Les mots de Ghetis Archer résonnaient encore dans la tête du blondican. « La Famille avant tout », c’était là de vraiment belles paroles. Sakuga venait de trouver une nouvelle famille, aux côtés de la Couronne. Il ne connaissait pas encore très bien l’Archer mais celui qu’il connaissait le mieux, c’était Caligula. Le jeune homme avait bien grandi pendant toute ses années et c’était comme le frère qu’il avait perdu, il y a très longtemps.

C’était avec une certaine mélancolie que le Keigo regardait le ciel ensoleillé de Bilca. Il avait eu de beaux souvenirs ici, sa vie d’enfant. Il en avait vu de belles choses, comme de belles aventures avec la petite bande de garnements de la fontaine comme les enfants aimaient s’appeler à l’époque. Le jeune adulte se leva donc de son lit d’hôpital avant de se mettre en marche, il avait envie de voir ce qui était devenu le village de son enfance. Il avait quitté ses lieux après tout depuis une bonne vingtaine d’années. Les souvenirs qu’il en gardait, étaient encore intactes. Respirant un bon coup, cet air qu’il n’avait pas pris le temps de savourer comme à l’époque.

Marchant la main appuyé sur le mur du couloir, le bilcan avait des images comme à l’époque où il était bien plus vigoureux qu’aujourd’hui. Une belle époque où il quittait sa petite maison à l’extrême limite du village pour rejoindre le centre. Sa mère qui embrassait son front avant qu’il s’en aille. Cela faisait un peu de bien au coeur de Sakuga, il allait peut-être revoir cette femme qu’il chérissait tant ? Peut-être pouvoir l’embrasser et la câliner pour lui montrer toute l’affection qu’il lui portait.

Une silhouette se tenait au côté de la porte du bâtiment où il se trouvait. Une silhouette que Sakuga connaissait très bien. C’était Caligula, son plus tendre ami. Les mots manquaient au Keigo, il devait se reposer après tout. Il ne s’était peut-être pas totalement remis de ces combats à Mars et voulait éviter qu’on s’inquiète pour lui. Il fallait néanmoins qu’il aille faire ses recherches, qu’il aille retrouver ses origines.

«  - Hey bonjour Cali’, je voulais sortir me dégourdir un peu les jambes. Tu m’accompagnes ? », dit-alors le Keigo.

Peut-être que des révélations sombres pourraient être plus facilement supportable en compagnie de cet ami qui n’avait pas vu depuis si longtemps. Après tout, Caligula avait lui aussi certainement des questions qui lui traversaient l’esprit à poser au bilcan. Cela faisait combien de temps après tout ? Deux ans ? Il s’était vu pour libérer quelques membres de leur espèce du joug d’esclavagistes. Quoi de mieux qu’une promenade entre amis et des mots pour renouer des vieux liens d’antan après tout ?

Sakuga se surmenait encore, il avait combattu beaucoup d’adversaires différents à Mars. Il s’était surpassé pour gagner ses combats et pour survivre. Néanmoins il laissait le Spown l’aider à se déplacer. Ses blessures lui faisaient encore mal, très mal. Il avait peut-être surestimé les capacités d’endurances de son corps. Cela faisait un bon moment que le Keigo n’avait pas vécu de tels affrontements aussi éprouvants. Quoiqu’il en était l’homme commençait donc à conter son histoire à Caligula.

« J’ai combattu un type plutôt fortiche, enfin il devait être de mon niveau. Il m’a pas mal amoché à vrai dire. J’ai du improvisé et travailler en équipe un peu comme autrefois. Ce combat était tellement intense que je me suis rendu compte de quelque chose. Comme si quelqu’un m’appelait, comme si quelqu’un m’ordonnait intimement de revenir à la maison. »

Il l’avait entendu, cette voix qu’il avait tant rêvé d’entendre mais qu’il n’y arrivait plus. Cette voix qui l’a tant rassuré et aidé quand il était plus jeune, cette voix qu’il avait protégé. Sakuga avait entendu sa mère. Il avait entendu cette femme qu’il voulait revoir le plus au monde au moins une fois. Juste pour lui dire à quel point il l’aimait. Juste pour lui dire à quel point, il regrettait de ne jamais avoir cherché avant aujourd’hui de revenir. Juste pour lui dire à quel point il s’est senti si seul pendant toute ses années.

« Tu sais j’suis né ici mais je n’ai pas vécu ici longtemps. Il y a tellement de choses que je regrette. J’aimerais aller quelque part qui est un peu spécial pour moi, enfin j’espère que cet endroit existe toujours. »

Il repensait à ses nuits de cauchemars, ses nuits de pleurs quand il était encore qu’un gamin avant d’accepter son destin. Il pensait encore à tout l’amour qu’elle lui avait procuré, tout l’amour qu’elle lui avait offert. Il avait fait le choix de sauver toute les personnes qu’ils appréciaient autrefois pour les épargner de ce monstre. Si seulement à l’époque il avait été plus fort, si seulement il avait pu les protéger. Si seulement il n’avait pas été si faible à l’époque. Rien qu’à y penser le Keigo recommençait à broyer du noir.

«  Elle s’appelle Tenohira. Ma mère s’appelle Tenohira Keigo et c’est elle que je veux voir Caligula. »

« Merci mon ami... »

Se reposant beaucoup sur son vieil ami Caligula, le duo avancerait dans cette nuit sans étoiles. Le ciel de Bilca avait toujours eu beaucoup d’étoiles et c’était vraiment un paradis de vivre sur une île où on pouvait admirer le ciel d’une aussi belle façon qu’à Bilca. La brise céleste, le son des vagues de nuages qui s’entrechoquaient, tout cela avait manqué au blondican. Il n’était pas venu ici depuis si longtemps, il n’avait pas apprécié ce spectacle depuis des années. Il se rappelait de ces images, de cette époque, de son passé qu’il avait tant de mal à revoir sans verser une larme.

« Je crois qu’il est temps, Caligula de te conter cette partie de ma vie que j’ai jamais osé dire à personne… »

Il avait confiance en ce vieil ami, après tout il pouvait tout raconter, tout expliquer. Tout en dirigeant l’extrémité sud-est du village, le Bilcan commençait alors son récit :

« Je suis à l’endroit où nous dirigeons, dans une maison un peu à l’écart du village. Je suis le fils d’une union sans réel mariage. Ma mère se nommait Tenohira Keigo et c’était elle qui me portait dans son sein. Elle n’avait pas de réel métier à part que sa spécialité, c’était la grillade. »

Le Keigo avait encore en souvenir le doux goût des grillades de sa mère, de la saveur de cette viande cuite avec du bon feu de bois. Ces morceaux de viandes d’animaux célestes étaient d’un délice sans nom. La mère Keigo savait avec quels épices et quels assaisonnements comment relever le goût de son plat.

« C’était vraiment une excellente cuisinière et une mère aimante. Elle avait toujours le sourire aux lèvres, toujours la joie de vivre. Mon « père » était un chasseur de Bilca, son nom était Octavius Rémus. C’était une véritable force de la nature, il était tellement effrayant. Il n’était pas véritablement tendre avec ma mère ou avec moi. A y penser maintenant c’était un véritable monstre déjà à l’époque. Une créature assoiffée de violence et sans aucune once d’honneur. »

C’est avec un certain dégoût que le Keigo parlait de son père de la sorte. Quand on connaissait la suite de l’histoire, on savait que quelque part, l’ange avait bien raison. Son père était un monstre, un démon, capable de prendre ce qu’il avait envie et c’était souvent des vies. C’est en soupirant et avec lassitude que le Keigo continuait son histoire.

« J’étais un véritable garnement à l’époque et tout le monde dans le village parlait de moi comme un insolent petit garçon. Un petit gars qui ne faisait que des bêtises pour satisfaire son envie de bouger dans tous les sens et de s’amuser. J’avais une bonne petite bande de petits amis avec qui on faisait les quatre-cent coups mais souvent j’étais le seul à être puni en général. »

Omnis, Eva et Ishtar. Ces vieux amis… Bien que le Keigo avait revu la de Lérhane il y a quelques mois de cela, il ne lui avait pas réellement parlé. Il faisait encore une crise de jeunesse où il devenait plus qu’un garnement à ce moment-là. Il s’était promis de l’affronter un jour pour corriger cet affront dont la De Lérhane avait fait preuve envers lui. Une bien dommage finalité quant on y repensait. Le Keigo n’avait pas oublié non plus Omnis son fidèle ami, il était l’aîné d’Eva Icarus mais il était surtout le petit fils modèle de Bilca. Celui dont tout le monde rêvait de l’avoir comme enfant ou comme gendre si il avait continué dans le périple dans lequel il s’était lancé dans sa tendre enfance. Il pensait aussi à cette jeune fille auquel il avait tant eu de disputes, l’auto-proclamée Princesse de Bilca, Eva Icarus. Elle était espiègle et elle aussi une niche à problème avec sa manie de toujours vouloir diriger les autres, elle était véritablement adorable avec sa beauté mais surtout une vraie peste. Elle avait choisi Sakuga à l’époque comme larbin et garnement qu’il était ne souhaitait pas se soumettre à cette jeune fille. De nombreuses punitions que Sakuga avait reçu étaient parce que ces deux-là dirigeaient souvent la petite bande d’amis.

Le Sakuga ferait alors une pause dans sa marche pour pour pointer du doigt en direction l’ombre d’une bâtisse qu’il connaissait si bien que cela.

« Il me semble qu’on est arrivés... »

Des larmes chaudes coulaient sur les joues du bilcan. Il avait un paquet de souvenirs qui remontaient de la vieille époque où il était ici sur Bilca. Une époque où le Keigo n’était qu’un jeune pousse, une époque où tout était si simple mais difficile à la fois. Il la revoyait sa mère aimante qui préparait à manger pendant que le jeune garçon regardait son petit frère encore jeune dans le berceau. Malgré tout ces changements que la maison semblait avoir subi, le pirate reconnaissait l’endroit. Cette clôture de petits galets célestes pour délimiter la terre ainsi que les petites orchidées angéliques au début du sentier pour atteindre la porte d’entrée de la maison. Tout ses souvenirs qui semblaient si lointain pour le pirate étaient si clair devant la réalité. Il était enfin rentré à la maison, il était rentré au pays qu’il n’avait pas vu depuis tant d’années. Une question subsistait dans la tête du pirate, pourquoi la maison avait subi autant de changements et autant d’évolution. Elle semblait si neuve et si belle, se pourrait-il que ?

« Ouais de si bon souvenirs et de si bonnes choses. Je n’ai pas passé beaucoup de temps ici mais ce sont les meilleurs souvenirs qui remontent aujourd’hui. »

Le pirate décida alors d’entamer le pas. Il venait de trouver l’énergie nécessaire pour avancer vers la maison qui était la sienne lorsqu’il n’était qu’un enfant. Sa mère l’attendait-il ? Qu’est-ce qu’il pourrait bien trouver dans ce bâtiment ? Qu’était-il advenu de son frère et surtout trouverait-il des réponses sur ce qui s’était passé après son sacrifice. Animé par une terrible envie de connaître la vérité, il avançait toujours plus en direction de son ancienne maison. Il avait un instant d’hésitation avant de frapper à la porte. Et si il avait été oublié, si ce n’était pas des personnes que le Keigo ne serait pas le bienvenue. Le pirate frappa alors à la porte retenant alors ses larmes de couler davantage que cela.

« J’arriveeeeee !!! », pouvait-alors entendre le duo au loin. Une voix féminine pouvait s’entendre au loin dans la maison et elle s’approchait de plus en plus de la porte d’entrée où se trouvait le bretteur. Une fois que la porte s’ouvrit, les yeux du Keigo s’écarquillaient. C’était une parfaite inconnue qui venait d’ouvrir la porte avec un ventre bien rebondie. Elle était donc enceinte, qui était cette femme qui ne reconnaissait pas le Keigo.

« - Bonsoir, qui êtes-vous et que me vaut votre visite ici là. Ah mais attendez qu’est-ce que sont tout ses bandages, vous êtes blessés et vous voulez avoir le diagnostic de mon mari ? Rentrez de suite vous ne devez pas rester dans cet état-là dehors à une telle heure. Vous aussi le marine rentrer à la maison,  je vais vous préparer le thé le temps que mon mari revienne du village. 

- Je suis désolé, je crains m’être trompé de maison. Je m’en vais donc.

- Comment ça tromper de maison ? Non vous êtes bien ici à la petite clinique du docteur Keigo !!! »

Ainsi la brune fit alors entrer les deux hommes. Le pirate ne disait plus un mot lorsqu’elle l’installa sur une civière surélevé dans la pièce principale. C’était un grand salon où il y avait un paquet d’instruments médicaux et de livres. Le duo pouvait aussi apercevoir quelques jouets qui traînaient par-ci par là de la pièce dont une branche d’arbre taillé que Sakuga reconnaîtrait entre milles.

« - Je m’excuse du désordre. Mon mari et mes filles ne sont pas très ordonnées.

- Ce n’est pas grave hein... »

La jeune femme posa alors sur la table basse du thé ainsi que des petits biscuits en forme de coquillages. Elle revêtit alors un tablier blanc comme neige et une paire de lunettes. Fouillant un peu dans un tiroir situé près de la civière où était couché le bretteur, elle sortait alors un calepin avec de l’encre ainsi qu’une plume. Regardant alors le bretteur de plus près, elle se mit alors à noter à une vitesse éclair sur son carnet.

« - Je vous pris de m’excuser messieurs, mon mari me charge en général de tout noter quand un patient vient. C’est pour son suivi et son diplôme. Mon mari n’est médecin de profession que depuis quelques mois. Puis-je avoir votre nom et prénom ainsi que votre âge s’il vous plaît Monsieur. », disait-elle en regardant un peu les bandages du bretteur un peu partout sur son corps.

Le blondican réfléchissait beaucoup aux mots qu’il allait prononcer. Devait-il dire la vérité ? Ou alors le Keigo avait peur de découvrir la vérité sur sa famille qui était resté à Bilca ? La décision qu’il allait prendre n’était pas évidente du tout. Se tournant alors vers la jeune femme pour la regarder entre les yeux tandis que celle-ci lui souriait. Les lèvres du bretteur bougeaient alors mécaniquement :

« Mon nom est Sakuga. Sakuga Keigo et j’ai 28 ans. » Le bretteur avait avoué son véritable nom à la femme qui se trouvait là qui le regardait alors bouche bée. Le Spown pourrait alors être témoin d’une scène plutôt émouvante. La jeune femme quant à elle se dépêcha alors de fouiller dans un tiroir sortant un paquet d’avis de recherche différents. Elle les feuilletait à une vitesse éclair tout en regardant le visage du blondican. Ainsi elle s’arrêta alors sur un avis de recherche que le bretteur reconnaîtrait entre milles, le sien.

C’est ainsi que la porte de la maison s’ouvrait alors, laissant entrer un grand brun avec une grande veste de médecin. L’homme était accompagné de deux petites filles plutôt mignonnes en très bas âge, l’une était le portrait caché de la femme et l’autre le portrait craché de la mère du Keigo ?!

«  - Mon amour, regarde c’est c’est ton grand frère !!! », criait-alors la jeune femme en montrant à son mari l’avis de recherche du pirate… Ainsi le shandia pourrait admirer une scène hors du commun. Une famille réunie.