, et pour poursuivre ma formation, j’avais dû retrouver un collègue de Pépé Bunmei et Mamie Miu. Ogawa. Un homme qui avait marqué ma vie. Et mes fesses. Enfin, pas au même point que Ghetis Archer. Bref, Ogawa avait fini par se donner la mort, et je m’étais retrouvée seule, avec, comme seul moyen de subsister, le trafic. J’avais atterri sur une petite île de West Blue, pour ce qui allait être mon dernier job.

Après une longue traversée sur un navire marchand, plein de joyeux poivrots dont aucun n’avait un physique très agréable, j’avais posé les pieds sur Kanazakura. C’était une île somme toute assez banale, très marquée par les inégalités. Après avoir traversé le port, je m’étais rendue dans la partie opulente de la ville, jusqu’à l’adresse de mon client. Dans sa gigantesque demeure, deux choses m’avaient marquée : le client, ou plutôt la cliente, était une vieille. Depuis quand les grands-mères se payaient des armes ? La seconde surprise, c’était la vue. L’une des fenêtres donnait pile sur le quartier pauvre. J’avais fait la moue, soupirant en voyant la scène désastreuse qui s’offrait à mes yeux. Franchement, quel genre de personne voudrait voir des clochards en bas de chez elle ? C’était d’un laid ! Cette vieille était bizarre, mais peu importait les petits plaisirs de sa vie, qui consistaient en une vue sur de pauvres sans-dents, et peu importait ce qu’elle comptait faire de quelques produits chimiques dangereux. Tout ça, ça la regardait elle, pas moi. Je m’étais contentée de lui filer ce qu’elle voulait, et de récupérer une somme non négligeable de berries. Elle m’en avait donné trop. Je ne lui fis pas remarquer : elle possédait assez pour que quelques bouts de ferraille ne lui manquent pas. Et j’étais repartie aussitôt.

Je pris la route en sens inverse, et faisant montre d’un sens de l’orientation hors du commun, je tournai dans une rue au hasard, qui me mena droit dans le quartier pauvre. Un instant, je m’arrêtai, remarquant que je n’étais absolument pas passée par là, à l’allée. Merde. Descendant les rues abondamment ornées de débris, de flaques de fluides non-identifiés et de personnes à l’allure pas très sympathique, après les quelques cent-vingt minutes passées sur l’île, je me fis la réflexion suivante : « J’ai vraiment traversé West Blue pour une vieille ? ». Il arrivait que, parfois… souvent, je ne faisais pas de très bons choix stratégiques, niveau rentabilité. J’avais passé un temps fou à voyager jusqu’ici, pour une seule livraison. Merde. Bon, comme je réussissais souvent à me débrouiller pour voyager gratuitement, ce n’était pas très grave. Je glissai les mains dans mes poches, tâtant la belle somme que je venais de gagner. Il ne me manquait plus qu’à savoir qu’en faire.
… Ou tout claquer dans du jus d’orange. Mh…

Et c’est à cet instant que j’arrivais à un croisement, où j’avais pu voir un bidule menacer ma vie.

Adieu. Dites à ma famille que je… Oh, j’avais oublié !

Sans bouger, au dernier moment, mon corps se changea en gaz. Le bonhomme me traversa, laissant un nuage rose exploser à son arrivée sur moi, qui se reconstitua aussitôt. Je le vis se prendre un truc plus loin, une caisse ou un tonneau. Et, derrière, une troupe de marines foncer vers moi.
 
Q.. Quoi ?! Non, c’est pas moi ! Il est tombé tout seul !

Vraiment, ils allaient m’arrêter parce qu’un bouffon venait de se prendre un mur ? Ou un tonneau, ou une caisse, peu importait. Ils allaient pas bien, eux ! D’un mouvement brusque, j’attrapais le bras du type, s’il ne s’était pas encore relevé, et l’aidais à se remettre debout. Dans la panique, je le tirais avec moi, courant vers les rues sales sans savoir où aller.
 
Regardez, il va très bien !

Et si le type acceptait de m’accompagner, je lui demanderais de l’aide pour me cacher, n’ayant aucune idée d’où aller.

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Lun 14 Jan - 22:14



Kanazakura, île mouvementée.


Feat Etsu Ogawa



   Tentant d’échapper une modeste horde cohorte de marins, Shinji s’était mis à caleter à travers toute l’île de Kanazakura. Il était un peu déçu de ne pas avoir réussi son larcin, lui qui voulait croquer cette blanchaille à l’aspect si séduisante. Malheureusement, c’est au bout de quelques minutes de chasse à l’homme que le délinquant se heurta violemment à une donzelle. Enfin, c’est ce qu’il pensait. En effet, le jeune adolescent avait perforé l’inconnue, avant de déboucher de l’autre côté de son organisme sans provoquer le moindre dégât. Il n’avait pas compris, et n’eu pas vraiment le temps de réfléchir, puisqu’il se  rétama ridiculement contre un misérable tonneau empli de perles de sel, provoquant un désordre complet sur le sol boueux.

  Le contact avait été puissant, assez violent pour étourdir le garçon durant quelques instants. L’échappade aurait pu être futile, puisqu’un tel incident aurait permis aux argousins de mettre la main sur le petit arnaqueur. Heureusement, la naïveté de la bobonne était un cadeau des cieux, comprenant maladroitement les lointaines semonces. Le dévoyé s’était fait dédommagé par l’inconnue qui l’avait alors aidé à reprendre son équilibre, en le relevant. Le garçon reprenait alors ses esprits, le bras tracté vers une rue que la demoiselle ne devait pas connaître. Il pouvait désormais porter un regard plus appuyé, envers cet individu. La singularité physique des deux êtres les rapprochait. Tous deux possédaient une coiffure tirée par les cheveux ainsi qu’un intriguant regard.

   Même s’il ne trouvait pas cette situation déplaisante, le garçon n’avait pas l’intention de se faire emmener nulle part par ce qu’il considérait comme une étrangère. Aussitôt pensé, le garçon se mit à réfléchir. Lorsqu’un tel accident se produisait, le brigand avait l’habitude de se terrer dans le cœur de son quartier, là où la marine n’osait pas accéder. Néanmoins, Shin’ n’avait pas totalement donné son accord pour cette option. Il ne comptait pas laisser cette fille, qui devait être désormais considérée comme une complice et fugitive elle aussi. De plus, cette jeune femme venait de le sauver ! Mais, l’introduire au cœur de sa cité pouvait présenter quelques inconvénients majeurs, comme l’attention de loubards qui voudrait s’en prendre à Shinji. Les ruelles de la zone défavorable étaient très sectaires, et n’osait plus vraiment accueillir de nouvelles têtes, depuis les récentes descentes de mercenaires.  

  Il n’avait pas le choix, le jeunot commençait à sentir un épuisement, ainsi qu’une légère douleur suite à sa chute qui restait néanmoins assez spectaculaire. Il prenait le risque d’emmener cette femme là où il avait l’habitude de s’assoir pour vendre. Il redoubla d’effort, courant de plus en plus rapidement, serrant les dents pour surmonter les maux qu’il ressentait au niveau de la cheville.

« Suis-moi ! Un conseil, ne me perd surtout pas des yeux ! »


  Le garçon s’attachait rapidement, et ne voulait pas que cette demoiselle ne se fasse agresser par les gros marginaux de cette agglomération, enfin s’il on pouvait considérer ce ramassis de pierres comme un lieu vivable. A l’aide de l’un de ses bras, le garçon ouvrit la fermeture de son escarcelle, avant de sortir son arme, sous peine d’effrayer la méconnue. Il se retourna là où il pensait trouver la femme, en souriant montrant son côté le plus aimable.

  Tout en étant attentif, pour ne pas provoquer un nouvel accident, le garçon souhaitait connaître davantage sur cette personne. S’il venait à se dissimuler, autant apprendre à se connaître pour faire passer le temps, plutôt que de subir un long malaise. L’adolescent n’était pas doué pour débuter les conversations, et espérait alors que cette mousmé possédait un débit de parole important, de quoi le dévergonder temporairement. Shinji s’humidifia alors les lèvres, à l’aide de sa langue, puis se racla la gorge, avant de prendre la parole.

« Yo, moi c’est Shinji ! Tu peux m’expliquer pourquoi tu m’as aidé ? T’es au courant que maintenant les marins vont te prendre pour complice et fugitive ? C’était vraiment pas malin, surtout que je pouvais m’en sortir tout seul, j’avais pas besoin d’une gêneuse comme toi, qui ne fait que provoquer des accidents ! D’ailleurs, comment t’as fait pour ne pas être victime du choc ? T’es vraiment bizarre, hein ! Ah, et si tu pouvais me donner ton prénom, ça serait cool !»

  Shinji combattait la timidité par un monologue assez important. Le garçon n’était vraiment pas à l’aise avec la gente féminine, rien ne pouvait y faire. Son ton de voix le trahissait, une voix tremblante et hésitante, qui en plus était handicapée par un souffle assez faible.

  Le garçon savait déjà ou se diriger, et tournait relativement souvent de direction, empruntant aussi bien de larges allées, comme de restreintes ruelles. Heureusement, l’arrondissement n’avait aucun secret pour le voyou qui avait passé une belle partie de sa vie à errer, avec les édifices pour seule compagnie.  C’était une nouvelle fois, l’occasion de montrer que cette connaissance allait pouvoir servir, et peut-être impressionner.

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Shinji Nakata
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Mar 15 Jan - 22:27


Crème glacée


Le type devina que les plans de la ville m’étaient inconnus. « Deviner », c’est drôlement choisi, comme mot. Il serait plus correct d’utiliser « déduire d’une sérieuse décélération couplée à de multiples rotations de la tête », puisqu’en effet, ma course se calma brusquement et mes yeux se baladèrent répétitivement à droite et à gauche sous l’effet de la confusion que je ressentis, lors de notre passage sur des routes inconnues. En clair, tout chez moi indiquait que j’étais paumée, et le comprendre n’était donc en rien un exploit. Tout bon qu’il était, l’homme prit le relai en m’invitant à le suivre, et à ne surtout pas le perdre des yeux.
 
Ce serait compliqué ! Ahah !

Après tout, c’était vrai. Avec ses cheveux bizarres-bicolores, c’était difficile de ne pas le remarquer. On aurait dit que deux boules de glace – une framboise, une coco – avaient fusionné pour s’imposer comme style capillaire. C’était assez laid, et, heureusement, ce n’était pas devenu à la mode. Mais ça avait l’avantage d’être très pratique pour le remarquer. D’ailleurs, je me demandais si c’était une si bonne idée, de le suivre. En fait, il était si repérable qu’il fallait le faire exprès, pour le louper. Il ne lui manquait plus qu’un pompon rose flashy le suive pour n’avoir plus aucun espoir de réussir à se cacher. Ahah. Drôle d’idée. En tout cas, même sans ça, les marines nous poursuivaient et le « je suis là » que criait sa chevelure n’aiderait certainement pas à les semer. Mais je n’avais pas de meilleure solution, pour le moment. C’était soit ça, soit me perdre à tout jamais sur une île que je ne connaissais pas. Ainsi, je courais derrière lui, ne le lâchant pas d’un cheveu, puisque, comme je le lui avais dit, ce serait compliqué.

En fait, c’était faux. Le suivre s’avéra plus ardu que prévu. Il filait vite, le bougre ! Je réussis à courir sur ses pas pour quelques centaines de mètres… ou pour deux mètres. Puis après, plus rien. Mes jambes me lâchèrent, geignant au supplice, mes rotules grinçaient sous la torture, et mes poumons brûlaient d’asthme. Je n’avais jamais été une grande sportive. Ni une sportive du tout. Après tout, le Gasu Gasu me permettait d’éviter les efforts vains. Et, heureusement, à cet instant, je pensais utiliser mon gaz pour accélérer le pas. Mes jambes, soudain, semblèrent fondre ou se liquéfier, se vaporiser, même, et s’enroulant l’une à côté de l’autre, elles formèrent un nuage rose qui supportait le reste de mon corps. J’accélérai, parvenant même à ravaler un peu de la distance qui s’était creusée entre nous, jusqu’à ce que je me retrouve à nouveau derrière lui.

Comme j’avais quand même eu peur de me faire arrêter par les marines, je me retournai sur mon nuage, leur faisant la grimace puis glissant un majeur vers eux, s’ils étaient encore là. Sinon, je venais juste d’insulter un inconnu gratuitement. Je pivotai à nouveau vers le gars, et faillis, au passage, me prendre un poteau de plein fouet. Je passai au travers sous une explosion de particules roses, qui se rassemblèrent directement après pour reformer mon buste et ma tête. Puis, reprenant mon sérieux, je vis l’arme qu’avait attrapé l’homme. S’il comptait s’en prendre à moi, ce serait peine perdue. Les logias ne mouraient pas. J’avais sauté d’assez d’immeubles pour le savoir.

Et, soudain, alors qu’on se contentait de fuir, il prit la parole. Vraiment. Trop. C’était mon rôle, la pipelette, putain ! Ceci dit, ça nous faisait un point commun. Aucune idée de si c’était une bonne ou une mauvaise chose, je voulais juste faire la remarque.
 
Woh, woh, woh ! Du calme ! D’abord… enchantée Shinji, moi c’est Etsu ! Et après… Je t’ai aidé ?! Les marines ont cru que je t’avais poussé alors que tu m’es passée à travers, je voulais pas me faire attraper. C’est toi qui m’aides, là ! Et je suis pas une gêneuse !

Enfin, parfois, c’est vrai qu’Ogawa le disait. Et Pépé Bunmei. Et Mamie Miu, et Maman aussi. Bon, tout le monde le disait, mais ça voulait rien dire !
 
Ahah, ben ça, justement, c’est la preuve que je suis pas une gêneuse ! Je t’ai pas dérangé pendant que tu te mangeais des caisses. Parce que… Ma voix devint plus grave et triomphante : Je suis une logia ! J’ai mangé un fruit du démon qui me permet de me transformer en gaz et d’en générer à volonté. Ce qui me rend totalement intouchable.

Et comme on n’arrêtait pas de courir, je finis par lui demander :

 
On s’arrête quand, sinon ? Pour qu’on se pose et que tu me racontes la drôle d’idée que tu as eu de te teindre les cheveux. Ca doit être une histoire super marrante !

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Mer 16 Jan - 20:20



Kanazakura, île mouvementée.


Feat Etsu Ogawa


Courir, cavaler, fuir. Le duo improvisé ne faisait que cette activité depuis maintenant quelques minutes. Les deux collègues inopinés cavalaient de toutes les forces, malgré la visible différence de vélocité. Néanmoins, le garçon se forçait à adapter son allure, ne voulant pas abandonner cette fille à son sort, au beau milieu de ce binks inadapté pour une personne de son gabarit. Le garçon ne comptait pas se faire attraper par la marine, ni même que l’on reconnaisse son visage ou qu’ils arrivent à s’informer sur son nom. La casquette que le garçon portait cachait l’attribut majeur de sa tête qu’était ses cheveux, ne laissant que quelques mèches déboucher sur la pâle nuque. La concentration était telle que la provocation de la jeune demoiselle ne lui portait pas atteinte, le sens de la phrase n’étant même pas réceptionné par le cerveau du garçon.  

Le groupe se rapprochait d’ailleurs de la maison abandonné contre laquelle Shinji s’adossait lorsqu’il s’occupait de ses affaires. C’était un vieux bâtiment, un plein pied, en ruine. Les fenêtres étaient totalement détruites, en fait ce n’était que de simples trous rectangulaires dans la paroi. Le mur était fissuré sur la façade, montrant une triste construction toute grise. L’intérieur n’était guère mieux, et se constituait principalement d’un sol recouvert de tesson de bouteilles et de briques. Aucun meuble n’était présent, ceux-ci s’étant fait piller. Une odeur particulière s’était incrustée dans cet abri, une senteur de bois brûlé, mélangé à celle de pisse de chat.

Ne voulant pas avoir un malaise, le garçon s’était permis de prendre la parole. En plus, il avait récemment appris que parler en courant faisait travailler le souffle. La réponse de la fille fut quasi immédiate. Si cette réactivité plaisait au délinquant, la manière de parler de son interlocutrice le faisait grimacer. Néanmoins, il était tous les deux dans un léger pétrin, autant jouer le jeu et ne pas paraître désagréable de chaque côté. Etsu ne semblait par ailleurs pas avoir compris la situation, qu’elle n’était en rien responsable de la fureur des forces de l’autorité. Shinji décida de garder silence, peut-être qu’elle en serait rancunière et irai dénoncer son nom auprès de ses traqueurs.

« Ah… C’est possible en effet ! »

Mentir n’était vraiment pas le fort de Shinji, surtout lorsqu’il devait improviser pour être crédible. Le jeune garçon avait l’habitude de réfléchir avant de parler, même lorsqu’il était honnête. C’était pour lui un pur challenge. Il espérait d’ailleurs que la fille ne le remarquerait pas. Ce n’est que très peu de temps après que la fugitive avoua posséder un fruit du démon de type Logia. Ce n’était pas la première fois que le garçon croisait un utilisateur de tels pouvoirs, néanmoins il faut avouer que la spécificité Logia l’intriguait. Elle n’avait vraiment pas la carrure d’un monstre de combat, ce qui le faisait un peu hésiter sur l’authenticité de ses pouvoirs. Pourtant, c’était l’hypothèse la plus probable sur l’esquive effectuée.

Finalement, cette fille n’était vraiment agréable. Celle-ci osait se plaindre sur la fuite, pourtant pas très intensive. De plus Etsu se permit même de se moquer de la coloration capilaire du jeune garçon, s’en était trop. Heureusement, ils étaient arrivés à destination. D’un mouvement habile et rapide, le jeune garçon se retourna d’un quart de tour, avant de plonger à travers la fenêtre de la maison qu’il ciblait depuis le début de la fuite.

« Je ne te trouve pas vraiment agréable ! La couleur de mes cheveux ? T'as vu ta gueule? Avec ton vieux chewing-gum goût bubble gum écrasé sur ton crâne, tu devrais pas faire la dingue ! Grosse nullos va ! »

La réplique était vraiment risible, puisque le début de la phrase n’était on ne peut plus sérieuse, avant de lentement décliner sur un ton enfantin. Cependant, le garçon fut rapidement prit de remords. Il n’aimait pas vraiment se moquer du physique, ce n’était pour lui qu’une attitude de lâche, sans arguments. Aussitôt, il reprit la parole afin de s’excuser, toujours le dos tourné, regardant vers le fond de la pièce.

« Je suis désolé… Je ne voulais pas être méchant, et c’est vraiment nul de se moquer comme ça. Alors, si tu veux bien, tu pourrais me pardonner ? On risque de rester bloqué ici pendant un petit moment, alors autant être en bon terme. D’ailleurs, si tu tiens vraiment à le savoir, mes cheveux sont rouges et blancs naturellement, et je sais que c’est bizarre... »


Le garçon ne cherchait pas à provoquer la pitié. En fait, il ne voulait simplement pas provoquer une prise de tête, pouvant alerter la patrouille à leur recherche.



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Dim 27 Jan - 21:12


Jeux interdits


Bubble-gum ? Bubble-gum ?! Sérieux ?! Quel rapport avec mes cheveux ?

Après sa réflexion, j’attrapai une mèche de cheveux pour la passer devant mon visage et m’assurer de ne pas y trouver de sucreries dedans. Ca aurait fait sale. Rassurée de ne rien y trouver, j’en profitai pour admirer un instant leur magnifique rose bonbon, qui me donnait l’air à la fois si originale et élégante. Devant l’évidence, je ne pus m’empêcher un sourire. Alors, lorsqu’il s’excusa, j’avais déjà oublié la remarque désagréable de Shinji :
 
Mh ? Oh, non, ce n’est rien. Moi aussi, à ta place, je serais jaloux de ma crinière.

Je ne voulais pas insinuer qu’il était laid, mais plutôt que je me trouvais vraiment pas mal. A voir comment il l’interpréterait. Dans tous les cas, je le suivis à l’intérieur de la petite bicoque, mes yeux se baladant sur les pauvres murs qui nous entouraient. A l’intérieur, on était peut-être à l’abris des marines, mais je ne donnais pas cher de la solidité des fondations. Jetant un coup d’œil par la fenêtre, je soupirai.

Bon. On va pas rester plantés là à rien foutre. Autant passer le temps à des choses plus intéressantes.

Sourire au coin des lèvres, assurance à toute épreuve, ébouriffant mes cheveux d’une main, je me retournai vers Shinji, d’un mouvement ample et souple des hanches. Je m’apprêtais à lui lancer un regard des plus charmeurs, paupières tout juste closes pour laisser entrevoir l’étincelle de désir dans mes yeux, de façon à ce qu’il ne puisse me refuser aucun caprice. Durant cette virevolte courte mais théâtrale, je préparai mon texte : « Ô Shinjiii, j’ai si peur et si froid dans cette sombre… demeure ! »,  

Il ne fût rien du regard, ni du discours.
 
WOOOooh oh oh oh ! Tu… Woh… Aïe.

Je n’avais pas vraiment pris le temps de l’observer, d’analyser son visage, avant d’arriver là. En fait, notre collision avait eu lieu trop rapidement pour que je puisse le voir, et comme je n’avais fait que le suivre ensuite, je n’avais eu comme spectacle que son dos et son magnifique boulard bien moulé dans son… Putain, je pouvais pas dire ça après ce que je venais de voir. Et pourtant, sa voix, sa voix ! Elle n’était pas d’une résonance si profonde, mais il y avait quelque chose, dans son timbre, qui me titillait jusqu’aux entrailles et me donnait plus que tout envie de… Bordel, non. Je remuai la tête pour lutter contre mes pulsions. J’étais une femme adulte, responsable, je savais me tenir.

Putain, non, je peux pas y croire !

J’avançai d’un mouvement saccadé vers le jeune homme. Mon visage était comme bloqué par le choc, mes lèvres, toujours levées d’un seul côté, tiquaient en même temps que mon œil gauche dont la paupière clignotait. Je levai les mains vers ses joues, les pinçai et les étirai. Vision d’horreur. En comprenant, puis admettant la triste réalité, je le relâchai, mes bras tombant mollement le long de mon corps, mes yeux s’écarquillant et mon sourire s’effaçant pour laisser place à un visage aussi terrifié que terrifiant.

J’aurais encore préféré qu’il soit laid. Enfin, il l’était un peu, à cause de sa cicatrice et de ses cheveux bizarres, mais ce n’était pas ce qui me dérangeait. Il y avait une certaine tendresse dans son regard, ses joues étaient roses et dodues comme celles d’un poupon. Ses traits étaient bien dessinés, fins, et sa peau était douce comme le cul d’un bambin – je n’en ai jamais touché mais j’imagine toujours ça très doux. En clair, ce type n’était pas la machine torride que j’avais imaginée. Ce type, c’était un gosse. Je fis un bond en arrière de quelques mètres, incapable de cacher le choc qu’était cette découverte.
 
Woh… tu es quoi, exactement ? T’as 10 ans ? et un problème de croissance ? Ou c’est quoi, on a collé ta tête sur le corps d’un rugbyman ?

Je ne pus empêcher mon cou de se tendre et mes yeux de se baisser :
 
Putain, c’est dommage, t’avais vraiment un beau c… NON, NON, STOP ! Stop. Ok, on se calme. Tout va bien. Non, non rien ne va, c’est super malsain.

En plus, j’aurais dû m’en douter. Me comparer à de chewing-gum, franchement ! Faire un rapprochement entre l’apparence de quelqu’un et la bouffe, c’était vraiment un truc de gamin. Je soufflai un coup sec, une bonne fois pour toute, pour reprendre mon calme. Puis, de l’autre bout de la salle, sans trop m’approcher de cette chose qu’on pouvait parfois appeler « enfant », ou « adolescent », je pliai un peu mes genoux pour y appuyer mes mains.
 
Ok… Alors, dis-moi… Où sont tes parents ?

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Lun 28 Jan - 20:35



Kanazakura, île mouvementée.


Feat Etsu Ogawa



Le délinquant n’aimait pas vraiment se laisser emporter par ses émotions. Néanmoins, l’attaquer sur son physique ne le laissait pas insensible. Il faut dire que ce jeune homme avait été cible de nombreuses moqueries, à cause de ses cheveux. Sa cicatrice quant à elle, ne cessait de lui rappeler sa triste vie aux côtés de son paternel totalement alcoolique.

Shinji n’aimait pas vraiment cette femme, de par ses manières, ainsi que sa façon de parler. Il était conscient que tout le monde ne pouvait pas être parfait. Lui-même possédait son propre caractère, qu’il décrivait souvent de très particulier, n’ayant parfois pas honte de se dire lunatique. Néanmoins, l’attitude de son compère avait le don de l’agacer.

Les mains dans les poches, le voleur s’efforçait à ne pas écouter les dires de sa collègue. C’était plutôt cocasse, lui qui ne voulait pas créer de malaise. Le visage du Nakata ne quittait pas son expression boudeuse. Il ne comptait pas s’éterniser dans les lieux, voulant repartir à la chasse afin de finalement pouvoir se nourrir. Quelques heures, qui paraîtraient sûrement comme une éternité au vue de la relation naissante, allaient être nécessaires afin de baisser la vigilance des gardes. Il fallait s’occuper par tous les moyens. Que ce soit en tapant dans des débris sur le sol poussiéreux, ou bien même en sifflotant des airs de musiques, le larron n’arrivait pas à trouver de divertissement.

Une situation au final ironique. L’adolescent avait abandonné temporairement son ennuyeux poste de revendeur de drogue où il ne faisait que rester assis, pour se retrouver enfermer. L’ennui n’avait pas fini de le traquer, comme s’il méritait ce châtiment. Ne prêtant plus vraiment d’attention à l’étrangère, le brigand s’était même surpris à fouiller dans sa sacoche. Celle-ci ne contenait rien d’extraordinaire, si ce n’était des munitions, de la drogue, ainsi que quelques berry’s. Une série d’objet qui résumait bien son quotidien.

La fripouille s’ennuyait vraiment, et se demandait s’il devait partir. Dans tous les cas, la marine locale n’osait pas vraiment s’aventurer dans cette partie de l’île, qui se faisait surnommer la jungle, le zoo. Cependant, l’éthique du garçon le forçait à rester. Il ne se voyait pas la laisser sur place, l’obligeant à errer dans les rues, avant de certainement se faire agresser. L’embarquer avec lui, n’était pas non plus une solution envisageable.

L’habitant de l’île se retournait la tête, plongé dans ses pensées, avant de finalement entendre un bruit. Il pensait tout d’abord à un chat, sûrement affamé, comme il était possible d’en apercevoir des dizaines à la moindre ruelle.  Un mélange de surprise et de gêne envahit alors le visage du bandit, qui rougit instantanément.

*Bordel, j’suis tombé sur une barge ou quoi ? Elle pète littéralement un câble !*

Désormais, l’avis de Shinji était fixé. Pour lui, cette fille n’était vraiment pas banale, un peu benêt.  Il n’osait cependant pas la brusquer, ne la trouvant pas violente. Une décision rapidement prise, puisque soudainement, Etsu s’était permis de lui tirer les joues.  

Le garçon fermait les yeux, soupirant afin de montrer son exaspération. Même s’il pouvait, son but n’aurait jamais été de la blesser, puisque cette aguicheuse ne s’était pas montrée violente, voire hostile. Il n’empêchait que le délinquant serrait son poing, tout comme ses mâchoires, additionnant les signes de désagrément.
Après avoir manipulé durant de longues secondes le faciès du préadolescent, le comportement de la dame bascula. Un abattement soudain, passant par la tête, les bras, et tout le reste du corps. Le jeune homme se sentait soulagé. Un soulagement qui se transformait visiblement en peine à l’écoute des paroles crues.

« T’as pas fini de critiquer mon physique ? Même pas un peu ? Sérieusement, j’vais vraiment finir par me casser, ou te flinguer ! J’te jure tu mérites que j’te hagra ! »


Le garçon ne savait pas vraiment affirmer son autorité, néanmoins sur les femmes. Même s’il avait élevé la voix, au risque d’éveiller les soupçons des curieux passants, son ton n’était pas vraiment effrayant. A vrai dire, les chances de faire rire l’interlocutrice étaient même plus élevées.

Fronçant les sourcils, le garçon se sentait vexé, humilié. L’attaque sur son physique ne l’avait pas laissé intouché, puisqu’il se remit immédiatement en question. Le pubère n’avait pas vraiment un corps de rugbyman, bien qu’il compensait sa maigreur par une taille légèrement trop développée pour son âge. Aussi, il tâtait ses bras, musclés, mais cependant secs, lui donnant vraiment un air stupide.

Malgré tout, Shinji n’était pas au bout de ses peines. Même s’il paraissait affecté, les attaques sur son physique ne lui portaient pas vraiment atteinte. La colère qu’il avait à chaque remarque n’était que temporaire, à contrario de l’évocation des parents du jeune hors-la-loi. Une allusion qui lui pinçait le cœur, lui rappelant des douloureux et frais souvenirs.

La tête du garçon se baissait, rentrant son menton dans le col de sa veste. Un froid monumental éclatait alors dans la pièce en piteuse état, suite à la réaction du garçon. Il ne voulait pas répondre, reniflant plusieurs fois du nez, de manière indélicate. En même temps il remuait son pied à raz du sol, levant de la poussière se collant sur ses bottes blanches.

«Si tu parles de mes parents biologiques, j’veux dire ce qui m’ont conçu, j’en ai aucune idée. J’espère dans la merde, ou j’sais pas trop où, en tout cas pas sur mon chemin. Si tu parles de ceux qui m’ont fourni une éducation, j’dirais un peu partout dans Kanazakura.  Les grands d’la cité, y’a qu’eux qui sont vrais. C’est eux qui m’ont donné un job pour me nourrir, du courage pour me lever tous les matins, un flingue pour me défendre… »

Finalement, le garçon décidait de répondre. Une réponse véridique, cependant pouvant être ambigüe. Il espérait changer de sujet de discussion rapidement,  et n’était pas vraiment en colère contre Etsu, elle n’était pas vraiment fautive.

Relevant la tête, le garçon affichait de nouveau un sourire. Shinji n’aimait pas faire compatir, ce n’était pas dans sa nature de partager son malheur. Le bonhomme essayait de cacher l’humidité de ses globes oculaires, en les frottant à l’aide de sa manche.  Une manœuvre qui finalement, ne faisait qu’empirer la situation, en rougissant ses paupières.  D’une voix plus heureuse, moins tremblante, le garçon reprit soudainement la parole.

« Et sinon, tu fais quoi à Kanazakura ? Genre, c’est pas vraiment commode de s’arrêter ici, surtout si c’est pas pour d’la marchandise ! Enfin, on peut pas vraiment dire que t’es banale toi, Astu…»



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Sam 23 Fév - 16:15


Berk, un enfant


«  J’te jure tu mérites que j’te hagra ! »

Silence. Une seconde, puis quelques autres passèrent dans un silence total. Mes yeux s’ouvrirent en grand et ronds, plantés sur le gamin qui me menaçait de mort. J’avais grandi au Royaume de Trader, connu pour la pègre qui l’habitait, et pourtant, je n’avais aucun souvenir d’un enfant à la fois aussi violent et peu convaincant. J’explosai de rire, mon menton se relevant alors que mes éclats hilares inondaient la pièce. Très vite, des crampes aux joues et aux abdominaux me forcèrent à me calmer. Je glissai un doigt au coin de mes yeux pour essuyer les petites larmes qui y perlaient, inspirant profondément pour tenter de me reprendre.
 
Ahahaaaah…

Soudain, mon état rieur disparut, et seul un sourire fier et assuré conserva mon enjouement. Je m’approchai à nouveau du gamin, lui flanquant une petite pichenette dans le nez pour le faire rebondir. Et, réalisant que je venais de toucher un enfant, ce machin plein de microbes, j’essuyai plus ou moins discrètement mon doigt sur ma blouse et notai mentalement qu’il faudrait la laver plus tard. Et si ma mine légère ne s’effaçait pas, mon ton, lui, se fit des plus sérieux :
 
Tu es mignon. Enfin… autant qu’un enfant peut être mignon. Je te l’ai déjà dit, je suis une logia, donc invulnérable, par définition. Mais je serai ravie de voir comment tu essaierais de venir à bout de moi, même si c’est vain. En plus, ça améliorera pas ta tronche.

Oups, je crois que je l’ai vexé.

A en voir sa réaction, le gamin n’aimait pas qu’on lui fasse remarquer ses défauts. Encore un enfant roi, ça. Ca se rebellait contre papa-maman, ça trainait dans la rue pour jouer les gros durs, mais ça ne restait qu’un gosse. Il se vexait pour un rien.

Ou peut-être qu’il ne se rebellait pas tout à fait contre papa-maman, puisqu’à en croire son discours, il n’avait pas trop de papa-maman, et peut-être qu’il traînait dans la rue parce qu’il n’avait pas trop le choix. Mon sourire disparut un instant, pendant que je déglutissais. C’était quoi, ça ? De la compassion ? Urgh, sûrement pas. Ce genre d’histoire pouvait arriver à n’importe qui, et il n’était certainement pas le seul dans cette situation. Les personnes qui se plaignaient de tout me mettaient non seulement mal à l’aise, mais me rebutaient au plus au point. Ils pouvaient aller au diable, puisque la vie était si horrible. On n’avançait pas en se faisant plaindre.

« Ouin ouin, j’ai perdu mes parents ». Bah ils voulaient pas de toi, et vu ce que t’es devenu, ils avaient bien raison.

Pour couronner le tout, c’était des gars de la rue, qui l’avaient élevé. Super, pour le développement du gamin. Ca allait nous faire du gros criminel, ça. Comme s’il n’y en avait pas assez. Il allait mal tourner, c’était certain. Et j’étais pas certaine que filer une arme à un gosse était une bonne méthode d’éducation. Enfin, après tout, c’était pas le mien, et je voulais pas d’enfants. Et comme il changeait le sujet, je n’allais pas m’attarder sur une discussion contre moi-même, comme ces débats débiles de parents qui consistent à dire ce qui est le mieux pour un enfant. Alors qu’il n’existe aucun mieux, seulement des pires à éviter.
 
ETSU, petit con ! Je suis venue vendre des armes à une vieille friquée. Puis je me suis paumée. Puis maintenant je suis avec… je le dévisageai avec une once de dégoût, ça. Euuuh… toi, je veux dire. Enfin, le prochain navire arrive pas avant un moment, du coup je suis coincée ici en attendant.

Comme j’imaginais qu’il n’y avait rien d’intéressant à dire de plus là-dessus, et s’il ne s’attardait pas à y répondre, je poursuivis :
 
T’es pas un peu jeune, pour travailler ? Ou ce que tu appelles travailler, c'est distribuer les journaux et tondre les jardins des personnes âgées ?

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Feat Etsu Ogawa



La situation commençait à devenir lourde. Shinji ne se souciait pas de montrer son agacement. Les utilisations de gémissements, soupirs devenaient récurrentes. Le délinquant se décrottait les yeux, à l’aide de pouce et index, tout en imitant le ricanement puéril de son interlocutrice. Un mime plutôt sardonique, puisque le garçon plissait les yeux tout en exhibant ses deux incisives centrales. Finalement, le môme n’avait plus très envie de sympathiser avec cette inconnue. Peut-être que cette femme n’était rien d’autre qu’une punition. Un châtiment qui lui aurait-été imposé, à cause de son médiocre brigandage sur le port.

Etsu s’approchant, le garçon stoppa son mime. Il reprit un air sérieux, légèrement hautain. Ce rire moqueur l’avait légèrement vexé.  Les bras croisés face à son aînée, Shinji se laissait faire. La chiquenaude qu’il venait de recevoir ne l’avait pas vraiment bouleversé. En réalité, sa seule réaction fut le soulèvement de l’un de ses deux sourcils.

Ecoutant attentivement la femme, le Nakata admit intérieurement ses tords. Il était vrai que le brigand était dans l’incapacité de pouvoir tambouriner le visage de la femme. De toute manière, ce n’était son intention première. Néanmoins, rien n’empêchait au gamin d’appeler de l’aide. Il était dans sa cité après tout. Ce n’était pas les gros bras qu’il manquait, et Shinji avait la chance de pouvoir bénéficier d’une protection de ceux-ci. Ses loyaux services qu’il dévoué à ses nombreux patrons depuis désormais plus d’un an lui valaient bien une couverture, lorsqu’il en était nécessaire. Un détail qui semblait avoir échappé à la femme, une précision que le margoulin n’allait pas dévoiler. De toutes manières, si la situation déroulait comme prévu, la violence n’aurait été d’aucune utilité.  

Tout en se frottant la cicatrice présente sur son visage, Shinji ne répondait que par un vaste sourire. En réalité, le garçon aurait très bien certainement voulu répondre par des insultes, mais quelle aurait-été l’utilité ?

Le haussement de voix n’avait eu pour effet que d’énerver le forban qui laissa soudainement dépasser sa langue, avant de la mordre. Néanmoins, le reste de l’énoncé l’intéressait davantage.  Tout comme Shinji, Etsu n’avait vraiment pas l’allure d’une trafiquante. Une surprise qui le fit légèrement sourire.

« Toi ? Trafiquante d’arme ? Tu m’fais marcher, hein ? T’as pas été capable de comprendre que les agents du port n’avaient rien contre toi, et là tu m’dis que tu complotes dans le trafic ? Oh, bordel t’as failli me faire rire ! »

Depuis la rencontre des deux zigs, la voix du jeune garçon ne laissait paraître que de la nonchalance. Pourtant, pour la première fois, de la bonne humeur s’en dégageait. Il faut dire que le petit gaillard ne s’attendait pas vraiment à cette révélation.  

« Par contre, j’veux pas entendre des propos sur l’âge, hein ! Ca veut rien dire ça ! Dans l’commerce de cette île, y’a deux solutions ! Si t’es bon, t’es sur le terrain, et t’assumes. Dans le cas contraire, si t’es mauvais, tu restes sur le banc, et tu regardes les autres faire.  C’est l’une des seules choses que je n’aime vraiment pas entendre, ça me fait froncer les sourcils, tu vois ? Tout ça pour dire, ça ne sert à rien d’parler d’âge. Tu peux aborder ce sujet avec d’autres personnes, mais moi je ne vais pas tergiverser là-dessus.  Sinon, t’y étais presque ! Alors, non je ne distribue pas le journal, et je ne tonds pas la pelouse. Mais on pourrait dire que je récupère la pelouse des plus vieux, pour la redistribuer. Mais bon, j’suis multitâche, hein ! Je distille la farine aussi aux passants. Parfois, on me demande de participer à la livraison d’œuvres d’art, ou de joujou. Enfin bref, ça dépend les trucs qu’on me demande, quoi !»

Une nouvelle fois, le jeune garçon tentait d’être sérieux. Il avait présentait ce discours avec un léger respect, il espérait que cette fois-ci Etsu soit compréhensive. En effet, Shinji avait conscience de son jeune âge. Souvent considéré par les autres comme un défaut, le jeune garçon avait pourtant démontré qu’il contournait le problème par une sérieuse rigueur. Parfois même, le filou profitait pour en tirer un avantage.  

« Enfin bref, tout ça pour dire que j’suis bloqué à ne pas pouvoir continuer mon activité. Partiellement à cause de toi, parce que tu m’as ralenti. Eh, au fait ! Si j’ai envie de t’appeler Atsu, ou bien même Estu, je ne vois pas trop où est le problème ? Pov’ cloche… »

Shinji souriait. Il ne pensait pas vraiment ce qu’il disait, et tentait de le faire comprendre par l’intermédiaire de cette risette. Se rapprochant d’une fenêtre brisée, le garçon regardait attentivement la rue. Visiblement, rien dans la rue ne pouvait les alarmer. Cependant, le jeune homme préférait rester prudent, en se terrant encore quelques temps.  Adossé contre le poussiéreux mur adjacent à la fenêtre, le mioche reprit alors la parole.

« Si t’as besoin d’aide pour vendre ton truc, j’peux peut-être t’aider, nan ? »


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Mer 27 Fév - 14:23


Trafiquant, trafiquante


Que les agents… quoi ?
 
Aaaah, les enfants, j’vous jure ! Faut tout vous expliquer. Les soldats me poursuivaient parce que je suis trafiquante, justement.

Franchement, qu’est-ce qu’il croyait ? Qu’auraient pu vouloir la Marine à un gamin comme lui ? Avec sa gueule d’ange, il n’était coupable que d’être mignon à croquer. Berk. Il n’avait pas l’air de me prendre au sérieux. Mais tant mieux. Mon image de trafiquante, je la gardais pour les clients. Que le reste du monde me prenne pour une demeurée, c’était une bénédiction. Comme ça, j’étais tranquille, je vaquais paisiblement à mes occupations et personne ne me faisait chier. Alors, pour toute réponse à ses petites attaques, je souris niaisement.

Et je ne pus empêcher ce sourire de devenir sincère, lorsqu’il parla de l’âge. Après tout, j’étais assez jeune aussi, et j’avais des ambitions auxquelles bien des adultes n’osaient même pas penser. L’âge, c’était vrai, n’était pas un élément déterminant. Peu importait l’âge, l’essentiel résidait dans la détermination. Si on m’avait dit, à cet instant, que je me trouverais à Marijoa pour passer les examens d’entrée dans la Section Scientifique, je n’y aurais pas cru. Et pourtant, avec un peu de chance, beaucoup de volonté, une trahison d’organisation criminelle et une marque aux fesses, on pouvait arriver à ses fins. Ou au début de ses fins. Il fallait encore que je réussisse ces examens.

Enfin, à cet instant, mes ambitions n’étaient pas les mêmes. Je marchais dans les traces de mon Maître, dans l’espoir de prendre un jour le contrôle des flux d’armes dans le monde. A vrai dire, je ne sais même plus pourquoi je voulais ça, ni ce que ça m’aurait apporté. Mais j’y croyais dur comme fer, et en faisait ma principale raison de vivre, sans me rendre compte que c’était un rêve inatteignable. Parce que j’étais jeune et déterminée.

Cela dit, travailler à son âge, ça craignait quand même. Il aurait dû aller à l’école, ou quelque chose comme ça, mais certainement pas traîner dans la rue avec des brigands, à jouer à l’école de la vie. Surtout pour dealer. Saisissait-il au moins l’ampleur de ses actes ? Putain, les mecs qui l’élevaient étaient pas nets. Mais pas cons non plus. Qui aurait pensé que ce petit garçon était un hors-la-loi, avec sa petite bouille toute mignonne ? Oh, bordel, j’allais pas me laisser avoir, non plus ?! Ce gosse était un démon, en fait.
 
Ouais, bah tant mieux que tu sois bloqué ici. T’es trop p’tit pour ce genre de trucs. ET C’EST ETSU, ET JE SUIS PAS UNE POV’ CLOCHE ! Trou duc’.

Je savais qu’il rigolait. Oui. Je le savais parfaitement. Je le prenais pas au sérieux. Ca aurait craint, si ça avait été le cas. Mais c’était pas le cas. Du tout. Donc tout allait bien. Et il se prenait pour qui, à vouloir m’aider ? Je connaissais mon métier mieux que lui, quand même !

 
Pas besoin, c’est déjà fait. Je suis quelqu’un d’efficace, moi. J’attends juste un navire pour repartir. En plus, la vieille à qui j’ai vendu mon truc m’a donné plus d’argent que prévu, je pourrai voyager confortablement. En même temps… c’est mérité. Ca m’a demandé du boulot, quand même ! Je sais pas trop pourquoi elle va s’en servir… exploser du pauvre, je crois. Une connerie du genre, un délire de riche.

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Kanazakura, île mouvementée.


Feat Etsu Ogawa


Shinji avait fait preuve d’une tirade sincère, voulant être prit au sérieux.  Malgré son visage d’enfant pubère, il avait su être validé par les gros bonnets de l’île. Être méprisé par Etsu le mettait mal à l’aise. En réalité, le garçon était presque sûr que la femme n’avait pas compris son secteur d’activité. Il faut dire que les natifs des quartiers pauvres de Kanazakura avaient généralement l’habitude de traiter le sujet à l’aide de métaphore. Le terrain, le four, le charbon ; des termes généralement utilisés pour désigner les lieux où se déroulaient les trafics illégaux.  

Ces quelques échanges avaient permis au délinquant d’analyser l’étrangère. Son joli petit minois pouvait très bien dissimuler une lourde carrière de trafiquante. Il était le mieux placé pour le savoir. Quant à son attitude, même si cette femme jouait l’idiote, il n’en restait pas moins que le jeune adolescent restait méfiant. Les imbéciles ne faisaient jamais long feu dans ce type de travail. Pour réussir à garder sa liberté, il n’y avait que deux solutions. La première consistait à s’entouré de personnes influentes. La deuxième se basait sur la capacité à faire preuve d’ingéniosité. En bref être malin, ou bien avoir le bras long.

Le voyou ne se souciait pas vraiment de son sort. En plus de garder son anonymat, ce dernier s’assurait de réunir les deux conditions. Travailler vigoureusement pour plus fort que soi, afin de bénéficier d’une protection, tout en essayant de toujours prévoir des plans de secours. Un train de vie qui avait fait ses preuves. Il mangeait à sa faim grâce à l’illégal, tout en se permettant de dormir sereinement. Jamais il n’avait eu faire face à une fouille, jamais il n’avait connu les menottes de la marine.

Le visage concentré de la demoiselle lors du discours sur l’âge, semblait montrer un certain acquiescement. Shinji souriait voyant qu’il pouvait alors être d’accord sur un sujet. Un sourire qui s’était rapidement fait briser par une remarque négligeant sa maturité. Une moue sérieuse, et légèrement méprisante. Le requin regardait Etsu de la tête aux pieds, la balayant des yeux plusieurs fois. Une mine qui s’affaissait de plus en plus. Les explications de la raison de sa venue avaient pour effet de faire grincer du pendard. Alors que les tensions entre quartiers s’étaient refroidies, voilà que cette totale inconnue s’était chargée d’armer une cliente provenant de la zone aisée

« Rah oé, t’es vraiment qu’une pauvre merde, toi. Trop p’tit ? On m’appelle le soldat du terrain, j’sers les clients tous les jours. Tous les cafards de ce quartier se bat pour la résine que j’vends. Jamais les clients ne tomberont sur une porte fermée. J’me promène dans les beaux quartiers avec la drogue qui fait peur aux riches.  Sans le bénéfice de la rue, j’aurais jamais mangé à ma faim, j’aurais jamais eu le respect des grands. J’crois tu m’as pas très bien cernée. Tu m’sors que t’as vendu j’sais pas trop quoi à une riche, sur un bateau ? Sur ma vie, j’suis une grosse pute si j’fais pas cramer l’port. Kanazakura, tous ces clochards dans ce quartier, c’est ma famille. Azy, reste là, bouge pas, moi j’décale. »

Il fallait que le garçon agisse rapidement. Il ne savait pas vraiment ce qu’Etsu avait fourni. Des armes ? Une bombe ? Un mercenaire ? Enfin, si cette transaction ne datait pas, le colis devait toujours se trouver sur l’un des bateaux. Sautant à travers la fenêtre sans vitre, le garçon se mit alors à courir à toutes vitesses. Il n’avait pas pour intention d’avertir la population, mais d’agir solitairement. Déboulant dans différentes rues, il fallait que le garçon aille chercher quelque chose chez lui.

Claquant la porte de son domicile afin de l’ouvrir, le truand se rua sur les escaliers, afin d’accéder à sa propre chambre, se trouvant dans l’étage. Le lieu n’était vraiment pas présentable. Une odeur de tabac froid. Des sous-vêtements féminins sur le sol. Différentes drogues trainaient dans tous les coins de la pièce. Des tonnes de munitions faisaient offices de meuble. Se munissant d’un sac, le garçon prit en charge de le remplir à l’aide de sac de poudre à canon.

Sa solution ? Définitivement provoquer un attentat à l'embarcadère.

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Mar 23 Avr - 0:23


Oups


« Ouais donc, tu joues avec des cafards. » C’est ce que je lui aurais répondu, s’il n’était pas parti en furie. A la place, je me contentai de sourire, plutôt satisfaite de sa réaction. J’avais certainement agi inconsciemment, en le taquinant de la sorte, ou peut-être l’avais-je fait tout à fait volontairement. Je ne sais plus. En tout cas, dès l’instant où son ton était sérieusement monté, mes idées n’avaient jamais été aussi claires. Sa colère allait me servir. A vrai dire, je ne savais pas si l’arme de la vieille fonctionnerait, et la voir s’en servir me permettrait de la tester et d’envisager des améliorations. C’était plutôt cool. Grâce à ce môme et son sang chaud, la Science allait avancer ! Qui aurait pu y croire ?

En tout cas, je m’étais empressée de partir à sa poursuite. Il avait parlé de faire péter le port, et peut-être pensait-il que la vieille s’y trouverait, ou au moins l’arme. Pour la vieille, je ne savais pas, mais quant à l’arme, elle était déjà en sa possession. Il aurait pu brûler tous les navires du monde que ça n’aurait qu’empiré l’état de sa petite ville. Et il se serait sûrement fait arrêter avant de pouvoir atteindre la vieille. Du coup, je me faisais une mission de lui donner son adresse. Autrement, c’était pas drôle. Et potentiellement, c’était la merde.

Et il courait vite, le bougre. Heureusement, je le savais déjà, et je m’étais empressée de lâcher un peu de leste en ne devenant que gaz, ce qui me permettait, au passage, d’éviter tout effort physique. Comme ça, c’était plus simple. Mais quand même, je me demandais si j’allais pas finir comme une grosse patate, à force. Un peu comme ce Bertrand Datface, que j’avais rencontré lors de ma croisière avec Massy. Urgh, rien qu’à cette idée, je grimaçais. Fallait vraiment que je me mette au sport. Enfin, ça pouvait encore attendre le lendemain. Ou un peu plus tard. Quelques années.

Comme le gamin était trop énervé pour faire attention à ma présence, ou comme j’étais trop lente, en tout cas, il avait claqué la porte avant que je ne puisse me faufiler derrière lui. Sans plus attendre, je profitais d’un petit espace qui séparait la porte du mur pour me glisser à l’intérieur, et entendant ses pas dans l’escalier, je l’y suivis. Une fois dans sa chambre, je repris forme humaine et m’offris une petite visite des lieux, alors qu’il s’affairait de son côté.
 
Sympa, la déco, dis-je en souriant alors que je soulevais un soutif qui trainait par là du bout des doigts. Je pense que j’ai le même. Enfin… pas sur moi, mais chez moi.

Au cas où, je tirai un peu mon t-shirt pour découvrir mon soutien-gorge et vérifier. Mais non, c’était pas le même. Je relâchai celui que je tenais avant de poursuivre.
 
Mais t’es pas un peu jeune, pour te taper des filles ? Ou tu te déguises en fille ? Enfin, t’inquiète, je te juge pas. T’es un grand garçon. Ou une grande fille.

Ca, je l’avais dit d’un air un peu trop ironique pour être prise au sérieux. De toute façon, c’était ironique. Par contre, en remarquant le tas de drogues dans sa chambre, je sentis un frisson me parcourir. Parmi les trucs que je ne pouvais pas supporter, c’était certainement la première, ex æquo avec l’alcool. C’était pire qu’un poison. Et puisque mon humeur n’était plus à la rigolade, je finis par annoncer :
 
Sinon, j’ai cru comprendre que tu voulais mettre le feu au port. Mais je pense que la vieille est encore chez elle. Et elle a déjà son arme.

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Shinji Nakata
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Shinji Nakata
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Sam 27 Avr - 14:17



Kanazakura, île mouvementée.


Feat Etsu Ogawa


La situation actuelle ne plaisait pas vraiment à ce jeune dealer de quartier défavorisé. Non seulement obligé de se coltiner un pot de colle, le garçon se voyait désormais obligé d’intervenir sur la possible attaque destiné à provoquer un homicide auprès de ses proches. Il ne se souciait pas vraiment de la vie des autres, mais de nombreuses morts réduiraient sûrement ses clients, avant de provoquer une énième révolution. L’île de Kanazakura avait déjà assez subi, cette dernière se voyait obtenir le repos dont elle méritait. Les paysages étaient dévastés, présentant des bâtiments déplorables. Les habitants étaient ravagés, exposant une riche pauvreté. Shinji n’avait rien d’un héro, même pas d’un anti-héro. Il était juste le petit bicraveur, alimentant le cité en drogue, calmant la haine de ses similaires. Un rôle difficile à admettre quand ce dernier repensait aux vies qu’il ruinait à cause de sa merde. Une lourde peine qu’il se voyait alléger à l’aide de l’argent qu’il amassait.

Le Nakata avait rapidement rejoint sa demeure. L’une de ses seules qualités était d’être un très bon athlète, pouvant atteindre une vitesse de pointe hautement supérieure à la moyenne, même parmi les meilleurs. Quelque chose de plutôt pratique lorsqu’il s’agissait de fuir la brigade anti-criminalité de la marine locale. Ce dernier était actuellement en train de s’approvisionner, prévoyant un attentat, sans même avoir pensé à la poursuite de cette idiote. L’endroit aurait pu être confondu avec l’un des quartiers généraux de la mafia. Pourtant, c’était bel et bien l’endroit où le bicolore s’endormait très tard, enfin tôt le matin. Shin’ avait bel et bien besoin de courage. Empoignant une bouteille d’alcool fort de basse qualité qui avait perdu toute sa saveur, il ne fallut pas longtemps au garçon afin de prendre une gorgée.

« C’est pas l’alcool qui résoudra mes problèmes de foi, ou de foie, j’sais plus. »


Ce n’est pas parce que le mécréant était dans tous ses états que la petite peste se serait retenue de faire une remarque. Cette dernière avait reproché au jeune garçon la décoration, puis ses rapports sexuels précoces. Le tout agrémenté d’une légère couche d’humour, ne plaisant pas vraiment au brûlé.

« Regarde autour de toi, réalité sans tabou, sans théâtre. Tu peux l’voir, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Tant mieux si tu vas dans l’même sens que moi, en vendant des armes à la con. Tu demandes à qui appartient ces sous-vêtements ? Sûrement à ta pauvre mère, elle veut profiter d’mon succès récent, elle est vicieuse, elle est coquine. Mais bon, pour moi c’est plan sous avant plan fesses. J’l’ai toujours dis, la haine se transforme en dalle, la dalle se transforme en réussite. J’ai faim de victoire. J’suis peut-être pas digne des plus grandes cités de Kanazakura, mais bon, on m’a conseillé de vivre comme un pauvre, de ne pas montrer ma richesse. J’aurais tout le temps de faire l’beau en costume trois pièces, quand y’aura plus rien à faire. »

Durant ce discours, Shinji ne s’était pas retourné en direction de la femme aux cheveux colorés. En réalité, il avait juste réunit quelques sous-vêtements. Deux culottes féminines, ainsi qu’un caleçon lui appartenant. Ce dernier n’avait pas été gêné par le discours du parasite, mais prévoyait de s’en servir comme projectile. En effet, après avoir fini de parlé, le jeune adolescent s’était retourné vers la fouineuse, avant de jouer avec les élastiques des deux bas, puis du sous-vêtement féminin, dans l’optique de l’envoyer en direction du visage de l’insupportable Etsu.

Quelques munitions supplémentaires ne seraient pas de refus, Shinji se mit alors à prendre une boite de balles destinées à alimenter son revolver, avant de la vider dans l’une de ses nombreuses poches.  Si les choses venaient à dégénérer, le petit ne comptait sûrement pas sur l’aide de sa compère recherchée par les forces de la marine. Pourtant, celle-ci s’était efforcée à donner des informations que n’avait pas manquées le mercanti. Arrêté à proximité de la petite garce, le jeune voleur reprit subitement la parole, avant de tenter d’attraper la bretelle du soutien-gorge précédemment exhibé.

« Toi par contre, tu viens avec moi, j’te laisse pas chez moi sale malade. »



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Shinji Nakata
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Sam 1 Juin - 23:43


En route, mauvaise troupe


 
Quel poète… baillai-je, lointaine.

En fait, j’avais arrêté d’écouter à partir du moment où le discours s’était dirigé vers ma « pauvre mère ». Je me demandais ce qu’elle faisait, à ce moment-là. A son âge, j’espérais qu’elle évitait de fréquenter des jeunots dans le genre de Shinji ; ça aurait fait sale. A vrai dire, je ne savais pas quoi penser de l’attaque. Je savais que j’étais censée m’énerver, tenter de la défendre, de défendre sa dignité et la mienne, mais, à vrai dire, l’insulte ne m’atteignait pas. Elle me passait au-dessus, au-dessous ou à côté, peu importe, mais je n’arrivais pas à ressentir de la peine en réponse à la pique du gamin. C’était pas sérieux, je le savais. Malgré tout, mon manque de réaction, aussi bien par l’insipidité de ma face que par mes émotions ternes, m’intriguait : est-ce que ce n’était pas mon devoir d’enfant, de protéger Maman de ces attaques ? Est-ce que me laisser traiter de « fille de pute », finalement, était moralement acceptable ?

Est-ce qu’on s’en battrait pas les couilles ?

Je remuai la tête pour sortir de mes pensées, au même moment où une culotte atterrissait en plein sur mon visage. Une seconde passa, pour que je puisse réaliser la scène, puis une deuxième, pour être sûre de ce qu’il se déroulait.
 
PWAAAAAAAAAAAAAAAARF ! Ca pue la vieille moule !

J’attrapai la culotte du bout des doigts, la balançant loin de moi, toussant à m’en faire cracher les poumons pour me vacciner de l’odeur terrifiante d’une culotte qui ne m’appartenait pas. Je grimaçai, sortant la langue comme si le goût s’y était installé. Une petite larme perla à mon œil.
 
Sérieux, c’était pas de la première fraicheur, ça ! Tu risques de choper une indigestion.

Après quelques minutes pour me remettre de l’horreur que je venais de vivre, marquée à vie par cet acte barbare, je découvris un garçonnet prêt à tout pour s’en prendre à une vieille qui ne cherchait qu’à tirer dans les clochards, comme on tire sur les pigeons. Mais, avant que je ne puisse offrir à ses oreilles quelques délicatesses – « Oh, c’est mignon, tu joues à la guerre ! » - le gamin m’attrapa par la bretelle et me tira avec lui, comme s’il avait peur que je fasse des bêtises ici. De toute façon, j’avais prévu de le suivre, c’était la seule chose intéressante que j’avais à faire ici. Laisser une vieille bourgeoise faire des expériences sur un gamin de la rue, ça avait quelque chose d’excitant. Et ça ne pouvait que faire progresser les sciences.
 
T’en fais pas, de toute façon tu as besoin de moi pour savoir où aller. Suis-moi, on va la rejoindre.

« Enfin, fais gaffe quand même, elle pourrait te tuer. Je sais pas comment, mais elle pourrait. » n’aurait pas été de trop. Dommage, je l’avais gardé pour moi. S’il se défendait trop, il risquait de tout faire foirer. Après tout c’était qu’une vieille, et elle avait beau avoir de quoi se défendre, elle restait fragile. Mais j’étais curieuse de connaître sa manière de procéder.

Prenant les devant, je me dirigeai vers le port, toute pimpante, l’allure droite et fière, tout sourire. Après environ trois mètres, je m’arrêtai net, bloquée. Sans me retourner vers lui, je lui lançai, toujours avec le plus grand des sourires, quoi qu’un peu crispé cette fois :
 
C’est par où, le port ?

De là, je pensais pouvoir retrouver la demeure de la vieille. Le seul risque, c’était de tomber à nouveau sur des soldats de la Marine. Mais ça aurait été vraiment pas de chance, hein ?


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